Otages au Mali, les responsables refusent d’assumer

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Les otages français sont retenus par Aqmi dans le nord du Mali depuis plus de deux ans.

Depuis 2010 le peuple manifeste sa solidarité, s’interroge mais ne comprend pas. La famille souffre et se résigne quelque peu avec un sentiment d’impuissance. Deux ans d’injustice et de dure captivité infligés à un être cher. Pourquoi ? A-t-il tué ? Non! A-t-il volé ? Non! A-t-il commis un quelconque crime ou délit ? Non! Alors, serait-il un prisonnier de guerre ? Pas besoin de sortir de Saint Cyr ou autres grandes écoles pour admettre la pertinence d’une telle idée. Certes, prisonnier d’une guerre non « déclarée » mais bien réelle pourtant, et qui échappe aux règles de type « Convention de Genève » d’ailleurs bien souvent violées par les pays dits civilisés. Finalement « à la guerre comme à la guerre » . Chez nous on dit « Si ou pa lé tombé pa jwé » , messieurs de Paris.

Il ne s’agit point ici de juger personne, ni d’un camp ni du camp opposé, mais il apparaît évident que chacun fonde la légitimité de son combat sur des éléments qui se veulent clairs et probants ou sur des considérations obscures ou inavouables. Pour expliquer cette guerre on en revient à rechercher les causes profondes, les causes immédiates et les prétextes qui l’ont générée. Mais attention! L’histoire montre assurément ici, en France et ailleurs des exemples d’actes « terroristes » reconnus ensuite comme faits de « résistance » , de « lutte de libération » , de « révolution patriotique » lorsque bascule le rapport de force.
Et c’est aussi l’histoire qui nous révèle ou nous démontre la profitation manifeste de certaines situations voulues, et la barbarie dont les humains sont capables dans bien des conflits. Alors contentons-nous en l’occurrence de situer les responsabilités, donc de repérer à quelles portes il faut frapper. Nous saurons alors s’il faut cogner discrètement avec une frêle phalange du majeur ou s’il faut défonder avec de lourds béliers.
D’abord, qui a emmené ou envoyé en mission ces personnes enlevées par AQMI ?
ON N’EST PAS DANS L’HUMANITAIRE…
La presse désigne ces otages comme collaborateurs du « Groupe nucléaire français » AREVA et de son sous-traitant SATOM filiale du groupe Vinci, intervenant dans le nord du Niger. Il s’agit là d’extraction d’uranium. Les mots utilisés « Nucléaires Public Français » économiques et stratégiques de cette affaire et nous désignent les responsables.
Areva et Satom ne font pas dans l’humanitaire en Afrique, dans l’extraction d’eau ou l’aide au développement agricole pour les Africains.
De telles entreprises s’inscrivent à l’évidence dans un partenariat de fait avec l’État quels que soient les occupants de l’Elysée, de Matignon, ou du Quai d’Orsay. Ceux-là savent les risques permanents en ces régions du monde. En ont-ils informé ces entreprises ? Et celles-ci se sont-elles assurées que leurs collaborateurs s’y rendaient en toute conscience des risques ?
Car ces techniciens ne s’inscrivent pas dans une logique de soldats de métier qui montent au front sachant que leur vie est en danger, et qui l’assument.
Thierry Dol en particulier envisageait, semble-il, de se tirer les pieds de là à la fin de septembre 2010, sans doute touché par la proximité du danger à l’insuffisance de couverture des risques. On peut penser qu’il ne s’était pas engagé à ses risques et périls au départ, dans cette démarche professionnelle.
Deux ans après la prise d’otages ni les entreprises ni les gouvernements français n’ont fait libérer ces malheureux. Deux ans! Comment ne pas se sentir abandonnés, lâchés par les responsables de son pays pour lequel on travaillait ?
En aurait-il été de même si le fils ou la fille d’un important homme politique français faisait partie des prisonniers d’AQMI , De plus, qui peut nier aujourd’hui que leur vie, ou leur survie, se trouve liée aux aléas et perturbations imprévisibles de la vie économique, politique et militaire de cette région de l’Afrique ?
On peut penser que si l’ensemble du personnel politique, toutes tendances confondues (conseils municipaux, Conseil général et régional), parlementaires), à la tête d’une massive mobilisation générale, décrétée, organisée et coordonnée par ces institutionnels et le monde associatif mettait vraiment la pression sur les responsables français, ils seraient condamnés à assumer.
Madame Josette Manin, s’exprimant lors du week-end du 15 septembre, a montré en peu de mots une bonne compréhension de la situation. Bien dit, Madame la Présidente! Le Conseil général ne pourrait-il pas prendre l’initiative ?
Les familles soutenues par leurs proches et leur foi attendent avec courage et dignité. Combien de temps encore fera-t-on durer leur calvaire ? Pas question pour les croyants sincères de renoncer à prier! Mais avec la foi il faudrait sans doute des oeuvres à la hauteur de la situation. Crions sans gentillesse ni discrétion aux dirigeants de la France : « Lajié yo, tonnè di dié! »
Lucien Cilla, Ancien maire de Ducos
martinique.franceantilles.fr/ 02.10.2012

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