Le Président Amadou Toumani Touré prononcera, demain mardi 7 septembre, dans la matinée, un discours devant le Parlement européen réuni en plénière à Strasbourg (France). Ce rare privilège n’a été jusque-là accordé qu’à deux chefs d’Etat africains, Hosni Moubarak d’Egypte et Abdelaziz Bouteflika d’Algérie. Le président Abdoulaye Wade a eu l’honneur de s’adresser aux députés européens mais dans un cadre plus restreint et donc moins solennel.
La coopération entre l’Union Européenne et le Mali devrait constituer l’un des thèmes majeurs de ce discours. Notre pays est, en effet, le deuxième plus gros bénéficiaire du Fonds européen de développement (FED) après l’Ethiopie, le premier si l’on ne tient pas compte du volume d’aide octroyé à ce pays à titre humanitaire.
L’accord signé dans le cadre du 10ème FED, le 9 décembre 2007 à Lisbonne (Portugal) porte sur 336,876 milliards de FCFA dans la période allant de 2008 à 2013. Mis à part un important appui budgétaire macro-économique, les secteurs prioritaires ciblés sont la décentralisation et les infrastructures. Un accent particulier est mis sur le développement économique des régions septentrionales du Mali (Gao, Tombouctou, Kidal) et des régions à fort potentiel agricole (Delta du Niger). L’amélioration de la gouvernance y tient une place non négligeable.
La question migratoire, qui agite l’Europe au plus haut point, constituera sans doute un autre de ces thèmes majeurs. Le Mali étant réputé gros exportateur de migrants dont les transferts dépasseraient l’aide publique au développement (APD) la position officielle de son gouvernement sera écoutée avec le plus grand intérêt, en particulier par les représentants de la France, de l’Espagne et de l’Italie, qui reçoivent le plus fort contingent. À cet égard, il faut rappeler qu’un Centre de gestion et d’information des migrations (CIGEM) a été implanté par l’UE à Bamako avec pour objectif " la définition et la mise en œuvre d’une politique migratoire malienne adaptée aux politiques nationales, régionales et internationales en constante évolution, mettant un accent particulier sur le lien entre migrations et développement ".
La situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne, qui s’est fortement dégradée, ces derniers mois, avec la multiplication des prises d’otages par AQMI, sera sûrement abordée par ATT qui devra expliciter sa stratégie en la matière. Et surtout convaincre un auditoire vigilant que le Mali n’est ni le ventre mou du terrorisme ni " la fausse note " de la lutte anti-terroriste dans cette zone, ainsi que ses détracteurs veulent le faire croire.
La démocratie malienne, considérée comme un modèle en Afrique, voire dans les pays en développement, les avancées remarquables réalisées par le Mali dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’accès à l’eau potable, auront certainement toute leur place dans le discours présidentiel.
La délégation malienne, qui quitte Bamako ce lundi à 10 heures, devrait être de retour mercredi prochain à la mi-journée.
Saouti Labass HAIDARA