Lors de la première conférence de l’AS. MOV.KHA tenue le 11 février 2000 au Centre Islamique de Hamdallaye, la question suivante a particulièrement retenu notre attention : “N’est-il pas utopique de la part de nos actuels chefs d’Etat de vouloir réaliser l’unité africaine alors que des dinosaures comme N’Krumah, NYERERE, Cheick A Diop, etc.… y ont échoué ?”. Question à la fois pertinente et cruciale.
Pour y répondre, il faut d’abord situer dans leur contexte et cerner les raisons pour lesquelles les cautions des précurseurs n’ont jamais vraiment abouti à la création d’institutions fédérales durables.
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Le Panafricanisme, développé à partir du Ghana par N’Krumah dans les années 30, ne fut à l’origine qu’une transposition du mouvement de la “négro renaissance” exprimée au début du 10ème siècle par les noirs américains pour lancer leur lutte d’émancipation raciale aux USA.
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Très tôt, la réalisation de l’Unité du continent s’affirma comme l’un des principaux objectifs du mouvement. Mais les leaders et chefs d’Etat du moment percevaient-ils le véritable enjeu d’une telle revendication ?
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Il semble bien que non. Seuls quelques-uns, comme Julius NYERERE, Cheick A DIOP, etc adoptèrent la formule d’un “Etat Fédéral Africain”. Il y eut cependant de timides tentatives qui ont conduit au Congrès panafricain de Manchester. Mais elles ne furent pas couronnées du succès escompté.
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Ainsi les revendications africaines restèrent confinées dans les limites territoriales du système colonial. Les faits prouvent que les élites africaines ont été plutôt les complices de la fragmentation territoriale opérée par les colonialistes et ont cherché à s’adapter à une situation dont ils espéraient tirer profit. Ainsi, dès les années 50, prolifèrent partout sur le continent des hymnes, des drapeaux et des interprétations rédigées à la hâte. Peut-être y a-t-il une autre interprétation de cette attitude indépendantiste qui muera bien vite en nationalisme étatique. Mais, à notre sens, c’est cela qui a sonné le glas du panafricanisme originel.
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La conférence d’Addis-Abeba en 1963, était une occasion historique de remettre le train en marche. Mais elle ne fit qu’adopter une charte commune consacrant “le respect de la souveraineté héritée du colonialisme”. Ce fut la naissance d’une Organisation de coopération inter étatique et l’échec du panafricanisme et d’une Organisation politique africaine originale.
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Une consolation, certes maigre, mais une consolation quand même : la Tanzanie, issue de l’union du Tanganyika et de l’île de Zanzibar, réalisée par le Mwalimu Julius NYERERE.
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Ne cherchons donc pas ailleurs les raisons de l’échec de nos dinosaures. Il est la conséquence directe du nationalisme étatique exacerbé de leurs pairs.
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Quand un mal est diagnostiqué, il faut lui trouver une thérapie adéquate, et nous proposons la suivante : d’abord une volonté politique, ensuite un climat de démocratie et de respect des droits de l’homme, un ajustement de nos économies, le retour à nos valeurs culturelles, l’implication de la société civile et, surtout, le renoncement à ce nationalisme qui a muté chez certains de nos chefs d’Etats actuels en un nombrilisme ringard qui ne devrait plus être de mise. Mais ils le transcenderont forcément car, d’une part, ils n’expriment pas ainsi l’aspiration profonde de leur peuple (et c’est cette aspiration qui finit toujours par triompher) ; et, d’autre part, la mondialisation est à nos portes, inexorable, sans état d’âme, ne nous laissant aucun choix : ou nous réalisons notre unité continentale, ou nous serons zappés.
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Boubacar SY
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Président ONG
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PANAFRICA
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