Terrorisme : voilà un terme qui n’a sûrement pas le même sens chez tout le monde. Par exemple les Russes considèrent les Tchétchènes comme des terroristes, tandis que pour les Américains et l’Union européenne, les Russes ont commis un véritable crime de guerre en réduisant en cendres la capitale Grozny, en tuant au missile les chefs tchétchènes, sans parler des viols et des tortures commis par l’armée russe sur ce peuple qui ne demande que son auto-détermination.
Or à Guantanamo et en Irak, les Américains font exactement la même chose. Les occupants de la Mosquée rouge d’Istanbul étaient-ils des terroristes ? Et pourquoi pas Pervez Muscharaf, qui est venu au pouvoir par un coup d’Etat ? Ceux de la Mosquée rouge étaient effectivement des combattants confirmés, des anciens de la lutte contre les Soviétiques mécréants, au cours de laquelle ils ont été armés et soutenus par les Américains. Leur mosquée était considérée alors comme un bastion de la résistance et de la liberté.
Aujourd’hui, en plein centre de la ville, au milieu des ambassades et des bâtiments officiels, elle est devenue insupportable, qualifiée de nid du terrorisme, dynamitée, ses occupants exterminés jusqu’au dernier, y compris les deux cents femmes et enfants qui y étudiaient le Coran. Il est vrai qu’ils avaient exigé l’instauration immédiate de la loi islamique dans le pays, c’est-à-dire le départ immédiat du président Muscharaf, un dictateur ouvertement désavoué par son peuple dans l’affaire du Président de la Cour suprême qu’il a voulu révoquer de façon illégale. Le Pakistan, on l’a peut-être oublié, s’est séparé de l’Inde, au milieu d’horribles carnages, pour devenir un Etat musulman.
Après l’engagement inconditionnel du régime pakistanais aux côtés des Américains contre l’Afghanistan, qu’on peut qualifier de retournement de veste, comment ne pas reconnaître qu’il a trahi la cause nationale et historique du Pakistan, qui est la défense de l’Islam ? Va-t-on oublier que chaque pays a sa réalité ? La France ne s’est-elle pas auto-proclamée défenseur du Liban, où elle protège l’héritage du royaume franc de Jérusalem, lequel date du temps des croisades ?
Le président Bush a proposé à son ami Muscharaf des frappes aériennes contre les Talibans, c’est-à-dire, sans doute, de ces frappes sans discernement dont il a l’habitude en Afghanistan, où sont massacrés par milliers des femmes et des enfants. Ne peut-on pas dire, dans ces conditions, que les deux cents tués faits par les kamikazes dans les rangs des soldats ne sont que la juste réponse de résistants et non des attaques terroristes ? Que Pervez Muscharaf sache que les Américains ont soutenu l’Ougandais Musseveni contre le Soudan Oumar El Bachir, l’Ethiopien Melès Zenawi contre la Somalie des Tribunaux islamiques, et Saddam Hussein contre l’Ayatollah Khomeiny, tout cela au nom de la lutte contre le terrorisme ou l’islamisme. Ne craint-il pas d’être traité un jour, en récompense, comme le dictateur de Baghdad, c’est-à-dire de finir au bout d’une corde ?
Ibrahima KOÏTALES
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