Pendant le 3e débat face à Hillary Clinton, Donald Trump a gâché son ultime chance de se présidentialiser

Difficile d'imaginer que le comportement du milliardaire lors de ce dernier face-à-face lui permettra d'engranger les voix qui lui manquent cruellement.

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AVEC REUTERS ET AP

ÉTATS-UNIS – Ni l’un ni l’autre n’avaient plus le droit à l’erreur: Donald Trump et Hillary Clinton se sont affrontés mercredi 19 octobre dans un débat télévisé regardé par des dizaines de millions d’Américains pour la troisième et dernière fois avant l’élection présidentielle qui se déroulera le 8 novembre.

Pour cet ultime duel de 90 minutes, filmé en direct depuis l’university du Nevada à Las Vegas, le milliardaire new-yorkais devait par-dessus tout essayer de reconquérir l’électorat féminin qui le fuit à mesure que les accusations d’attouchements forcés s’accumulent contre lui. L’ancienne Secrétaire d’État devait, elle, galvaniser les indécis mais surtout frapper un grand coup pour que son avance devienne incontestable et fasse ainsi taire ceux qui crient à la manipulation du système électoral.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous à travers les cinq moments forts de cette séquence, le ton n’a cependant pas changé par rapport aux fois précédentes: après 45 minutes d’un débat relativement serein sur des dossiers qui touchent les électeurs de près, le républicain a repris le cap habituel en multipliant les remarques outrancières face à la démocrate qui a gardé son calme et détaillé son programme.

La Cour suprême

Donald Trump et Hillary Clinton sont entrés dans le vif du sujet immédiatement après leur arrivée sur scène en répondant à une question du modérateur sur le prochain juge de la Cour suprême que le futur président viendra à choisir. Une nomination très surveillée car elle pourra faire basculer la cour dans le camp progressisme ou bien conservateur.

La démocrate a assuré sur-le-champ qu’elle proposerait la place (laissée vacante par le décès d’un juge et que le Sénat refuse de remplacer en attendant l’élection présidentielle) à une personne qui se battrait pour le droit à l’avortement, qui refuserait de rendre illégal le mariage pour tous et qui se battrait pour en finir avec les financements occultes des campagnes politiques.

.@HillaryClinton says the “Supreme Court should represent all of us” #debatenight https://t.co/VCzqD7KLJE

— Sky News (@SkyNews) 20 octobre 2016

Trump a lui répondu plus simplement en promettant de nommer un juge qui défendra le 2e amendement de la constitution américaine,celui qui donne actuellement le droit à de nombreux citoyens de porter des armes, en se vantant d’avoir le soutien de la NRA, le très puissant lobby des armes qui bloque toutes les tentatives de changement de la législation actuelle.

Donald Trump: “We need a Supreme Court that, in my opinion, is going to uphold the Second Amendment.” #debatenight pic.twitter.com/zA7tZSPQNN

— New York Times Video (@nytvideo) 20 octobre 2016
L’avortement

Le droit à l’avortement, constamment attaqué par les républicains depuis qu’il est en place aux États-Unis, est rapidement revenu au centre du débat. Donald Trump s’est engagé à nouveau à nommer des juges conservateurs à la Cour suprême et, de ce fait, à abolir le droit national à mettre fin à une grossesse. Ce dernier a alors expliqué qu’il préférait laisser chaque État du pays décider de sa propre législation.

“Je défendrai le droit à l’avortement et le droit des femmes à décider quand il est question de leur propre santé. Nous avons parcouru trop de chemin pour faire demi-tour maintenant. Et Donald dit qu’il faut que les femmes qui avortent soient punies. Je ne pourrais pas être plus opposée à ce genre de raisonnement”, a promis Hillary Clinton.

“Avec ce que Hillary propose, pendant le 9e mois, on peut arracher le bébé du ventre de sa mère. Je ne suis pas d’accord avec ça”, a rétorqué le milliardaire new-yorkais s’attirant les foudres de la démocrate et de nombreux internautes.

Donald J. Trump’s understanding of a late-term abortion: ‘You rip the baby out of the womb’: https://t.co/TOJwPs83kf pic.twitter.com/ht7stzwLnm

— Jezebel (@Jezebel) 20 octobre 2016
“Utiliser ce genre de discours effrayant est incroyablement mal venu. Vous devriez rencontrer des femmes, des femmes comme j’en ai moi-même connues au cours de ma vie. C’est l’un des pires choix que l’on puisse avoir à faire, qu’une famille puisse avoir à faire, et je ne crois pas que le gouvernement ait son mot à dire”, a répondu Clinton.

Les accusations d’agressions sexuelles

Interrogé sur le fait qu’une dizaine de femmes avaient rapporté des agressions sexuelles depuis le précédent débat, Donald Trump a de nouveau affirmé mercredi que les témoignages étaient faux.

Nouveauté, il a cependant accusé sa rivale d’être derrière cette vague d’accusations. “Tout d’abord, ces histoires ont été largement démenties. Ces gens, je ne connais pas ces gens”, a d’abord lancé le candidat républicain.

“Je me doute bien comment elles sont apparues… C’est elle qui a incité ces gens à parler”, a-t-il alors assuré avant de promettre que “tout cela c’est de la fiction”.

Donald Trump on his accusers: “I think they want either fame, or her campaign did it. And I think it’s her campaign.” #debate pic.twitter.com/399qKfT8Qa

— New York Magazine (@NYMag) 20 octobre 2016

Et si Trump perd l’élection?

Dénonçant depuis des semaines que l’élection présidentielle était “truquée”, le magnat de l’immobilier a été directement confronté par Chris Wallace, le modérateur, sur ces accusations.

“Il y a une tradition dans ce pays: quand à la fin d’une campagne un candidat perd, non pas que vous serez le perdant, il accepte sa défaite et soutient le vainqueur. Êtes-vous en train de nous dire que vous ne respecterez pas ce principe?”, a demandé le journaliste.

“Tout ce que je dis c’est que je vous le dirai à ce moment-là. Je garde le suspense”, a insisté Trump. Une réponse jugée “terrifiante” par Clinton qui s’est moqué du fait que “dès que Donald pense que les choses ne vont pas dans son sens, il affirme que tout est truqué contre lui”.

“Il a dit que les primaires républicaines étaient truquées quand il avait perdu dans un État, que le système judiciaire était truqué quand il était en procès, il a même dit que les Emmys étaient truqués parce que son émission ‘The Apprentice’ n’avais pas été récompensée!”, a insisté l’ancienne Secrétaire d’État, “effarée”.

.@realDonaldTrump will judge if election is rigged ‘at the time’ and @HillaryClinton should not be allowed to run https://t.co/Lv2sSb5sqh

— ABC News (@abcnews) 20 octobre 2016

“Qu’est-ce qu’elle est méchante”

S’il y a deux sorties de Donald Trump, à peine audibles, mais qui n’ont pas manqué d’interloquer beaucoup d’internautes, ce sont celles-ci.

Alors qu’il parlait d’immigration et de construire son mur avec la frontière mexicaine, le républicain a voulu s’essayer à l’espagnol. Bien mal lui en a pris. “Nous avons de mauvaises personnes dans ce pays, nous devons sécuriser la frontière. Nous avons des ‘bad hombres’ ici, et nous allons nous en débarrasser”.

Sur les réseaux sociaux, il n’en fallait pas plus pour critiquer le fait que c’était là les seuls mots qu’ils connaissait en espagnol et surtout qu’il n’avait pas respecté la prononciation ce qui donnait l’impression qu’il parlait d’‘ombrés’… une coloration dégradée des cheveux que l’on retrouve en France sous le terme “tie and dye”.

Donald Trump: “We have some bad hombre here,” and the Internet responded. pic.twitter.com/CBFfvlRJaN

L’autre déclaration qui n’est pas passée n’était pas tournée vers les immigrés mais sa concurrente. Alors que Hillary Clinton expliquait que son programme économique visait à augmenter les impôts des plus riches pour alléger la charge sur les familles de la classe moyenne, cette dernière s’est fendue d’une petite pique que le républicain n’a pas appréciée:

“Les impôts seront relevés pour les plus aisés, ma contribution à la sécurité sociale augmentera, et celle de Donald Trump aussi. Enfin s’il ne trouve pas un moyen d’y échapper (comme il l’a fait en ne payant pas d’impôts fédéraux pendant près de 20 ans, ndlr)”.

“Such a nasty woman” (“qu’est-ce qu’elle est méchante/vicieuse cette femme”, en français), n’a pu s’empêcher de réagir Trump, qui venait quelques instants plus tôt de promettre aux téléspectatrices que “personne ne respecte plus les femmes que (lui)”.

‘Such a nasty woman’: Trump lashes out at Clinton during the last presidential debate pic.twitter.com/Oa1fBpbIzJ

— Business Insider (@businessinsider) 20 octobre 2016

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Maxime Bourdeau Journaliste aux États-Unis, huffingtonpost.fr

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Maliweb, continuez à suivre les vœux des grands médias corrompus qui font tous partis du SYSTÈME que TRUMP méprise. Ce sont les américains qui voteront et non ces médias pourris. Cette CLINTON devrait se trouver devant les juridictions.

  2. Quand l’Amérique s’enrhume, le monde éternue. Aucun de ces deux ne m’inspire confiance.

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