ABIDJAN (AFP) – mercredi 10 novembre 2010 – 17h31 – Le président ivoirien et candidat Laurent Gbagbo a été avantagé par les médias audiovisuels publics durant la campagne du premier tour de la présidentielle, a déploré mercredi Reporters sans frontières (RSF), pointant aussi des "dérapages" de la presse écrite privée.
La télévision et la radio publiques ont employé un "ton neutre" à l’égard des candidats du 31 octobre mais ont favorisé M. Gbagbo avec une "couverture très importante" de ses activités de président dans les journaux d’information, estime l’organisation de défense de la presse dans un "bilan" publié mercredi.
Avec des temps d’antenne accordés au chef de l’Etat "deux à trois fois supérieurs" à ses concurrents, "l’esprit d’équité" qui présidait aux programmes dédiés à la campagne a été "dénaturé", a jugé le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, lors d’une conférence de presse à Abidjan.
L’organisation a aussi pointé des "dérapages" auxquels ont parfois donné lieu les couvertures "extrêmement partisanes" des quotidiens privés Notre Voie (appartenant au parti de M. Gbagbo), Le Patriote (très proche de l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara) et Le Nouveau réveil (favorable à l’ex-président Henri Konan Bédié).
Dans la presse privée la situation est cependant "bien meilleure qu’au début des années 2000" et de la crise politico-militaire ivoirienne, a reconnu M. Julliard, rappelant que les "propos haineux" étaient alors fréquents.
Enfin, il a réclamé de nouveau la vérité sur l’affaire Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien disparu à Abidjan en 2004, affirmant que les journalistes en Côte d’Ivoire "ne pourront pas travailler dans une totale sérénité tant que la lumière ne sera pas complètement faite" dans ce dossier.
La mission d’observation des médias menée par RSF sur financement de l’Union européenne doit se poursuivre jusqu’au second tour du scrutin le 28 novembre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
AFP