Obama et l’ONU s’alarment de l’intensification des combats au Soudan

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 KHARTOUM (AFP) – 23:31 – 15/06/11 – Les Nations Unies et les Etats-Unis se sont alarmés mercredi de l’intensification des combats au Soudan qui menacent les accords de paix ayant mis fin à la guerre civile, à trois semaines de l’indépendance du Sud semi-autonome.

Des combats meurtriers ont éclaté ces dernières semaines entre les troupes du chef de l’Etat, le nordiste Omar el-Béchir, et des forces sudistes de l’Armée populaire de libération du Soudan (ex-rebelles) dans plusieurs régions du Soudan: la ville d’Abyei, l’Etat du Kordofan-Sud et celui d’Unité.

"L’heure est venue pour les dirigeants soudanais, du Nord comme du Sud, de choisir la paix" car "il n’y a pas de solution militaire", a déclaré le président américain Barack Obama sur la radio publique américaine à destination de l’étranger, Voice of America.

"Les leaders du Soudan et du Sud-Soudan doivent assumer leurs responsabilités. Le gouvernement doit prévenir toute nouvelle escalade en cessant immédiatement ses actions militaires, y compris les raids aériens, les déplacements forcés (de populations) et les mesures d’intimidation", selon lui.

Mardi, Washington avait déjà menacé le gouvernement Béchir d’interrompre le processus de "normalisation" si "l’escalade" se poursuivait au Kordofan-Sud, qui avait été un champ de bataille pendant la guerre civile sanglante entre le Nord arabo-musulman et le Sud africano-chrétien (1983-2005).

Cet Etat, le seul pétrolier du nord du pays, est en proie depuis le 5 juin à des affrontements entre les forces armées nordistes (SAF, nordistes) aidées de milices, et des forces liées à la SPLA.

Selon les Nations unies, les combats affectent "un grand nombre" des quelque 1,4 million d’habitants présents dans onze secteurs de conflit.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a appelé mercredi à "la fin immédiate des hostilités" et "à l’accès de l’aide humanitaire" dans ce vaste territoire sous-développé.

"Un sentiment de panique gagne de plus en plus certaines populations déplacées, qui se retrouvent piégées par la violence et les lignes de clivage ethniques", indique le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Caritas, l’organisation caritative du Saint-Siège, a fait état de plus de 60.000 personnes ayant fui leurs foyers en raison des combats et bombardements dans le Kordofan-Sud, un chiffre également cité par l’ONU.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a évacué la plus grande partie de ses équipes du Kordofan-Sud, a affirmé que les violences privaient des dizaines de milliers d’habitants de l’aide d’urgence.

La situation y reste "extrêmement instable et tendue", après une vague d’attaques aériennes visant des positions rebelles dans les monts Nuba, selon la Mission de l’ONU au Soudan.

Nordistes et Sudistes se disputent par ailleurs militairement l’enclave d’Abyei, à la lisière du Sud et du Nord, où plus de 100.000 personnes ont fui les combats survenus ces dernières semaines.

Les affrontements ont repris mercredi entre les SAF et la SPLA, deux jours après la conclusion d’un accord provisoire pour démilitariser cette ville disputée, selon les sudistes et l’ONU.

L’Etat sudiste d’Unité, situé à la lisière Nord et l’une des principales régions pétrolifères du Soudan, a été au début du mois la cible de plusieurs frappes aériennes des SAF contre des positions sudistes.

A presque trois semaines de la déclaration formelle d’indépendance du Sud-Soudan, attendue le 9 juillet, ces violences font craindre une reprise de la guerre à grande échelle, après la signature d’un accord de paix en 2005.

Sur le plan économique, Khartoum a menacé de priver le Sud-Soudan de l’utilisation de ses infrastructures pétrolières si un accord sur la question n’était pas conclu avant la sécession.

Le Sud-Soudan produit environ les trois quarts des 470.000 barils par jour du Soudan, mais cette industrie a toujours été gérée par le Nord où se trouvent toutes les infrastructures importantes.

Des responsables sud-soudanais ont par ailleurs fait état de près d’une centaine de personnes tuées durant la semaine écoulée au Sud-Soudan, dans des heurts entre voleurs de bétail et des attaques rebelles.

Selon l’ONU, plus de 1.500 personnes ont péri dans les violences à travers le Sud-Soudan depuis le référendum pour l’indépendance en janvier.

AFP

 

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