Passe d’armes sur le budget de la Défense: «Ce recadrage médiatique est une faute politique majeure»

INTERVIEW A la suite de son altercation avec Emmanuel Macron, le chef d’état-major des armées Pierre de Villiers pourrait être démis de ses fonctions prochainement…

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Le président de la République Emmanuel Macron et le chef d'état-major des Armées Pierre de Villiers lors du défilé sur les Champs-Elysées à Paris le 14 juillet 2017. — DELALANDE/SIPA

Le dossier n’est pas encore clos. Après les échanges plus que tendus ayant opposé Emmanuel Macron au chef d’état-major des armées Pierre de Villiers la semaine dernière, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a réaffirmé ce lundi matin sur FranceInfo l’autorité du président de la République. Avant de déclarer que les deux hommes, qui se rencontreront à l’Elysée ce vendredi, allaient « prendre une décision ensemble » concernant l’avenir du militaire le plus haut gradé de France.

20 Minutes revient sur cette altercation ouverte avec Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, dont le prochain ouvrage, Macron Bonaparte, paraîtra à la rentrée prochaine.

Comprenez-vous les critiques de Pierre de Villiers, adressées la semaine dernière à l’encontre d’Emmanuel Macron ?

Les critiques ne sont pas nouvelles, cela fait des années que le chef d’état-major des armées se bat pour une augmentation du budget de la Défense. L’annonce de la restriction budgétaire a donc suscité une surprise assez forte du côté des armées, ainsi que de celui du chef d’état-major Pierre de Villiers.

Que pensez-vous du recadrage public du président de la République ?

Il faut d’abord savoir que la première réaction de Pierre de Villiers, certes excessive, avait eu lieu à huis clos, lors de la Comission de la Défense à l’Asemblée nationale. Mais il y a eu une fuite, et toute la presse a rapporté ses propos.

Je pense que le recadrage public est une énorme erreur politique de la part d’Emmanuel Macron. En une minute, il s’est mis la communauté militaire à dos pour cinq ans. D’autant que ça fait longtemps que le pouvoir politique en demande beaucoup aux armées.

Est-il fréquent qu’il y ait des tensions entre l’Armée et l’Elysée ?

Sur le fond, ce n’est pas nouveau dans la Vème République, il y a souvent eu des tensions entre l’état-major et le gouvernement. Cependant, c’est sur la forme que c’est inédit : d’habitude, ça se règle en petit comité, ou du moins en réunion privée. Là, c’était clairement une volonté de l’Elysée, de faire une démonstration d’autorité, voire d’autoritarisme selon le point de vue. De plus, le président de la République sape aussi l’autorité de sa ministre des Armées, Florence Parly, dont la voix n’existe pas aujourd’hui.

La promesse de ramener le budget de la Défense à 2 % du PIB d’ici 2025 est-elle encore crédible ?

Les promesses sont effectivement mirobolantes. Emmanuel Macron ne compte pas réduire les effectifs, et on ne sait pas exactement où vont se faire les coupes budgétaires. Ce sera très difficile à réaliser en tout cas, il faudrait franchir de grandes étapes tous les ans : pour passer le budget de la Défense à 2 % du PIB d’ici 2025, il faudrait l’augmenter de deux milliards chaque année pendant huit ans. En sachant qu’on ne l’a jamais augmenté de plus de 600 millions en un an sur les dernières décennies.

L’augmentation du budget de la Défense est une nécessité selon vous ?

Le budget de la Défense est un sujet important, mais en prenant du recul, l’Armée ne garantit pas à elle seule la souveraineté d’un pays. La souveraineté budgétaire est certainement au moins aussi importante que la souveraineté militaire. Il faut donc que le président fasse des choix, qu’il arbitre, mais sans pour autant mettre une balle dans la tête de son chef des armées.

Si Pierre de Villiers venait à être démis de ses fonctions, comment pensez-vous que la décision serait appréciée ?

Il y a une forte culture militaire en France. Les Français aiment leurs militaires et sont attachés à leur Armée. Je ne pense pas que cela puisse être bien perçu dans l’opinion. Je répète que pour moi, ce recadrage médiatique est une faute politique majeure.

Par 20minutes.fr  / Publié le 17/07/17 à 18h15

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1 commentaire

  1. A Paris, ils sont plus préoccuoé par leur football…
    On peut voir leurs supporters claquer leur RSA, acclamer et enrichir des joueurs qui touchent 100 fois leur RSA/mensuel !

    Comme l’autre choqué de voir des RMIstes applaudir des millionnaires…

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