Rien ne va plus entre le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, et ses partenaires du Front national pour la défense de la Constitution. Il s’est désolidarisé du mot d’ordre de leur collectif de boycotter la présidentielle du 18 octobre.
“Non au coup d’Etat constitutionnel”, c’était leur slogan qui ponctuait toutes leurs manifestations depuis la mi-octobre 2019. Les partis politiques de l’opposition et la société civile avaient même mis en place un Front national pour la défense de la Constitution, avec pour mission d’empêcher le président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
Le collectif vole en éclats
Alors que la présidentielle du 18 octobre approche, la coalition a volé en éclats. Le collectif, qui conteste la candidature du président Alpha Condé, a annoncé le 9 septembre la mise à l’écart d’un de ses principaux chefs qui a fait le choix de participer au scrutin plutôt que de le boycotter. Il s’agit de Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2015.
Participer à ce processus électoral, c’est donner caution à cette Constitution que nous considérons comme illégale. C’est une confusion dont on n’a pas besoin pour garantir l’unité et la sérénité au sein de l’opposition
La contestation pourrait marquer le pas
Comme en 2015, le président Alpha Condé se retrouvera à nouveau face à son principal challenger Cellou Dalein Diallo. Ce dernier affirme vouloir se battre dans les urnes contre le troisième mandat du président sortant, qualifié de coup d’Etat constitutionnel. Ses anciens partenaires du Front national pour la défense de la Constitution ne l’entendent pas de cette oreille. Ils promettent de poursuivre le combat dans la rue, jusqu’à la victoire. Mais leur marge de manœuvre semble se réduire considérablement, après la mise à l’écart du chef de file de l’opposition dont les partisans tenaient le haut du pavé.
“C’est le parti de Cellou Dalein Diallo qui mobilise et qui apporte le plus gros du contingent de la contestation. S’il décide d’aller aux élections, je ne vois pas comment l’opposition pourrait s’organiser pour trouver de nouvelles stratégies. Cela aura forcément un impact sur la force de mobilisation”, explique à RFI le politologue guinéen Kabinet Fofana.
Ils l’accusent de “dérives autoritaires”
C’est une élection jugée à risques qui s’annonce en Guinée, tant la contestation a été vive depuis un an. Elle a été durement réprimée par les forces de l’ordre. Des dizaines de civils ont été tués, des centaines d’autres blessés et emprisonnés. Face aux contestataires, les partisans d’Alpha Condé soutiennent que la nouvelle Constitution qu’il a fait adopter en mars 2020 dans la controverse, et qui limite les mandats à deux, comme la précédente, remet son compteur personnel à zéro et lui permet de se présenter à nouveau.
Ancien opposant historique âgé de 82 ans, Alpha Condé a été le premier président démocratiquement élu en Guinée en 2010, après des décennies de régimes autoritaires. Il avait ensuite été réélu pour un deuxième et dernier mandat en 2015. Avant d’organiser un référendum constitutionnel pour changer la donne. Ses adversaires l’accusent aujourd’hui de dérive autoritaire.
Par Franceinfo