Adnan Abu Walid al – Sahroui, c’est son nom, aurait échappé à la capture, sinon à la neutralisation. C’était en fin de semaine derrière. C’est ce qui ressort en tout cas des déclarations de hauts responsables français. Menées dans la région de Ménaka, à quelques pas du Niger, les soi-disant opérations militaires ont curieusement ignoré les forces maliennes. Ces dernières cantonnées et confinées dans leur base, les militaires français n’ont eu besoin que des groupes armés.
Durant tout le week – end, les déclarations n’ont cessé de pleuvoir. Depuis Bruxelles où de nombreux Chefs d’Etats dont le nôtre s’étaient retrouvés en compagnie de leur homologue français, M. Emmanuel Macron, jusqu’à Bamako en passant par Paris, il n’était question que de raids de Barkhane contre le Chef de l’Etat Islamique du Grand Sahara, Adnan Abu Walid al-Sahraoui et ses hommes. Dans leurs déclarations, les responsables français, suivis quelques instants après par leurs homologues maliens, parlèrent d’opérations anti-terroristes. La participation de deux groupes armés, GATIA et MSA, est fortement précisée.
Signe de victoire claironné, l’on nous annonça que le Chef de l’Etat Islamique aurait échappé de justesse à la capture, en tout cas à la neutralisation. Le Chef de l’Etat français s’en glorifia lors du Sommet de Bruxelles. Des arrestations de six présumés jihadistes sont brandies. Et il parait que le sinistre terroriste l’échappa belle.
Durant tout le week-end, donc, les raids des militaires français de Barkhane se poursuivaient. Le hic, c’est que si l’on se glorifiait de la participation des groupes armés, GATIA et MSA, au côté de Barkhane, comment comprendre la non-participation des forces de Défense et de Sécurité du Mali ? Tout le monde sait qu’un Accord de Défense lie la France et le Mali, n’est-ce pas une raison de ne rien entamer comme action militaire sans les autorités nationales ?
L’on pourrait nous rétorquer qu’elles ont été informées sinon avertis, mais depuis quand une Armée régulière étrangère devrait – elle opérer sur un territoire national sans associer ses forces nationales à ses actions ?
Tout le monde sait aussi que les forces armées maliennes sont cantonnées à Ménaka. Il y a quelques mois, elles avaient mené des opérations contre des hommes armés avant d’être stoppées par les forces internationales. C’est dire alors qu’au rythme où vont les choses, les récentes opérations dites ant – terroristes participent ni plus ni moins d’une politique néocoloniale qui ne dit pas son nom. En associant les groupes armés, GATIA et MSA, à ses opérations sans les forces armées nationales, l’Armée française, à travers Barkhane, semble manquer à ses obligations.
Aujourd’hui plus que jamais, les Maliennes et les Maliens doivent savoir ce qui se cacherait dans l’Accord de Défense entre les deux pays.
B. Koné