Il n’a rien d’un Adolph Hitler, encore moins d’un James Bond. Pourtant, Oussama Ben Laden -OBL, comme le surnomment les Américains, qui conjurent ainsi le sort en ne prononçant pas son nom- était et reste encore l’homme le plus recherché de la planète.
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Présumé auteur des attentats du 11 Septembre 2001, le diabolique chef de file d’Al Qaïda avait hanté -et hante encore- le sommeil du Président Bush et semé la psychose en Europe. Mais qui est donc ce fantôme du terrorisme demeuré jusque-là introuvable et insaisissable?
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Un terrorisme new look
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L’attentat du 11Septembre avait fait place à une forme de terrorisme versée au dossier Ben Laden : le bio-terrorisme ou l’attaque à l’anthrax, une tumeur inflammatoire due à l’apparition de furoncles mortels sur la peau.
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Il s’agissait de l’attaque du peuple américain par le bacille de charbon,-et cela, par le biais du courrier- dont les premières victimes ciblées étaient les médias. Ce terrorisme new look -nouvelle version- avait accentué la peur des Américains et des Occidentaux qui, face à l’ampleur du drame, n’avaient pas tardé à manifesté leur solidarité vis-à-vis du pays de l’Oncle Sam.
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Pour conjurer cette psychose, le Président américain avait lancé ses troupes d’élite à l’assaut des grottes afghanes de Tora-Bora. Objectif: déloger OBL, mort ou vif. Mais jusqu’à ce jour, ce voeu américain d’anéantir le terroriste en chef est resté au stade du rêve. Et pour cause : malgré ses airs de bedouin dégingandé, Oussama Ben Laden, aujourd’hui âgé de 50 ans, connaît parfaitement le monde occidental.
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Réfugié dans sa tanière afghane -on se demande, du reste, s’il y est toujours- il s’était doté d’un téléphone satellitaire ultra-sophistiqué. Dans sa première cassette-vidéo diffusée par la chaîne de télévision quatarie, Al-Jésira,il s’était pourtant défendu d’être l’instigateur des attentats du 11 septembre.
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Mais il les avait approuvés: “Dieu a dirigé les pas d’un groupe de musulmans, une avant-garde qui a détruit l’Amérique. Nous implorons Dieu de les admettre au paradis.” Au fait, comment diable ce fils de milliardaire a-il pu basculer dans une guerre contre la nation la plus puissante du monde?
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Une enfance gâtée
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Rien ne semblait pourtant prédestiner le jeune Oussama à sa Djihad (guerre sainte), encore moins au maquis afghan. Né en 1957 à Riyad, en Arabie Saoudite, le petit OBL a assurément été gâté par la vie.
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Enfant sans histoires -selon ses propres frères-, il hérite, à lâge de 11 ans, d’une fortune estimée à 80 millions de dollars, au moment où il perd son père dans un accident d’hélicoptère.
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Contrairement à ses aînés, il ne suivra pas ses études au très sélect “Victoria College” d’Alexandrie, en Egypte. Play-boy invétéré, il passait son temps dans les boîtes de nuit, flirtant avec l’alcool et les belles filles.
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En 1971, déjà -il n’avait que 14 ans-, il passe ses vacances en Europe, notamment en Suède. Mais il poursuit finalement ses études à l’université “Abdel Aziz” de Djedda, où il décroche un diplôme en Gestion.
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Dans les années 1930, son défunt père, Mohamed Ben Awad Ben Laden, était arrivé au Yémen… à dos de chameau. Il est d’abord docker au port de Djedda, avant de devenir entrepreneur à la tête de la “Bin Laden Brothers for Contracting and Industry”. Une entreprise familiale, devenue plus tard un empire prospère.
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Ainsi, la construction d’un Palais royal à Djedda fera, de Ben Laden père, le “bâtisseur” du roi Fayçal d’Arabie Saoudite. Quelques années plus tard, il se voit attribuer le portefeuille de ministre des Travaux Publics.
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Ainsi, son entreprise ravit tous les gros contrats du royaume, dont l’aggrandissement de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Quant à la mère d’Oussama Ben Laden, dont il est l’unique enfant, elle est la quatrième épouse de Ben Laden père.
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Diplômé en gestion, Oussama intègre, très jeune, l’entreprise familiale aux côtés de ses frères. C’est à ce moment qu’il se passionne pour les causeries théologiques.
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Il frèquente alors des groupes islamistes, et étudie les oeuvres de Sayed Qotb, un musulman qui prône le recours à la vilence. Pourtant, les amis d’Oussama ne reconnaissent en lui qu’un étudiant…calme et pieux. L’un d’eux ajoutait même que “sa personnalité n’a rien d’exceptionnel”.
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En Décembre 1979, les Soviétiques envahissent l’Afghanistan. Dès lors, la vie d’Oussama Ben Laden sera complètement bouleversée.
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Un pion de la CIA
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Le jeune chef d’entreprise de 22 ans, barbu et mince, part alors pour Peshawar, la base arrière des combattants afghans: les Moujahidines. Mais il part discrètement, presque sur la pointe des pieds, pour ne pas attirer l’attention de sa famille.
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Son amitié avec le chef des services secrets saoudiens, Turku Ibn Fayçal, fera le reste : Oussama devient non seulement l’agent du pouvoir saoudien, mais aussi celui de la CIA.
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En 1982, il s’installe, avec femmes et enfants, à Peshawar, et fait venir du matériel pour la construction de routes. Il crée aussi des camps d’entraînement pour ceux qu’il appelle“les combattants de la liberé ”. Non loin de Khost -toujours en Afghanistan-, il bâtit un second camp, financé à coups de dollars par la CIA. Oussama devient dès lors le bras armé des Américains devenus subitement allregiques à l’occupation de l’Afghanistan par leur ennemi de toujours: l’URSS.
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Dans la foulée, les pays arabes du Golfe arrosent le“jeune héros”, Ben Laden, de pétrodollars. Du coup, le Pakistan, voisin immédiat de l’Afghanistan, voit en Oussama le leader du monde musulman.
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De 1982 à 1992, près de 35 000 combatants intègrent les camps d’entraînement de Ben Laden. Parmi eux, des Arabes, des Algériens, des Philippins, des Ouzbeks, des Ouïgours, des Pachtounes, et même… des Chinois.
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Pour couronner son succès, Oussama fonde son mouvement : Al Qaïda, qui veut dire “La Base”, en arabe. Mais en réalité, Al Qaïda est une force de frappe redoutable, spécialisée dans le terrorisme qui, en quelques années, étendra ses tentacules à travers le monde entier.
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Plusieurs spécialistes du monde arabe ont indiqué que les auteurs des attentats du 11 Septembre sont issus du mouvement Al Qaïda. Mais les preuves d’ne telle assertion tarderont à venir…
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En 1989, les Soviétiques, défaits par les hommes d’Oussama et l’Armée afghane, rentrent à la maison. alors, les Américains et leurs alliés décident de ne plus financer l’entetien des troupes d’Al Qaîda : pour eux, la guerre est finie, puisque les Soviétiques se sont repliés chez eux.
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Oussama décide donc de prendre ses troupes à sa propre charge. La guerre du Golfe, intervenue peu après -en 1991, suite à l’invasion du Koweit par l’Irak- radicalise le mouvement terroriste.
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Indigné par le comportement du pouvoir saoudien qui a fait venir l’Armée américaine sur “la terre sainte de l’Islam” (l’Afghanistan), Oussama Ben laden considère désormais l’Arabie saoudite comme “traître de l’Islam”.
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Personna non grata
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Comme la réponse du berger à la bergère, le royaume saoudien déclare à son tour Oussama personna non grata. Pire, ce dernier est déchu de sa nationalité saoudienne. Commence lors, pour Ben Laden, une longue période d’exil.
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Il atterrit d’abord à Khartoum, au Soudan, avec un millier de combattants. Mais en 1996, face aux pressions américaines, le Soudan cède en expulsant Ben Laden. Le chef d’Al Qaïda refugie alors à Jalalabad -encore en Afghanistan- où le Mollah Oumar le prend sous sa protection.
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En début 1997, la CIA envoie un détachement commando en Afghanistan en vue d’enlever Ben Laden : c’est l’échec. Depuis lors, Oussama nourrit une haine tenace contre le pays de Bush : la guerre est désormais déclarée entre les deux anciens amis et alliés : la CIA et Oussama Ben Laden.
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En effet, au moment où Oussama était activement recherché par les commandos d’élite américains, dans les grottes afghanes, on annonçait d’autres attentats plus sanglants sur le sol américain. Et l’information fut confirmée, peu après, par les services de renseignement américains.
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Jusqu’où peut donc aller l’homme d’Al Qaïda, s’interrogent encore l’Occident et l’Amérique, toujours terrifiés et sur le qui vive? A 50 ans aujourd’hui, Oussama Ben Laden n’a pourtant rien d’un héros, aux yeusx de l’opinion internationale, en dépit de ses “exploits” terroristes passés et… peut-être à venir. Mas il reste toujours un mystère, sinon un mythe insaisissable.
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Oumar DIAWARA
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