Le match semble être plié dès le premier tour en faveur du Président sortant Macky Sall. Comme à l’accoutumée, le Sénégal vient de donner une leçon de démocratie aux autres pays de la sous-région par la bonne organisation, la maturité des acteurs politiques et surtout la qualité du débat. Pour l’élection de cette année, en plus de la traditionnelle bonne organisation, un fait rarissime semble marquer les esprits ; c’est la fulgurante percée d’Ousmane Sonko, ce jeune fiscaliste et inspecteur des impôts de 45 ans, député et président d’un petit parti politique et un anti système. Il fait désormais partie de ces jeunes en Afrique sur lesquels il faut compter. Il y a-t-il un Sonko au Mali ?
L’élection sénégalaise a connu son épilogue avec la réélection de Macky Sall pour un second mandat de cinq ans à la tête du pays de la Téranga. Pendant deux longues semaines, les regards du monde francophone étaient tournés vers le Sénégal, qui, quoi qu’on dise, a une longue tradition électorale, dont les premières dates du 19ème siècle. Hormis la mise à l’écart du Maire de Dakar Khalifa Sall et de l’ancien ministre et fils de l’ancien Président, Karim Wade, les fruits semblent tenir leurs promesses de fleurs en termes de taux de participation des électeurs et d’organisation. Mais ce qui a le plus marqué les esprits des observateurs de la scène politique sénégalaise, c’est la fulgurante percée du jeune Ousmane Sonko, le Panafricaniste, l’anti système et l’anti impérialiste invétéré. Il a affirmé retirer le Sénégal du Franc CFA, une fois au pouvoir. De par ses slogans de campagne et ses discours qui rompent avec le système, il nous rappelle l’activiste franco Béninois Kemi Séba ou le jeune loup aux dents longues, le camerounais Cabral Libi. Tous ces trois ont le même discours et semblent être convaincus que le devenir de l’Afrique passe par sa jeunesse ; mais une jeunesse ambitieuse, convaincue et prête à se battre contre tous les systèmes qui annihilent le développement socioéconomique du vieux continent.
Y-a-t-il un Sonko au Mali ? La réponse est non car aucun jeune leader ne s’est montré à la hauteur des nouveaux enjeux. De Moussa Mara, à Amadou Koita en passant par Tiéman Hubert Coulibaly et Ousseyni Amion Guindo, pour ne citer que ces acteurs politiques. Aucun n’a le courage de Sonko et rares sont ceux qui ont ses parcours universitaire et politique. Voici en encadré les grandes lignes de sa vie et de son parcours politico-universitaire.
Ousmane Sonko naît le 15 juillet 1974 à Thiès, de parents fonctionnaires. Il grandit principalement en Casamance puis effectue ses études supérieures à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, où il obtient une maîtrise en droit public en 1999[]. Il entre ensuite comme major à l’l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal. En 2001, il sort diplômé de l’ENA, section « Impôts et Domaines » et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine. En 2003, il obtient un DEA en finances publiques et fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il est aussi titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances Publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF) et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III.
Ousmane Sonko a débuté sa carrière comme Inspecteur principal des Impôts et des Domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il était auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la DGID.
Trois ans après son entrée dans l’administration, il crée le Syndicat Autonome des Agents des Impôts et Domaines (SAID) dont il est le premier secrétaire général d’avril 2005 à juin 2012, avant de devenir Secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2016[]. A cette période, il commence à critiquer le gouvernement et accuse l’Etat d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause le président Macky Sall. Suite à cela, il est radié par le décret N°2016-1239 de l’Inspection générale des impôts et domaines en août 2016 pour manquement au devoir de réserve[]. Cet épisode largement relayé par la presse sénégalaise a permis de révéler Ousmane Sonko au grand public. En novembre 2017, il crée son cabinet Atlas
Président du parti politique Pastef créé en janvier 2014, il est élu député à l’Assemblée nationale du Sénégal aux élections législatives de 2017. En janvier 2018, il sort le livre Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation où il accuse le Président et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du pays[].
Candidature à l’élection présidentielle de 2019
Le 16 septembre 2018, il publie un livre programmatique, Solutions, dans lequel il livre un diagnostic des problèmes sociaux et économiques du Sénégal, déclinant ses propositions. Sa candidature à l’élection présidentielle est validée en janvier 2019. La montée du leader du Pastef s’est internationalisée avec sa tournée dans la diaspora. Les Sénégalais répondent présents en investissant pleinement les salles. Dans son discours, il étaye les maux qui gangrènent le Sénégal et le système politique qui paupérise la population
Youssouf Sissoko