Ca y est. C”est fait. L”homme pressé est arrivé à ses fins. Nicolas Sarkozy est élu président de la République française. Tous les observateurs en conviennent. Sa victoire est nette et sans bavure. Son score rappelle celui du général Charles De Gaulle. Quelle référence ! Il est au firmament. Le couronnement d”une carrière menée au pas de charge. Son avènement au pouvoir est l”aboutissement d”une ambition affichée de longue date. N”a-t-il pas confessé un jour que son destin est d”aller du plus bas au plus haut ? Il a réussi. A la force du poignet.rn
Sa boulimie du pouvoir n”a pas manqué de heurter son mentor Jacques Chirac avec qui il a été pendant longtemps à couteaux tirés. Les deux hommes semblent avoir signé la paix des braves, mais l”entente aurait été dictée par des intérêts mutuels. A en croire le Canard enchaîné, Nicolas Sarkozy aurait obtenu le soutien du président Chirac en échange de l”abandon des poursuites judiciaire contre ce dernier dans l”affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Dans son ascension, Sarkozy était prêt à tout casser.
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Rien ni personne ne devait l”empêcher d”arriver à son objectif. En 1995, quand il s”est agi de choisir entre Chirac et Balladur, Sarkozy n”a pas hésité à suivre le deuxième. Au détriment de celui qui l”a repéré tout jeune et lui a ouvert les portes de la consécration. Sarkozy, tout comme de nombreuses personnes, avait déjà vu Édouard Balladur à l”Élysée. Il a pensé que c”était un raccourci pour lui l”un des jeunes loups au service de l”ancien Premier ministre. L”effondrement de Balladur fut naturellement la sienne. Après une traversée du désert, il finit par se faire appeler par Chirac au gouvernement. Son ancien mentor qui gardait une rancune tenace à son encontre, lui fit appel, conscient de son talent.
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L”annonce de sa nomination au ministère de l”Économie et des Finances a été vivement saluée par le président du Medef à l”époque, Ernest Antoine Sellière. "C”est comme Zidane à l”économie", a commenté le patron des patrons de France. Cette perche, Sarkozy l”a bien saisie. Il a rebondi tant et si bien que les tentatives de Chirac et consorts de stopper son ascension furent vaines. Quand décida de créer un nouveau parti en lieu et place de son RPR, à bout souffle, il se fit doubler par Sarkozy qui réussit à prendre la direction de l”UMP. Pour le contrer, Chirac a joué la carte Dominique de Villepin, son directeur de cabinet à l”Élysée.
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Le président de la République a jeté son dévolu sur Villepin après avoir vu s”effondrer l”espoir de l”ascension de son préféré Alain Juppé. La condamnation, assortie d”une inéligibilité, du "meilleur d”entre nous" (l”expression est de Chirac), enlevait au chef de l”État son poulain favori pour faire face à l”ambition débordante de Nicolas Sarkozy. Au grand désespoir de Chirac qui ne voulait manifestement pas ouvrir les portes de l”Élysée à Sarkozy, Villepin se révélera un tocard. Il a été vite plombé par sa première mesure de réforme. Le tollé provoqué par l”annonce du Contrat de première embauche (CPE) a enterré ses ambitions.
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Pendant ce temps, l”ambitieux Sarkozy s”affirmait bien au ministère de l”Intérieur. L”homme ne craint pas l”affrontement encore moins les mots. Il sait marquer les esprits aussi bien par des actions d”éclat que par des déclarations tonitruantes. Son "nettoyer la racaille au Karcher" a durablement marqué les esprits. De son mentor il a beaucoup appris. A la manière de Chirac qui a touché les cordes sensibles des Français en 1995 avec sa "fracture sociale", Sarkozy a trouvé les mots justes pour dire ce que ces compatriotes voulaient entendre. Son arrivée au pouvoir s”accompagne d”un immense espoir de changement. Mais les ressentiments de ceux qui voient en lui un danger sont tout aussi vivaces. La manifestation de leur mécontentement s”est soldé par près d”un millier de voitures incendiées à travers la France.
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Le rejet de Sarkozy en Afrique n”est pas moins forte. N”a-t-il clamé haut et fort qu”il durcirait les conditions d”entrée sur le territoire français ? N”est-il pas l”auteur de la politique de l”immigration choisie dont il est venu faire la promotion chez nous ? A l”évidence Sarkozy a de quoi faire peur. Reste à savoir si le petit Nicolas qui a grandi tiendra toutes ses promesses de campagne ? On peut parier que non. La politique est ainsi faite.
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Damouré Cissé
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