NOBAMA: L'élection de Trump, un revers cinglant pour Obama

Si la victoire de Donald Trump marque l'échec de Hillary Clinton, elle symbolise aussi le rejet cinglant de Barack Obama et son bilan. INTERNATIONAL - Hillary Clinton a perdu son pari. Battue par Donald Trump lors de l'élection présidentielle du 8 novembre, elle ne reviendra pas à la Maison Blanche, où elle a déjà résidé durant huit ans en tant que première dame. Mais la candidate démocrate n'est pas la seule à subir une cuisante défaite. Au-delà de Hillary Clinton et du parti, c'est Barack Obama et son bilan qui se retrouvent frappés par le désaveu. Car Donald Trump a bâti son triomphe électoral en dressant un très sombre diagnostic de ses huit ans de présidence, exploitant les craintes des classes moyennes et populaires, notamment blanches. Comme le soulignent nos confrères du Huffington Post américain, Barack Obama s'est donc retrouvé contraint, ce mercredi 9 novembre, d'appeler un homme avec lequel il s'est frontalement opposé ces derniers mois pour le féliciter de sa victoire. Un résultat en forme de "répudiation" et de "cauchemar" pour le futur-ex président, résume CNN. Un (bon) bilan en trompe-l'œil Avec un taux de chômage à 4,9% et une longue période d'expansion économique, l'économie américaine se porte plutôt bien et la crise financière qui avait plongé le pays dans la récession en 2009 semble loin. Mais les chiffres cachent une réalité moins enviable que le candidat Trump n'a cessé de dénoncer pendant la campagne. "Notre pays stagne, nous avons perdu nos emplois, nous avons perdu notre activité", assurait-il lors d'un récent débat présidentiel. De fait, les inégalités ont flambé aux Etats-Unis, les salaires peinent à décoller, le nombre de personnes ne trouvant pas un emploi à la mesure de leurs ambitions ou contraints au travail partiel reste important et des régions entières continuent d'être sinistrées par la désindustrialisation. Les bons scores réalisés par Trump dans la "Rust Belt" (la ceinture de rouille) du nord-est du pays autrefois dominée par la sidérurgie, le charbon et l'automobile en témoignent. Depuis 2000, les Etats-Unis ont perdu environ cinq millions d'emplois dans l'industrie manufacturière. "Nous ne produisons plus rien. Les produits arrivent en masse de Chine, du Vietnam et du reste du monde", a aussi martelé Donald Trump. Pendant sa campagne, le magnat de l'immobilier n'a eu de cesse de dénoncer l'impact, selon lui néfaste, des accords de libre-échange, défendus par Barack Obama. Plus largement, c'est l'ensemble du bilan du président démocrate qui est remis en cause par cette élection. Donald Trump a promis haut et fort de supprimer ou détricoter la plupart des réformes ou avancées emblématiques de Barack Obama, comme la réforme de l'assurance santé (Obamacare) et la lutte contre le changement climatique (Trump a promis d'"annuler" l'accord de Paris conclu fin 2015). Des signes de rejet profond Au-delà de son bilan, la capacité de Barack Obama à rassembler est également remise en cause par cette élection. Le scrutin a montré que les Etats-Unis "sont plus divisés que nous ne le pensions", a même reconnu Hillary Clinton lors du discours où elle a publiquement reconnu sa défaite, prononcé à New York. De son côté, Barack Obama a, lors de sa première allocution post-élections, appelé les Américains à "s'unir", à "favoriser l'unité" et le "respect". Calme, raisonné et se montrant optimiste comme à son habitude, en décalage flagrant avec Donald Trump, il a prononcé un discours qui faisait écho aux appels au rassemblement de sa présidence. Alors que s'achèvent huit ans de mandat du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, le pays se retrouve pourtant paradoxalement en proie à de vives tensions raciales, avec la recrudescence de bavures policières contre des Afro-Américains non-armés mais aussi des meurtres de policiers. Des tensions que Barack Obama espérait apaiser mais qu'il est accusé d'avoir ravivé. Hillary Clinton a-t-elle été sanctionnée à sa place? Toujours est-il que les Afro-américains se sont "moins mobilisés" à cette élection, note Le Monde. Quant aux jeunes et aux Hispaniques, catégories d'électeurs qui avaient aussi plébiscité Barack Obama en 2008 puis 2012, ils se sont tournés plus qu'attendu vers Donald Trump. Le candidat républicain a de plus raflé les votes des classes populaires blanches, déjà réfractaires à Barack Obama et visiblement peu enthousiastes à l'idée qu'une femme succède à un Afro-américain à la Maison Blanche. Maxime Bourdier Journaliste, Le Huffington Post (09/11/2016)
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