La Palestine officialise son adhésion à une organisation de l’ONU. Le drapeau palestinien a été hissé pour la première fois hier au siège d’une organisation de l’ONU, l’Unesco à Paris, en présence du président Mahmoud Abbas qui y a vu une “première reconnaissance de la Palestine”.
Le drapeau composé d’un triangle rouge prolongé par trois bandes horizontales noire, blanche et verte, a été hissé devant le siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), pendant que l’hymne palestinien était diffusé à l’intérieur de l’enceinte sous les applaudissements des nombreux délégués présents. Ce lever de drapeau célébrait l’accession des Palestiniens au statut de membre à part entière de l’Unesco, largement votée le 31 octobre en assemblée générale, en dépit de l’opposition des Etats-Unis et d’Israël. Le président palestinien souhaite que “ceci soit de bon augure pour une admission de la Palestine dans d’autres organisations internationales”. Alors que la candidature palestinienne présentée à l’ONU à New York est dans l’impasse au Conseil de sécurité. Abbas devait en discuter fin d’après-midi à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy qui plaide pour un vote non plus au Conseil de sécurité mais à l’Assemblée générale de l’ONU. Les Palestiniens sont assurés d’y obtenir une large majorité. Mais cela ne leur apporterait qu’un statut amélioré de “pays non membre observateur” à comparer avec leur statut actuel d’”entité observatrice”. Dans un premier temps, l’adhésion à l’Unesco va leur permettre de déposer des demandes de reconnaissance d’une vingtaine de sites archéologiques et religieux au Patrimoine mondial de l’humanité.
Les Palestiniens veulent que l’église de la Nativité à Bethléem soit le premier site inscrit “au nom de la Palestine” dès 2012. Ils souhaitent aussi présenter rapidement l’inscription du caveau du prophète Abraham à Hébron, un lieu saint à la fois pour les juifs et pour les musulmans. Le vote de la fin octobre avait provoqué la colère des Américains qui avaient aussitôt suspendu leur financement pour l’Unesco, privant l’organisation de 22% de son budget, soit un trou de 65 millions de dollars dès 2011, puis de 143 millions de dollars sur les années 2012-2013. Cela a contraint la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova à annoncer un plan drastique d’économies. De son côté, Israël avait décidé d’accélérer la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, et gelé le transfert de fonds aux autorités de Ramallah. Finalement, sous la pression internationale, Israël a levé un mois après le gel de ces fonds, des taxes douanières et de la TVA, qui représentent deux tiers des recettes budgétaires propres de l’Autorité palestinienne. Les Israéliens misent surtout sur la relance des négociations directes qui pourraient, selon eux, amener la paix et la réconciliation. Mais, il serait difficile pour les Palestiniens, qui aspirent ardemment à la création de leur Etat, de renoncer à leur initiative.