Peur et désespoir : les Ukrainiens sont fatigués de se battre

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Notez que cette prise de conscience est générale alors que dans les médias français se succèdent les intervenants habituels, retraités de l’OTAN, ancien espion du KGB, spécialistes de la Russie recrutés à cause de la haine visible qu’ils vouent à l’objet de leurs recherches, 68% des Français ne veulent pas que nos armées aillent remplacer les troupes défaillantes de Zelensky. Les sondages dont il est fait état ici sont volontairement ceux de l’occident et du régime ukrainien. La question de la négociation avance, celle des conditions d’une paix durable reste encore très floue.

Danielle Bleitrach

*
par Victoria Nikiforova

Au bout de presque trois ans de guerre avec la Russie, les Ukrainiens commencent à se douter de quelque chose. Pour la première fois, l’idée d’une défaite inévitable, de la recherche de voies de sortie et même de ce qui allait se passer ensuite s’est insinuée dans leurs pauvres têtes. Le retour à la réalité se fait lentement, avec des grincements.

Les changements dans la conscience de masse des Ukrainiens sont mis en évidence par un sondage de l’Institut Gallup, une organisation américaine qui n’est ni favorable à Moscou, ni encline à faire son jeu. Selon les chercheurs, plus de la moitié des Ukrainiens (52%) souhaitent aujourd’hui que les combats cessent le plus rapidement possible et sont ouverts aux négociations. En 2022, ces pacifistes étaient presque trois fois moins nombreux.

Seuls 38% de la population de l’ex-RSS d’Ukraine exigent de se battre jusqu’à la victoire. Au début de la guerre froide, cette exigence était partagée par près des trois quarts de la population.

Enfin, et surtout, environ un quart des Ukrainiens se déclarent favorables à la paix au prix de concessions territoriales. Ce chiffre est en fait surprenant. En effet, au début du conflit, un optimisme sans précédent régnait de l’autre côté de la ligne de front.

La majorité des citoyens ukrainiens étaient persuadés que, dans quelques mois, ils récupéreraient les territoires que nous avions libérés et qu’ils boiraient du café en Crimée. Et s’il ne s’agissait que de la Crimée ! L’Ukraine rêvait de s’emparer du sud de la Russie et d’atteindre Moscou. Le nationaliste fou Korchinsky (un extrémiste et un terroriste) promettait de soulever la Russie et de lui prendre toutes ses ressources et ses armes nucléaires. Beaucoup voyaient la victoire de l’Ukraine «sur les ruines de Moscou».

Étaient-ce des malades mentaux ? Oui, bien sûr, mais ils ont électrisé la foule. Leurs délires étaient alimentés par les médias occidentaux et les téléthons interminables. Les rêves voluptueux de victoire sur les «moscals» ont fonctionné comme un anesthésiant – ils ont permis à l’opinion publique d’ignorer les pertes énormes au front, la fuite de millions de personnes, la misère générale et la privation des droits fondamentaux.

Aujourd’hui, sous nos yeux, cette stupéfaction se dissipe. Les choses ne se sont pas passées comme on l’avait rêvé. «Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est ton honneur ?» – est-on censé demander dans ces cas-là, mais nous ne le ferons pas, c’est suffisamment clair.

L’avancée tenace et imparable de l’armée russe contraint les forces armées ukrainiennes à perdre les unes après les autres des zones peuplées. Près d’un quart des militaires ukrainiens ont déserté. Ceux qui n’ont pas pu le faire s’ajoutent à la liste des victimes – selon les chiffres officiels les plus modestes, l’Ukraine a perdu près d’un million de personnes tuées et blessées depuis le début du conflit.

L’incursion dans la région de Koursk, sur laquelle tant d’espoirs étaient fondés pour remonter le moral des troupes, n’a rien donné. Biden est parti dans la jungle, et il est remplacé par Trump, qui déteste ouvertement Zelensky.

Pendant ce temps, la Russie – quelle surprise ! – ne s’est pas effondrée, ne s’est pas dégradée et n’a pas disparu de la carte du monde. En outre, elle est devenue la quatrième économie mondiale et continue à se développer avec succès malgré toutes les difficultés.

C’est ainsi qu’à l’automne 2024, l’anesthésie du mensonge a cessé de fonctionner. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les citoyens ukrainiens ont été confrontés à la réalité, et ils ne l’ont pas aimée. La peur et le désespoir se sont emparés du pays, des militaires comme des civils.

Et la cote négative de Zelensky & Co. augmente : 30% de la population désapprouve les activités de l’Ukroführer, tandis que 66% désapprouve le gouvernement.

Près de la moitié de la population admet ne pas avoir assez d’argent pour se nourrir et se loger. Plus de 50% déclarent vivre dans un état de stress permanent.

Pendant ce temps, les patrons occidentaux de Kiev haussent les épaules et se lavent les mains de la situation. «Les Ukrainiens ont commencé à adopter une vision plus sobre de la situation», déclare sèchement la BBC britannique. – Ils ont enlevé leurs lunettes roses et réalisé que le «café en Crimée» n’arrivera pas avant un certain temps, et que les frontières de 1991 ne sont pas une perspective pour aujourd’hui et loin d’être pour demain.

Quelle hypocrisie révoltante ! Depuis des années, la même BBC et d’autres médias occidentaux trompent les Ukrainiens, leur promettent ceci et cela, et jurent sur leurs mères, les convainquant d’une victoire inévitable sur la Russie «arriérée» et «autoritaire». Ils ont mis un casque de réalité virtuelle sur la tête de tout un pays et l’ont séduit avec toute la force de la propagande occidentale. Et maintenant, ils disent : «Nous n’avons rien à voir là-dedans, les Ukrainiens doivent regarder la situation avec plus de lucidité».

Le retour à la réalité sera très difficile pour les Ukrainiens, et il est temps de prescrire un traitement psychiatrique à tout le monde. Il n’est pas surprenant que plus de la moitié de la population se plaigne d’un stress permanent.

Toutefois, les citoyens les plus intelligents de la République indépendante ont déjà trouvé une excellente recette pour lutter contre le stress : ils rentrent tout simplement chez eux, dans les territoires libérés par la Russie. Plus de cent cinquante mille personnes sont déjà rentrées, et environ soixante mille personnes sont venues rien qu’à Marioupol – cela a été reconnu même à Kiev.

Car le discours de Zelensky est une chose, mais la réalité est tout autre. Les gens peuvent voir de leurs propres yeux comment les villes de Novorossiya se transforment en espaces glamour avec une urbanisation de type moscovite, des quais, des parcs et des cafés où les hipsters sirotent leur Lavender Rough et critiquent le gouvernement. Tout cela est du pur cosmos comparé à la façon dont le pauvre pays ruiné vit aujourd’hui.

Moscou s’est installée pour de bon et propose des pistes cyclables, trente variétés de café et des prêts hypothécaires à un taux d’intérêt avantageux de deux pour cent. C’est certainement mieux que de pourrir sans raison dans les tranchées ou d’errer dans le monde en s’attendant à être expulsé à chaque minute.

Les citoyens ukrainiens n’ont aujourd’hui qu’un seul remède contre la peur et le désespoir : il est là où se trouve la Russie.

source : RIA Novosti via Histoire et Société

traduction de Marianne Dunlop

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