A première vue, il n’existerait aucune corrélation directe Malienne et soudanaise ! Grosse méprise ! Il existe une très forte communauté d’origine malienne et de ressortissants Maliens au Soudan, le pays qui vient de vivre une partition.
Le samedi 9 juillet 2011 est né le 193ème Etat de la communauté internationale et le 54ème pays d’Afrique. Sa capitale est Djouba… Un coup dur pour l’Union Africaine dont le mot d’ordre reste l’unité du Continent.
Il ne faudra cependant pas tout diaboliser. Et pour cause : voilà presque un demi-siècle que s’affrontent musulmans du Nord et chrétiens du Sud… Une guerre avec son corolaire de morts, de viols, de destruction et de famine. Si la partition est susceptible d’amener la paix, alors qu’il en soit ainsi ! Seulement, il va falloir beaucoup de concessions, de diplomatie et de tolérance pour vivre séparés.
Sans pour autant être pays voisin, le Mali est cependant très proche du Soudan, voire des deux républiques. Toute chose qui nécessitera quelques acrobaties diplomatiques à l’issue de la partition.
Les relations entre soudanais et Maliens remontent très loin dans le temps. Certains évoquent l’ère des grands Empires et en l’occurrence, le règne de Kankou Moussa dont le pèlerinage à la Mecque reste toujours célèbre. Le souverain malien aurait traversé cette partie du continent qui correspond au Soudan actuel.
Des siècles plus tard et après l’époque coloniale, d’autres pèlerins auraient suivi ses traces. Rappelons que c’est à pied que les fidèles effectuaient le déplacement et nombre d’entre eux partaient pour ne plus revenir préférant souvent passer le restant de leur vie sur place (à la Mecque) ou dans une région accueillante sur le chemin du retour. Ils y fondaient alors un foyer et demeurèrent pour le restant de leurs jours.
Il ressort des témoignages des anciens que de nombreux pèlerins d’origine malienne ont justement choisi le Soudan à cet effet.
Ce flux migratoire sera quelque peu atténué par l’arrivée de l’avion sur le continent. C’est à Fort-Lamy (actuel Ndjamena, capitale du Tchad) que les plus fortunés parmi les fidèles embarquaient en destination des lieux Saints de l’Islam. Fort-Lamy constitua alors une plaque tournante et servit de tampon pour les pèlerins aussi bien à l’aller qu’au retour. Certains préférèrent y rester. Toute chose qui explique la présence d’une forte communauté d’origine malienne aussi bien au Tchad qu’au Soudan.
Tenez ! Ce n’est pas seulement du fait de la guerre que le recensement administratif à vocation électorale (RAVEC) a rencontré quelques difficultés au Soudan. Ceci, est une autre histoire.
Rappelons que la majorité de la communauté d’origine malienne vit dans le nord musulman dont la capitale est Khartoum. Il n’en demeure pas moins que de nombreux foyers font désormais partie de la République Sud Soudan ayant pour capitale Djouba dont un émissaire a justement été reçu par ATT à Koulouba en juin dernier. C’était dans le but d’inviter le président malien à prendre part à la cérémonie de déclaration d’indépendance du pays.
En clair, il existe de part et d’autre sur les deux territoires, des milliers de soudanais d’origine malienne. Et nombre d’entre eux gardent encore des pans importants de leur histoire et de leur culture d’origine.
En tout état de cause, avec la création de deux Etats distincts, la diplomatie malienne peut efficacement contribuer à une cohabitation pacifique entre les frères ennemis.
B.S. Diarra