C’est un calme précaire qui règne en Guinée au lendemain de la proclamation par la Céni des résultats provisoires de la présidentielle. Le président sortant, Alpha Condé a été donné réélu avec plus de 59 % des suffrages. Cellou Dalein Diallo, le leader et candidat de l’UFDG, crédité par la Céni de 33,5 % des suffrages a dénoncé « un hold-up électoral ». Il entend les contester par voir judiciaire mais aussi dans la rue.
Après les nouvelles tensions et violences qui ont eu lieu samedi dans le pays, en haute banlieue de Conakry « la nuit a été longue et agitée par des tirs sporadiques et la hantise d’une balle perdue…. », témoigne un habitant de Nongo.
Non loin, dans le quartier de Cosa règne un calme précaire. Des tirs, là encore, mais pas d’affrontements signalés. Les forces de défense et de sécurité sont présentes en nombre. Beaucoup de commerces et de marchés sont fermés, comme du côté de Lambanyi où des boutiques ont été attaquées et des affrontements ont éclaté entre communautés qui auraient fait plusieurs blessés par arme blanche. Même scénario à Dar es Salam où des habitants accusent les forces de l’ordre de prendre parti.
Le calme est précaire également dans la région de la Haute Guinée, théâtre de violences ces derniers jours. À Nzérékoré, dans le sud du pays, quelques rassemblements sporadiques ont été rapidement dispersés par les forces de défense et de sécurité.
Il est difficile d’obtenir un bilan fiable de ces violences post électorales. Les deux camps s’accusent mutuellement d’en être à l’origine. Une chose est sûre, il y a, parmi les victimes, des enfants. L’Unicef en Guinée se dit « profondément alarmée » par les violences et exhorte toutes les parties à « assurer la sécurité et la protection des enfants ».
Antonio Guterres, secretaire général de l’ONU a lancé samedi un appel à une solution pacifique par le dialogue de ce nouveau contentieux électoral en Guinée. Des émissaires de l’ONU, de l’Union africaine et de la Cédeao sont par ailleurs annoncés à Conakry pour une mission conjointe de diplomatie préventive.
Réseaux sociaux et internet fortement perturbés
Internet et les réseaux sociaux sont fortement perturbés depuis quelques jours en Guinée. L’Autorité de régulation des postes et télécommunication (ARPT) admet et justifie le blocage de certains réseaux sociaux. Et c’est sur le réseau social Twitter justement que le directeur général adjoint de l’ARTP a donné des éléments d’explication.
« Un dispositif de surveillance des réseaux sociaux a été mis en place en bridant leur bande passante afin d’intensifier notre lutte contre la haine en ligne et l’incitation à l’affrontement ethnique pendant cette période de tension. Nous devons prendre nos responsabilités pour vivre ensemble. Ce n’est pas une coupure totale d’internet, même s’il est vrai qu’un des acteurs rencontre des difficultés techniques de mise en place du dispositif », a écrit Mami Diaby le responsable de l’ARPT.
De son côté, Alpha Diallo, président de l’association des blogueurs de Guinée, (Ablogui) se dit « très surpris » par cette justification qu’il juge « inacceptable ». Pour lui, le directeur général adjoint de l’ARPT reconnait « la mise en place d’un dispositif de censure ». Il demande sur quelles dispositions légales se base cette restriction. Pour le président d’Ablogui, l’opérateur Orange Guinée n’est pas responsable des perturbations.
Après des tests, il était toujours toujours impossible de se connecter à internet sur mobile via ce réseau Orange Guinée dimanche en début d’après-midi. Les perturbations ont commencé dès jeudi soir et hier samedi, lors de l’annonce des résultats provisoires globaux par la Commission électorale. C’est à ce moment-là, que le réseau semble s’être également dégradé sur les autres opérateurs comme MTN, de nouveau accessible depuis. En revanche, les appels internationaux vers la Guinée via Orange fonctionnent de nouveau.