La Cour, qui a ordonné samedi à la Commission électorale nationale (NEC) de suspendre les préparatifs du scrutin, a levé l’injonction, a annoncé le juge, sans qu’il soit possible de déterminer dans l’immédiat s’il se tiendra mardi ou devra être reporté en raison de ce retard.
Dans ses discussions avec la justice, la NEC a proposé un report au 31 mars, selon des documents consultés par l’AFP. La réponse pourrait intervenir dans la journée, selon un avocat de la Commission électorale.
Le candidat du principal parti d’opposition, le SLPP, l’ancien général Julius Maada Bio, a accusé dimanche le président sortant Ernest Bai Koroma, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, de “pousser la Sierra Leone au bord du chaos” par des manoeuvres dilatoires.
Battu par M. Koroma en 2012, M. Bio espère tenir sa revanche, après avoir devancé de peu au premier tour le 7 mars Samura Kamara, économiste de formation, ancien ministre des Affaires étrangères et homme lige du président sortant, avec 43,3% des suffrages contre 42,7 %.
M. Kamara s’est pour sa part “réjoui que la justice s’assure que la NEC mette au clair les décalages et irrégularités de l’élection du 7 mars avant le second tour”.
Quelque 250 personnes et une quarantaine d’avocats se pressaient lundi en début d’après-midi dans la salle d’audience pleine à craquer.
A l’extérieur, les caméras de télévision étaient maintenues à distance par une trentaine de policiers, dont certains casqués et armés de fusils automatiques, déployés autour du bâtiment de style colonial à la façade blanche décrépie, dans la capitale de ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest.
Un jeune partisan du SLPP invectivait les passants, réclamant à grand cri en direction de la cour que l’élection se tienne “maintenant”.
Dans son recours, un juriste appartenant à l’APC, le parti au pouvoir, Ibrahim Sorie Koroma, a dénoncé des fraudes électorales, exigeant qu’elles fassent l’objet d’une enquête avant la tenue du second tour.
Les missions d’observateurs étrangers et de la société civile, notamment celle de l’Union européenne, avaient salué le bon déroulement du scrutin, qui combinait élections présidentielle, législatives et locales, marqué par une participation atteignant le niveau exceptionnel de plus de 84%.
La campagne pour le second tour, qui s’est achevée dimanche, était repartie sur les bases de la fin de celle du premier, avec un recours de plus en plus manifeste à la carte régionale et ethnique, selon les analystes.
En l’absence de sondages crédibles, tout pronostic sur le vainqueur s’annonce hasardeux. L’issue est d’autant plus incertaine que si l’opposition a viré en tête à la présidentielle, l’APC frôle la majorité absolue à l’Assemblée nationale, selon les résultats des législatives, 7 des 132 sièges restant encore à attribuer à l’issue de nouveaux comptages et d’une annulation.
Le bilan de l’administration Koroma est contrasté.
Si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l’économie reste fragile après les chocs de l’épidémie d’Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières. Et la corruption a continué à prospérer.
(©AFP / 26 mars 2018 14h48)