Pour l’Italie, Kadhafi est \”fini\”, mais le colonel ne veut pas partir

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 BENGHAZI (Libye) (AFP) – Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a affirmé mardi que le régime libyen était "fini" au cours d’une visite à Benghazi, bastion des rebelles, le régime répondant qu’un départ du colonel Mouammar Kadhafi serait "le pire scénario" pour la Libye.

Selon Tripoli, 718 civils sont morts et 4.067 ont été blessés, dont 433 grièvement, entre le début des frappes de la coalition internationale, le 19 mars, et le 26 mai. Ce bilan n’inclut pas les pertes militaires.

Six fortes explosions ont secoué en soirée Tripoli, cible de raids intensifs de l’Otan depuis une dizaine de jours, selon un journaliste de l’AFP.

Présent dans la "capitale" de la rébellion pour inaugurer un consulat italien, M. Frattini a lancé : "Le régime de Kadhafi est fini, il doit quitter le pouvoir, il doit quitter le pays".

"Ses proches collaborateurs l’ont quitté, il n’a plus de soutien international, les leaders du G8 le rejettent : il doit partir", a-t-il poursuivi aux côtés du "ministre" des Affaires étrangères du Conseil national de transition (CNT), l’organe politique des rebelles, Ali al-Essaoui.

Afin de contraindre Mouammar Kadhafi à partir, "nous devons maintenir notre pression militaire, renforcer les sanctions économiques pour garantir l’irréversibilité du mouvement en faveur du peuple libyen", a ajouté M. Frattini.

L’Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, plaide en faveur d’un exil du colonel Kadhafi et figure, avec la France, le Qatar, la Gambie, le Sénégal, la Grande-Bretagne et la Jordanie, parmi les pays ayant reconnu le CNT comme l’interlocuteur légitime en Libye.

Réponse du porte-parole du gouvernement libyen Moussa Ibrahim : "Un départ de Kadhafi (du pays) est le pire scénario pour la Libye". "Si Kadhafi disparaît, la soupape de sécurité disparaîtra", a-t-il ajouté, mettant en garde contre une "guerre civile".

De plus, le ministère libyen des Affaires étrangères a "fermement" condamné la "visite illégale" de M. Frattini à Benghazi qui "représente une violation flagrante des normes et conventions internationales et une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays membre souverain et indépendant de l’ONU".

Moussa Ibrahim a par ailleurs démenti que le président sud-africain Jacob Zuma ait négocié avec le Guide une "stratégie de sortie", au cours de sa visite lundi à Tripoli.

Au cours de leur entretien, MM. Kadhafi et Zuma ont discuté d’une "feuille de route" établie par l’Union africaine (UA), qui prévoit un cessez-le-feu, l’arrêt des bombardements de l’Otan et l’instauration d’une période de transition conduisant à des élections démocratiques, selon Pretoria.

Le dirigeant libyen s’est dit "prêt à mettre en oeuvre" ce document, a indiqué Jacob Zuma.

En revanche, la "feuille de route" a été rejetée par le CNT, qui refuse de dialoguer tant que Mouammar Kadhafi est au pouvoir.

Inspirée des révoltes tunisienne et égyptienne, une insurrection a éclaté à la mi-février en Libye pour réclamer le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Ce dernier a répliqué par une répression féroce.

Une coalition internationale procède depuis le 19 mars à des bombardements contre les forces du colonel Kadhafi dans le cadre d’une résolution de l’ONU visant à protéger les populations civiles. Le commandement de cette opération est assuré par l’Otan depuis le 31 mars.

Le lieutenant-colonel britannique Mike Bracken, porte-parole de l’Otan, a affirmé mardi que le régime libyen continuait à attaquer des civils.

Il a cité l’exemple de la ville de Dfania (ouest) – située à quelques kilomètres de l’enclave rebelle de Misrata – qui a été bombardée à l’aveuglette, et de celle de Yefren (sud-ouest), où d’"intenses bombardements rendent la vie extrêmement difficile et dangereuse".

A Tripoli, "les universités ont été fermées pour empêcher le déroulement de manifestations pacifiques" et "la population est menacée par les forces" gouvernementales aux points de contrôle installés dans la ville, a encore dit M. Bracken, précisant que "l’Otan continuerait à faire pression" sur le régime.

La rébellion manquant d’argent et de pétrole, M. Frattini a assuré que l’Italie allait demander à une "banque de crédit, Unicredit, et à l’ENI (société nationale italienne des pétroles) de fournir au CNT une importante quantité de fioul et d’argent", .

Côté humanitaire, un millier de réfugiés fuyant les combats en Libye sont arrivés mardi matin à bord d’un navire de pêche à Pozzallo, dans l’extrême sud de la Sicile, selon les garde-côtes italiens.

"A ce jour, 14.000 personnes (ayant fui la Libye) sont arrivées en Italie et à Malte et au moins 1.200 personnes sont mortes ou portées disparues en faisant ce voyage", a déclaré mardi devant le Conseil de sécurité le secrétaire général adjoint chargé des affaires politiques de l’ONU, Lynn Pascoe.

L’ONU estime que 893.000 personnes ont fui la Libye depuis le début de la révolte populaire contre le régime du colonel Kadhafi, en février dernier.

AFP

 

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