Nos frères sud-africains, s’il vous plait, n’enterrez pas l’histoire.

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Nos frères sud-africains, s’il vous plait, n’enterrez pas l’histoire.
Lors des violences contre les immigrés à Johannesburg, le 17 avril. CRÉDITS : © SIPHIWE SIBEKO / REUTERS / REUTERS

Il va falloir que l’on s’attarde un peu sur la montée en puissance de la xénophobie et de la haine dans le pays de l’arc-en-ciel. Ce qui se passe, de nos jours, en Afrique du Sud est horrible et aberrant. Nous pensions que l’Afrique du Sud libérée du joug de l’apartheid par la pression africaine allait demeurer un modèle. Mais c’était une erreur de jugement et d’appréciation.

Les états africains ont hébergé et réconforté les réfugiés sud-africains  dans leur lutte contre l’apartheid. La naturalisation a été accordée à certains d’entre eux. Ces états avaient rompu les relations commerciales avec le régime sanguinaire d’apartheid. Ne sont-ils pas ces mêmes états qui étaient les bases arrières de l’A.N.C. (African National Congress) ? Où s’entraînaient les militants de l’A.N.C. à la guérilla ? Et qui les entraînaient ? L’Algérie, le Mali, la Tanzanie… étaient tous derrière l’A.N.C. pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Les leaders africains fustigeaient et dénonçaient de vive voix l’apartheid partout où ils se rendaient en visite. La tribune des nations-unies était devenu l’endroit idéal et privilégié pour le plaidoyer en faveur des noirs sud-africains. Que l’on se souvienne du discours musclé et virulent de Mobutu Sese Seko, président du Zaïre (actuelle R.D.C.) à l’O.N.U. en 1973 où il attaquait ouvertement, sans détour et de façon frontale les blancs sud-africains et les colons portugais en Angola, Mozambique, Sao Tomé et Principe, Guinée Bissau et au Cap Vert. Le Président Idi Amin Dada de l’Ouganda a, en 1975, cherché à amener la guerre en Afrique du Sud pour libérer nos frères sud-africains du joug du régime oppressif d’apartheid.

Cette pression africaine et  non-africaine a donné les résultats que l’on sait.

L’histoire de l’Afrique du Sud a été tellement agitée au point qu’on ne peut pas l’oublier si vite.

Que les jeunes générations sud-africaines revoient le livre d’histoire de leur pays. Si dans le passé, certains de leurs fuyaient les persécutions menées par le régime diabolique d’apartheid pour aller se réfugier et s’organiser ailleurs, qu’ils sachent que le retour de l’ascenseur existe.

En réalité, ces actes de xénophobie et de haine ont terni l’image que l’on se faisait de ce pays. N’oublions pas que l’Afrique du Sud, jusque-là, était une référence pour l’Afrique en matière de tolérance. C’était bien elle qui avait inventé le concept de «Vérité et Réconciliation» appliqué aujourd’hui dans tous les pays africains en conflit pour avoir une paix durable. Comme quoi en Afrique les querelles ne se terminent que sous l’arbre à palabre devant les «anciens».

Quelle mouche a donc piqué les Sud-africains, aujourd’hui, pour qu’il y ait subitement un changement de comportements ? De la tolérance à la violence ?

Toute l’Afrique regrette l’absence de Nelson Mandela, ce visionnaire et grand homme.

Présentement les blancs sud-africains semblent avoir raison et se moquent de nous. Quelle honte ? Cela nous apprendra pour nous avoir été mêlés aux affaires d’apartheid en Afrique du Sud. A l’instant, on constate avec regret et amertume que le mieux aurait été d’abandonner les noirs sud-africains dans les mains de Peter Botha avec leurs pass-books. C’est dommage qu’ils aient oublié cette période.

Nous pensons sûrement qu’il y a des problèmes internes que certains leaders sud-africains rejettent sur les soi-disant étrangers pour pouvoir se fixer ou avoir la paix. Pour preuve, pourquoi la réaction tardive des autorités ? Cette pratique est une technique très connue qui consiste à opposer les autochtones aux étrangers aux fins de faire oublier momentanément les préoccupations quotidiennes.

Il n’y a pas longtemps que les Zimbabwéens étaient victimes. Aujourd’hui, ce sont les Somaliens, les Ethiopiens et surtout les Congolais. Sous l’ordre du roi Zoulou et du fils du Président de la République, les Sud-africains, se sentant galvanisés, se sont mis à tabasser les étrangers et à piller leurs biens. Voilà qu’il y a mort d’hommes. Qui sera comptable de cette tragédie devant l’histoire ? Le seul crime que ces infortunés auraient commis, c’est  d’être venus sur le territoire sud-africain. Et pourtant parmi ces étrangers, beaucoup sont partis en Afrique du Sud pour y investir offrant ainsi des emplois à certains sud-africains.

Rapatrier les «Sans-papiers», c’est une chose normale et légitime mais encore faudrait-il les refouler dans la dignité, le droit de l’homme oblige.

On ne nous dira tout de même pas que tous les étrangers en Afrique du Sud sont sans papiers. Pourquoi ces amalgames ?

Aller jusqu’à brûler un congolais, cela relève non seulement de la xénophobie mais aussi de la haine et de la cruauté. On se dirait à la période du règne de Chaka Zoulou qui a duré de 1816 à 1828. C’est peut-être le retour aux valeurs ancestrales qui anime présentement les Sud-Africains.

Il a fallu que les critiques fusent de partout pour que les autorités sud-africaines sortent de leur mutisme mais c’est trop tard car le mal est déjà fait. Il y a mort d’hommes et destruction des biens.

A l’heure qu’il est, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants errent partout fuyant leurs domiciles pour chercher une hypothétique protection loin de lieux d’agitation. Le silence des autorités sud-africaines s’est apparenté, en filigrane, à une caution tacite.

Ce genre de comportement peut-il pousser les autres Africains à appuyer la candidature de l’Afrique du Sud à se positionner au perchoir de la permanence du Conseil de Sécurité ? Cela serait encore une erreur.

Le cas similaire s’était passé en Angola où les Congolais, encore et toujours eux, ont été rapatriés manu militari dans leur pays. Les militaires angolais les tabassaient comme s’ils avaient volé. Ils les torturaient et les tapaient jusqu’à monter dans leurs dos, les femmes violées.

Ici aussi, le seul crime commis c’est d’avoir été sur leur territoire. Et dire que la  R.D.C. était leur base arrière lors de leur lutte pour l’indépendance. Holden Roberto devenu, en 1962, le Président du F.N.L.A. (Front National de Libération de l’Angola) et favorable à une économie de type capitaliste se trouvait ainsi lié au Zaïre(RDC)  et aux Etats-Unis. Le siège du F.N.L.A. se trouvait au quartier Limeté à Kinshssa. Beaucoup d’Angolais étaient réfugiés au Zaïre où ils menaient allègrement leur vie. Ils pouvaient aller où ils voulaient. Ils étaient à Lubumbashi, Likasi, Kolwezi, Kipushi, Kambove, Kinshasa… Ils travaillaient sans être inquiétés. Le Zaïre a fait beaucoup pour l’Angola, il y a même dépêché ses propres militaires combattre.

Aujourd’hui, tout cela n’est pas reconnu. C’est du passé. Vraiment c’est regrettable.

Un proverbe africain dit : «Si tu apprends à un ingrat à tirer à l’arc, sache que tu seras sa première victime».

Tous ces malheurs arrivent parce que nos pays ne sont pas économiquement assis et stables. Les difficultés qu’ils traversent font surgir les migrations.

A ce propos, les migrations ne datent pas de maintenant. Même à l’époque des pharaons, elles existaient. Les Juifs que MoÏse avait fait traverser la mer-rouge ne se trouvaient-ils pas en Egypte ? Les Etats-Unis ne sont-ils pas peuplés d’immigrants ? Chercher à tarir les migrations n’est pas facile. C’est une équation impossible.

Les pays africains, sans exception, sont dans le démarrage économique. Mais, le chemin du développement est long et parsemé d’embûches. En Afrique on dit : «Celui qui n’a pas fini de traverser le fleuve à la nage ne doit pas se moquer de celui qui se noie». Ce que l’Afrique du Sud fait aujourd’hui parce que les autres sont dans la nécessité peut, un jour, lui arriver.

L’Union Africaine et la SADEC sont une fois de plus interpelées et mises à l’épreuve. La non-réaction de leur part les affaiblit davantage et les renforce dans la honte. Cette faiblesse est un prélude à leur éventuelle disparition. Il appartient à l’Union Africaine d’agir au nom de l’ensemble de l’Afrique. Comment peut-on être étranger sur notre propre continent ? Ce continent que les écrivains africains, les politiciens Lumumba Patrice Emery, Kwamé Kroumah, Modibo Kéïta, Sekou Touré, Houphouet Boigny, Léopold Sédar Senghor et autres ont défendu, bec et ongle, contre la colonisation. L’Union Africaine, la balle est donc dans votre camp.

Kalemba  Mwamba

A.C.I.  2000/Bamako/Mali

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5 COMMENTAIRES

  1. Lafrique du sud qu en meme ayez AU moins honte. Des pays sont Venus a votre secours com sa render la monnaie.

  2. L’afrique du sud fait partie de ces pays, avec l’afrique sous domination francaise (Mali, Tchad, Congo…) ou la justice ne marche pas!
    Voila pourquoi les gens peuvent bruler d’autres personnes sans que la police ne fasse une enquete. C’est a vomir!

    En afrique du sud, la justice n’a jamais ete a l’ordre du jour. Voila une des raisons pourquoi, je n’apprecie pas mandela. Il n’a pas fait la justice dans ce pays. Les crimineles blancs ont ete libere. Ce n’est donc pas etonnant que regulierement ils brulent d’autres africains!!!
    Imaginez que cela se passe en Allemagne, qu’est-ce qu’on ne dirait pas???

    L’onu et la france ont bombarde la cote d’ivoire et fait un coup d’état, soit disant que le president ivoirien a tue 8 femmes lors d’une manifestation… Alors que la, ils ont brule des etres humains!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  3. 1FILSDUMALIBA

    Tu écris:….. “Generalement des propos et actions racistes, xenophobes anti-immigrants se passent dans les pays occidentaux et Nous les accusont de tous les mots”..

    Les propos xénophobes sont partout et dans les pays occidentaux nous sommes les spécialistes des origines ,les Maliens sont entre eux, les Sénégalais aussi etc..Et en plus un peul Guinéen ne fréquentera peut-être pas un bambara Guinéen…

    Dans les pays occidentaux le respect des lois est fort… heureusement pour nous…mais ces événements d’Afrique du Sud pourraient libérer des forces maléfiques partout dans le monde..
    J’ai peur hélas que plus nos états deviendront comptables et bons gestionnaires plus les déplacés auront des problèmes …

    Je crois aussi que nos états ne doivent pas compter sur d’autres pays pour assurer notre avenir…Notre exode massif aura surement des conséquences ravageuses dans quelques décennies..

  4. A mes frères de sang de l’Afrique du Sud

    ‘Rouge est le sang des Noirs’ est l’intitulé du bouquin du célèbre romancier sud-africain Peter Abrahams, devait-il écrire : Rouge est le sang de mes frères noirs africains ?

    Chers frères de sang,

    En 1994, l’auteur de ces quelques lignes n’avait qu’à peine 10 ans. Il jubilait avec ses grands-frères devant le petit écran pour célébrer la victoire de l’ANC (African National Congress), de Nelson Mandela et de toute l’Afrique. Et oui c’était une victoire pour toute l’Afrique, car dans votre lutte pour la libération, le peuple noir sud-africain n’a jamais été seul. Sur ce ‘long chemin vers la Liberté’ comme le disait Madiba, toute l’Afrique s’est mobilisée comme un seul homme pour vous épauler. D’ailleurs, il serait juste de vous demander si l’Afrique a déjà été aussi solidaire dans une autre cause que l’apartheid. De facto, vous, mes frères de sang de l’Afrique du Sud, vous êtes débiteurs d’une dette de reconnaissance envers tout le continent noir.

    Mes frères de sang,

    Steve Biko, figure emblématique des mouvements de résistance en Afrique du Sud pendant l’apartheid, nous disait : « Quand je tourne le bouton de ma radio, que j’entends que dans les forêts du Pondoland quelqu’un a été battu et torturé, je dis qu’on a nous menti : Hitler n’est pas mort ; quand je tourne le bouton de ma radio, que j’entends que dans une prison quelqu’un a glissé sur une savonnette, est tombé et est mort, je dis qu’on nous menti : Hitler n’est pas mort, on peut le trouver à Pretoria.»

    Moi, jeune Africain : « Quand j’allume mon petit écran, que j’entends que dans les banlieues de Durban qu’un Somalien ou Éthiopien a été lynché, je dis qu’on a nous menti : Hitler n’est pas mort ; quand je connecte mon ordinateur via internet, que j’entends que dans les banlieues de Johannesburg qu’un Ghanéen ou Nigérian a été brûlé vif, je dis non qu’on nous menti : Hitler n’est pas mort, on peut le trouver en Afrique du Sud.» Je suis totalement déboussolé, sous quel vocable devrais-je placer vos actes de barbarie, inhumain contre vos propres frères noirs : xénophobie ou l’apartheid version race noire de l’Afrique du Sud ? Rien ne peut et ne pourra justifier vos actes odieux, criminels, sadiques contre vos propres frères de sang, de la couleur noire, de la terre commune. Le rêve de faire de l’Afrique Sud : « Une nation arc-en-ciel », comme le disait l’archevêque Desmond Tutu est-il déjà devenu une antériorité ? Un mythe ?

    Peuple de l’Afrique du Sud, il est vraiment temps de faire l’amende honorable.

    Par votre frère Africain, votre frère de sang.

    Issa Balla Moussa Sangaré

    Washington DC, le 21-04-2015

  5. J’ai regarde ces violences sur plusieurs medias nationaux et internationaux. Je suis triste de voir des evenements de la sorte se passer chez Nous, en Afrique. Generalement des propos et actions racistes, xenophobes anti-immigrants se passent dans les pays occidentaux et Nous les accusont de tous les mots. Triste encore quand ceux arrivent chez Nous emems en Afrique, L’Afrique du Sud n’est pas le premier pays ou ces choses comme cela se produisent. Il se passe des actions de la sorte aprtout en Afrique mais a intensites differentes. Chaque pays de ce monde protege ses mains d’oeuvres et ses citoyens (nes) et surtout dans les temps qui courent le travail se fait rare et en tant qu’immigrant On accepte de faire tout. Cela ne veut pas forcement dire les pays qui accueillent les immigrants (es) leurs citoyens(nes) n’ acceptent pas de faire n’importe quoi aussi. Et pire dans les actions se passent en Afrique du Sud precisement on les traites de tous les noms. NONNNN, je crois. Il faudra juste sensibiliser et eduquer a propos de l’immigration (clandestine ou normale). PERSONNE N’EST LE VOLEUR DE JOB DE PERSONNE COMME ON LE PENSE ET LE DIRE.
    Souvent je furieux de voir ceux que les etrangers (res) font dans mon propre pays le Mali. Des fois j’ai envis que le gouvernement les mette dehors pour bon et controler le flux immigratoire aussi. Donc c’est normal. JE SUIS POUR CHAQUE PAYS SUR CETTE TERRE A NETTOYER SON PEUPLE DE CRIMINELS (LES), ASSASSINS, BANDITS ETC….DE CES GENRES. MAIS CEUX MEME ILLIGAUX DOIVENT POUVOIR VIVRE ET SURVIVRE LIBREMENT ET HONNETEMENT DANS CHAUQUE PAYS DU MONDE.
    Nous blamons les occidentaux quand ces choses de la sorte se passent chez eux contre Nous et je les comprends souvent. Donc essayons de Nous copremdre Nous memes avant de juger les autres.
    C’est vraiment dommage que le cas de l’Afrique du Sud prend des proportions demesureees et il faut dialoguer et communiquer mais surtout SENSIBILISER ET PRONNER LA TOLERANCE. C’est la seule facon de faire face ces problemes de haine sans cause ni but.

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