Jeudi, un ancien militaire a tué cinq policiers blancs durant un rassemblement contre les violences policières à Dallas. L’Amérique est encore sous le choc.
Ce mardi, Barack Obama se rend dans la ville de Dallas pour rencontrer les proches de cinq policiers tués par un tireur isolé et tenter de rassembler un pays secoué par une semaine de violences sur fond de tensions raciales. Accompagné de sa femme,Michelle Obama, le président américain s’exprimera lors d’une cérémonie œcuménique au cours de laquelle son prédécesseur George W. Bush prendra également la parole.
Micah Johnson, 25 ans, tireur embusqué qui a abattu cinq policiers, a indiqué qu’il entendait tuer des Blancs, « en particulier des policiers blancs », en réponse à la mort de deux Noirs la même semaine sous les balles des forces de l’ordre en Louisiane et dans le Minnesota. Les vidéos amateur de ces deux homicides, très largement relayées sur les réseaux sociaux, ont choqué. « Le président est conscient du fait qu’à travers tout le pays, les gens sont inquiets face aux violences de la semaine écoulée […], mais aussi de ces dernières années », a expliqué lundi son porte-parole Josh Earnest. Depuis plusieurs jours, le débat a pris une tournure plus passionnelle. L’ancien maire républicain de New York, Rudy Giuliani, a prononcé une virulente diatribe contre le mouvement Black Lives Matter (Les vies des Noirs comptent), à la pointe des dénonciations des bavures policières à l’encontre des Noirs. « Lorsque vous dites Les vies des Noirs comptent, c’est fondamentalement raciste », a-t-il estimé dimanche sur CBS, dénonçant des militants qui chantent « des chansons rap sur l’assassinat de policiers ».
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« Baril de poudre »
L’ancien chef de la police de Philadelphie, Charles Ramsey, a, lui, estimé que lesÉtats-Unis étaient assis « sur un baril de poudre ». « Quand vous regardez simplement ce qui se passe, nous sommes à un moment crucial dans l’histoire de ce pays », a-t-il expliqué sur NBC, appelant de ses vœux un « véritable dialogue ». À quelques mois de son départ de la Maison-Blanche, M. Obama, à qui certains reprochent son manque d’implication sur les questions raciales depuis son arrivée au pouvoir, va-t-il faire de nouvelles propositions ? Les deux morts coup sur coup d’hommes noirs sous les balles de policiers sont le symbole d’un « grave problème » dans la société américaine, avait-il assuré vendredi depuis Varsovie où il participait à un sommet de l’Otan, avant d’apprendre la tuerie de Dallas. Déplorant le fait que son pays avait vécu « trop de fois des tragédies » comme celles-ci, le premier président noir des États-Unis avait appelé la police à entreprendre des réformes.
Il rassemblera mercredi à la Maison-Blanche des représentants des forces de l’ordre, des militants des droits civiques, des universitaires et des élus locaux pour « dégager des solutions concrètes », selon les termes de l’exécutif, face à la méfiance et la crainte qui dominent dans de nombreuses communautés. S’il reconnaît que d’énormes progrès restent à accomplir, le président américain veut aussi essayer de faire passer une vision plus optimiste de le société américaine. « Je suis profondément convaincu que l’Amérique n’est pas aussi divisée que certains le suggèrent », a-t-il affirmé ce week-end. « Il y a du chagrin, de la colère, de l’incompréhension […], mais il y a de l’unité », a-t-il martelé. Pour mieux illustrer son propos, il devrait rencontrer à Dallas un homme qui s’est imposé en quelques jours comme une figure à la fois rassurante et chargée d’espoir : David Brown, chef de la police de la ville, homme noir à la tête d’une des polices les plus importantes du pays, a trouvé un ton et un message qui ont résonné bien au-delà des frontières du Texas. Dès vendredi, cet homme qui a vécu, depuis la fin des années 1980, la mort de son ancien coéquipier, de son frère et de son fils, tous tués par balle, a appelé à combler le fossé entre police et citoyens et à renouer les fils du dialogue. « Nous n’allons pas laisser un lâche qui a pris par surprise des policiers changer notre démocratie. Notre ville, notre pays valent mieux que cela. »