KAMPALA (AFP) – Les électeurs ougandais ont voté vendredi sans grand enthousiasme pour élire leurs députés et leur président, le chef de l’Etat sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, partant favori face à une opposition divisée qui l’accuse de préparer des fraudes.
"Le scrutin a été très calme et couronné de succès, a déclaré la porte-parole de la police Judith Nakabooka lors d’une conférence de presse à Kampala. Sur les 117 districts du pays, nous avons enregistré des actes de violences dans seulement 10 d’entre eux."
Le vote a néanmoins été entaché par la mort d’un militant du parti au pouvoir, battu à mort jeudi à Ibanda (ouest) par les partisans d’un candidat indépendant aux législatives. Un journaliste, Okede Julius, a également été blessé par balle lors d’un affrontement entre partisans de deux candidats aux législatives, dans le district de Budadiri (est).
Quelque 14 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes sur les 33 millions d’habitants que compte ce pays enclavé d’Afrique de l’Est.
Les quelques 24.000 bureaux de vote ougandais ont officiellement fermé leurs portes vendredi à 17H00 (14H00 GMT) et entamé le dépouillement.
Dans le quartier de Kawempe, dans la capitale, les opérations se sont poursuivis dans le désordre au-delà de la clôture théorique du scrutin. Plusieurs centaines d’électeurs en colère, qui patientaient dans la file, ont finalement été autorisés à pénétrer dans l’enceinte du bureau, conformément à la loi électorale, le tout sous la surveillance d’importants renforts policiers.
"Il y a eu quelques incidents dans le pays mais nous les avons corrigés au fur et à mesure", a déclaré à l’AFP Charles Willy Ochola, le porte-parole de la Commission électorale accusée de partialité par l’opposition.
"Nous sommes sérieusement préoccupés par ce qui s’est passé aujourd’hui. Beaucoup de nos militants ont été harcelés", a réagi la porte-parole de la coalition d’opposition du candidat Kizza Besigye, principal rival de M. Museveni.
"Je suis venu tôt pour voter, et après je resterai pour regarder comment ça se passe. Nous craignons des fraudes", témoignait Badru Busulwa, l’un des premiers à voter dans le bureau de Pioneer mall, à Kampala.
Le chef de l’Etat Yoweri Museveni, 66 ans, a voté dans sa ville de Kiruhura (ouest) et pronostiqué une victoire sur le score fleuve de "84%", alors que l’opposition s’inquiète d’un vote massif d’électeurs mineurs ou de bourrages d’urnes.
Sept candidats affrontent le président sortant, dont M. Besigye qui assure pouvoir l’emporter, tout en brandissant la menace d’une révolte populaire à l’égyptienne en cas de fraudes massives.
A la tête de la coalition qui regroupe quatre formations d’opposition, M. Besigye a promis d’annoncer ses propres résultats dès samedi, soit 24 heures avant le délai imposé par la loi à la Commission électorale.
La Commission électorale a jugé cette initiative "inacceptable", invitant les médias à ne pas relayer les résultats du camp Besigye, synonymes de "violation de la Constitution".
M. Museveni a menacé d’arrestation et de procès toute personne qui contesterait dans la rue les résultats officiels.
Fait notable, l’opposition a bénéficié pendant la campagne d’une liberté de mouvement inégalée, bien loin du harcèlement judiciaire dont fut l’objet M. Besigye en 2006.
Le président Museveni est toutefois resté sourd aux appels de l’opposition demandant une refonte de la Commission électorale.
Interrogé par l’AFP sur le risque de violences post-électorales, un partisan de M. Museveni, Sam Batambuze, se montrait perplexe: "Je ne sais pas si mon candidat peut abandonner le pouvoir pacifiquement. Après tout, c’est un chef d’Etat africain".
AFP
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