CONAKRY – Nous l’avions déjà annoncé ! Le capitaine Moussa Dadis Camara est en train de comparaître à la barre du tribunal criminel de Dixinn pour répondre des infractions commises le 28 septembre 2009 au grand stade de Conakry. Pendant sa déposition ce lundi 12 décembre 2022, l’ancien chef de la junte a d’abord ouvert une parenthèse sur la prise du pouvoir par le CNDD et sa désignation comme Président. Dans ses propos, il a demandé la version donnée à la barre dans cette prise du Pouvoir. Il comparaît assis, portant des lunettes claires, habillé en boubou traditionnel. Explications.
« Lorsque Toumba a dit que le capitaine Dadis est généreux, il n’a pas menti, mais cette générosité provient de mon père géniteur. Personne ne m’a donné le Pouvoir, c’est Dieu et toute l’armée guinéenne. Quand Dieu veut te donner le Pouvoir, il passe par l’entremise des hommes. C’est ce qui s’est passé. Entre Dieu et moi, au nom de tout ce qui m’est cher, je n’ai pas peur de Claude Pivi, ni peur de personne.
Cette prise du Pouvoir, si je mens, que Dieu me détruise. Je n’ai vu Toumba lors des évènements…je ne l’ai vu qu’une seule fois. Ce jour, j’étais d’ailleurs arrêté avec deux de mes collègues capitaines promotionnaires. Le Général Toto était là, le colonel Thiegboro assis. J’étais serein. Il a frustré le Général Toto (paix à son âme), mais il n’a pas été humilié devant moi. Le Général Toto avait des documents…, il faisait des prises de note, il faisait la liste des membres. Je n’ai vu que le lieutenant Toumba que de passage.
Le Général Toto avait déjà dit aux deux autres capitaines de sortir, j’étais arrêté. Quand Toumba rentrait, il lui a dit : « toi aussi, il faut sortir ». Toumba lui a répondu : la troupe est là, je suis là pour la représenter. Il disait que Claude Pivi l’avait envoyé là-bas. Voilà tout ce qui s’est passé.
Mais lorsqu’il dit qu’il est venu saisir des documents, il a fait ceci et cela…c’est des contrevérités. Si ce n’est pas ce qui s’est passé, que Dieu ne me donne pas tout ce que je cherche. C’est la seule occasion où j’ai vu Toumba ce jour. Après ça, je ne l’ai plus revue de mes yeux.
Je jure sur la bible, je n’ai peur que de Dieu puisque mon destin ne dépend que de lui. Donc, si je jure sur la bible, c’est profond. Après les turbulences, le Général Sékouba, colonel Issa, Claude Pivi et moi, on rentre. Sékouba me surprend, on rentre dans son bureau, il avait déjà préparé Issa qui prend la parole pour dire que je vais être ministre de l’économie et des finances. C’est là où Claude Pivi s’est levé pour dire : Quoi ? Tu as oublié tout ce que Dadis a fait à chaque fois qu’il y avait des mutineries ? Issa n’a rien dit, le général Sékouba n’a rien dit. C’est là où on s’est levé, nous sommes sortis. Pendant ce petit entretien, il y avait autre chose dans la grande salle. Il était question de faire venir les officiers.
C’est dans cet état que nous sommes restés, quand j’ai vu le Général Sékouba venir, j’ai vu que ça n’allait pas. Sékouba a dit que si ça ne va pas entre toi et Toto, je vais prendre le Pouvoir. C’est en ce moment que je suis descendu.
C’est de là, sous la présidence du Général Mathurin Bangoura, les officiers ont fait le vote. Je n’étais même pas dans la salle. C’est cet homme (Mathurin) qui m’a dit : mon capitaine, après délibération, vous êtes élus président du CNDD. C’est comme ça que l’histoire du CNDD est partie. Je ne rentre pas dans les détails parce que ce n’est pas l’objet de ma présence ici à la barre ».
A suivre….
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