Les derniers jours d’une campagne présidentielle américaine plus serrée que prévu promettent un déchaînement de bluff, de propagande voire de coups fourrés, les camps Obama et Romney clamant chacun par avance victoire.
Les équipes qui soutiennent le sortant démocrate, Barack Obama, comme celle de son rival républicain Mitt Romney se disent l’une comme l’autre en passe de gagner le 6 novembre.
Les deux écuries peaufinent leurs ultimes arguments, cherchant la botte secrète qui ralliera les électeurs et emportera l’assentiment de la majorité dans les villes, comme dans les campagnes éloignées de cet immense pays, surtout dans les Etats considérés comme susceptibles de faire pencher la balance en faveur de leur poulain.
Au quartier général d’Obama, au terme des trois débats télévisés incisifs qui l’ont opposé à Mitt Romney ce mois-ci, malgré des hauts et des bas, on se dit néanmoins sûr de la victoire.
Mais les partisans de Romney croient tout aussi fermement avoir le vent en poupe au vu de la nette remontée de leur candidat dans les sondages, qui le montrent désormais au coude à coude avec l’hôte de la Maison Blanche, après avoir été distancé pendant de longs mois.
“Ces débats ont mis un turbo dans notre campagne”, a lancé Romney mardi dans le Nevada, assurant que celle d’Obama en revanche était “en train de décrocher”.
Les 13 jours qui restent vont réserver aux deux rivaux leur lot d’arbitrages difficiles sur les endroits où mener campagne et les arguments à développer, pour arracher la décision. Ils vont devoir jeter leurs dernières forces dans la bataille, parcourant à un rythme effréné des milliers de km en avion et prenant des foules en délire à témoin de la justesse de leurs causes respectives dans une débauche de propagande et de mots assassins pour l'”autre”.
Les démocrates eux se veulent rassérénés par la bonne prestation du président dans les deux derniers débats, alors qu’il avait paru quelque peu anesthésié lors du premier, permettant à Romney de regagner du terrain dans les sondages et de reprendre confiance.
Le vainqueur doit remporter au moins 270 suffrages des grands électeurs (dans chaque Etat désignant ces grands électeurs, le vainqueur remporte toute la mise, ndlr).
Or l’équipe de Romney se dit confiante dans la victoire, au point qu’un de ses conseillers a dit tabler “sérieusement” sur “305 suffrages de grands électeurs” dans une interview à un bulletin politique quotidien très connu, Politico’s Playbook.
Depuis le début, les conseillers de Romney ont parié que les indécis se décideraient à voter pour lui dans les ultimes semaines, parce qu’ils le jugeraient plus apte à maîtriser la crise économique.
Cet espoir semble se concrétiser, Romney étant en tête ou à égalité avec Obama dans plusieurs sondages, et semble gagner du terrain dans plusieurs des huit Etats jugés décisifs pour remporter au moins les fameuses 270 voix de grands électeurs, alors que le président sortant menait dans tous il y a encore quelques semaines.
L’équipe Romney se dit en particulier optimiste sur l’issue du scrutin en Floride, le plus gros enjeu, et où Romney mène de deux points en moyenne selon les relevés quotidiens de RealClearPolitics.
Evidemment, l’équipe Obama réfute en bloc le mirage auquel, selon eux, cèderaient, dans leur tout nouvel enthousiasme, les Républicains.
“J’ai confiance dans notre victoire. Nous verrons alors qui bluffe et qui ne bluffe pas dans deux semaines. Et j’attends ça avec impatience”, a déclaré le conseiller politique d’Obama, David Axelrod.
Une chose est sûre, “nous savons qu’il reste 14 jours. La course va être incroyablement serrée –sur le fil du rasoir même à certains endroits– jusqu’à la fin”, a reconnu la porte-parole d’Obama, Jen Psaki.
“Mais, a-t-elle ajouté, nous sommes en tête ou à égalité dans chacun des Etats décisifs”.
Le directeur de la campagne Obama, Jim Messina, estime que son candidat a toutes les chances de l’emporter dans des Etats clés comme l’Ohio, le Wisconsin, l’Iowa et le Nevada, ce qui pourrait lui ouvrir la voie à un second mandat.
Et il compte sur les électeurs nouvellement inscrits des milieux largement favorables en 2008 à Obama — Afro-américains et Hispaniques, notamment– pour assurer la reconduction du Démocrate à la Maison Blanche.