De l’exploitation sexuelle au travail forcé en passant par la servitude domestique et la mendicité forcée, ce phénomène aux formes diverses reste peu connu.
Près de 22 millions de personnes, parmi lesquelles 5,5 millions d’enfants, en sont pourtant victimes dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail, pour un revenu évalué à 32 milliards de dollars par an pour les trafiquants, d’après l’Onu.
Selon Eurostat, le nombre de victimes de la traite était en hausse de 18% en Europe en 2013 par rapport à 2012.
Principalement un pays de destination des victimes, la France est aussi devenue un important pays de transit, du fait de sa situation géographique.
Présenté mercredi par la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ce plan “marque l’engagement du gouvernement dans le combat contre la traite des êtres humains. Il en fait une priorité de l’Etat”, indique le compte rendu du conseil des ministres.
Parmi 23 mesures, il prévoit notamment la création de cinquante postes de “médiateurs culturels” pour faciliter l’identification des victimes, la délivrance inconditionnelle d’une carte de séjour temporaire à ces dernières et la mise en place de mesures d’accompagnement social, professionnel et financier des prostitués.
CONFISQUER LES BIENS DES TRAFIQUANTS
Pour s’attaquer aux réseaux, le gouvernement entend également mobiliser Tracfin, la cellule de renseignement financier du ministère de l’Economie, ainsi que les parquets, invités à retenir davantage l’incrimination de traite dans leurs poursuites et à confisquer les biens des trafiquants.
“En frappant les réseaux au porte-monnaie, on les démantèlera”, a estimé sur i>télé Najat Vallaud-Belkacem.
Son plan aura également vocation à sensibiliser le grand public et à munir la France d’un véritable outil statistique sur le sujet.
Quelque 45 réseaux internationaux de traite d’êtres humains ont été démantelés en 2013 en France et 662 personnes poursuivies.
Le chef du clan “Hamidovic”, soupçonné d’avoir contraint des mineures originaires d’ex-Yougoslavie à voler à la tire dans le métro parisien, a été condamné mardi en appel à douze ans de prison avec une période de sûreté des deux tiers, 100.000 euros d’amende et une interdiction définitive du territoire français.
Ce plan sera financé par un fonds défini dans la loi de finances pour 2015, qui sera notamment alimenté par des sommes issues des saisies faites auprès des personnes condamnées et des amendes perçues dans le cadre de la proposition de loi contre la prostitution qui doit être adoptée avant la fin de l’année.
Celle-ci prévoit en effet de punir de 1.500 euros les clients des prostitués.
(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)