Les violences consécutives au deuxième scrutin du 26 octobre, très contesté, auraient fait plusieurs morts.
Au milieu des cendres et des débris encore fumants, on dégage un vélo, des tabourets, un petit four à bois. Quelques objets, rares rescapés de l’incendie du marché de Congo, dans le bidonville de Kawangware à Nairobi, détruit par les flammes lors de graves affrontements entre partisans du pouvoir et de l’opposition, vendredi et samedi.
L’incident ravive les sombres souvenirs des violences post-électorales de 2007-2008, qui firent près de 1 200 victimes et 600 000 déplacés. Il survient dans un pays sous tension, alors que devraient être annoncés, lundi 30 octobre après-midi, les résultats du nouveau scrutin présidentiel, organisé dans la plus grande confusion le 26 octobre.
Difficile de déterminer les causes exactes des combats de rue, où se sont affrontés jusque tard dans la nuit de vendredi des groupes de plusieurs dizaines d’hommes, armés de pierres, de machettes et de couteaux de cuisine. D’un côté, des membres de l’ethnie kikuyu, favorable au président sortant, Uhuru Kenyatta. De l’autre des Luo, Luhya et Kisii, majoritaires dans le bidonville et partisans du chef de l’opposition, Raila Odinga.
Le tout s’est déroulé sous les yeux d’une police visiblement impuissante ou passive. Outre la destruction du marché de Congo – propriété de commerçants kikuyu –, les affrontements auraient fait plusieurs victimes. La police kényane a reconnu avoir tué un homme. Des témoins, interrogés sur place, auraient vu au moins deux personnes lynchées par la foule. La presse kényane évoque quant à elle jusqu’à quinze cadavres.
« Plus la même langue »Sous le choc, Kawangware compte ses morts. « Aujourd’hui, Kikuyu et Luo, nous ne parlons plus la même langue », soupire un habitant du bidonville, venu jeter un coup d’œil aux ruines du Congo et préférant garder l’anonymat. « Tout le monde a peur. Beaucoup d’habitants fuient le quartier, frissonne de son côté Steven, jeune Luo de Kawangware. J’ai peur que les Kikuyu reviennent...lire la suite sur lemonde.fr