Le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah, a prononcé, sa première allocution à l’adresse du peuple algérien, le mardi 9 Avril. Une allocution à l’opposé des revendications exprimées par le peuple pour la transition démocratique. Il est important de souligner la justesse de la déclaration du secrétariat général de l’ONU du 3 Avril qui ‘’ souhaite une transition pacifique et démocratique qui reflète les désirs du peuple algérien.’’, alors que la première allocution du chef de l’Etat ne mentionne aucunement la transition démocratique.
Pis, le chef de l’Etat a axé notamment son intervention sur la question relative à l’organisation des élections par le régime politique. A bien le lire le texte, le locataire d’El-Mouradia ‘’attends de tout un chacun, une mobilisation plus grande que celle dont ils ont fait montre jusqu’à présent, pour faire face aux défis multiples et urgents que notre pays doit inéluctablement affronter notamment ceux liés à notre sécurité nationale et régionale, ainsi que l’enjeu des profondes réformes économiques, financières et institutionnelles, et celui de notre développement social et humain durable.’’
Il est vu comme inconvenant de s’adresser au peuple comme à des enfants, d’infantiliser le peuple .C’est le peuple qui démet les dirigeants et jamais l’inverse. Source de tout pouvoir, le peuple se mobilise toujours pour défendre le pays. Par son discours, le chef de l’Etat s’est grandement décrédibilisé. Ce discours impacte négativement les événements politiques en cours et tente d’émousser l’orientation de la révolution populaire.
De plus, le chef de l’Etat a rendu hommage dans son discours aux ‘’forces de notre Armée Nationale Populaire qui n’ont jamais failli à l’accomplissement, combien fondamental, de leur mission constitutionnelle et à la sagesse de son Commandement qui a opté pour le respect de la Constitution en tant qu’unique référence afin de permettre à notre peuple de réaliser ses aspirations et surmonter la crise actuelle.’’ Ce qui amène à s’interroger sur le rôle de l’armée dans la révolution démocratique du 22 Février.
L’armée s’est-elle écartée de ses missions constitutionnelles ?
De mon point de vue, la rupture de l’ordre constitutionnel amorcée par le report de l’élection présidentielle constitue une menace potentielle à la stabilité du pays.
Le report de l’élection présidentielle, initialement programmée le 18 avril, ne repose sur aucun fondement constitutionnel. Si bien que l’établissement de règles en dehors du cadre constitutionnel peut être évoqué à partir du 11 mars, date de l’annonce du report, ce qui aurait pu permettre à l’armée de s’impliquer, dès le soir du 11 mars, dans le lancement d’une négociation d’une période de transition sous l’égide d’un gouvernement d’union nationale. La date du 11 mars est le rendez-vous manqué pour l’aboutissement d’un règlement politique de consensus à la crise politique.
Néanmoins, il faut distinguer entre : d’une part organiser des élections périodiques plus ou moins transparentes qu’il faut dénoncer et d’autre part décréter le report des élections sine die, car la tenue régulière de l’élection présidentielle constitue un jalon de gouvernance dans la vie politique. C’est dans ce contexte particulier, qu’il faut saluer la non-participation des partis d’opposition à l’élection présidentielle.
En tout état de cause, le régime politique algérien doit redoubler d’efforts afin de répondre à l’aspiration du peuple. Il lui appartient d’évaluer rigoureusement la situation politique et d’agir à l’aune des objectifs de la charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union Africaine. Et comble de l’ironie diplomatique, le régime politique algérien a appelé à “une transition pacifique et fluide du pouvoir conformément à la volonté du peuple soudanais frère et ses aspirations légitimes”, peut-on lire dans le communiqué publié le vendredi 12 Avril, par l’APS. (Algérie Presse Service).
Benteboula Mohamed-Salah. Géographe.