Les évêques du Nigeria avertissent que le pays risque de sombrer dans un conflit bien pire encore si des mesures urgentes ne sont pas prises pour faire cesser la violence. Dans un communiqué publié mardi 26 juin, la Conférence des évêques catholiques du Nigeria a condamné « de la manière la plus ferme possible » les attaques incessantes contre les lieux de culte chrétiens et « les attaques dites de représailles».
Commentant la violence de la semaine dernière, qui a coûté plus d’une centaine de vies, les évêques mettent en garde contre les répercussions d’une dégradation totale des relations interreligieuses. La lettre déclare : « Que ce soit ou non à dessein, [les attaques contre les églises] mettent en péril la relation déjà fragile entre les communautés chrétienne et musulmane au Nigeria ».
« Des sentiments de colère et de haine se développent de jour en jour et atteignent un seuil dangereux. Nous devons tous agir maintenant de façon décisive pour arrêter et désamorcer la tension », soulignent les évêques.
La lettre, signée par l’archevêque Ignatius Kaigama de Jos, président de la Conférence épiscopale, et par son secrétaire, Mgr Alfred Martins de Lagos, décrit le désarroi croissant devant les attaques qui ont lieu actuellement contre les personnes qui participent à la messe. Une copie de la lettre ouverte a été publiée par l’Aide à l’Église en Détresse.
« Si l’on ne donne pas de signe d’amélioration clair et concret, signalent les évêques, la patience de beaucoup de chrétiens va s’user, nos homélies pour les retenir vont tomber dans des oreilles de sourds, et ceux qui pensent que des représailles violentes sont une force de dissuasion justifiée échapperont à notre contrôle. Il y a un danger palpable dans l’air ». Les évêques ont ajouté qu’ils continueront à prêcher la paix, l’amour et le pardon.
Selon la BBC, les analystes estiment que le groupe terroriste Boko Haram, responsable de la plupart des attaques antichrétiennes, cherche à déclencher des affrontements entre chrétiens et musulmans en ciblant les églises.
Dans leur lettre, les évêques appellent chrétiens et musulmans à travailler ensemble pour résoudre la situation : «Nous avons le même pays ; par conséquent, nous devons trouver ensemble la solution à nos problèmes», disent-il. Ils font remarquer que, alors que les terroristes ont effectué leurs actes de violence au nom de l’islam, ce ne sont que des extrémistes islamistes qui ont été les auteurs de telles attaques.
« La religion ne favorise pas une telle inhumanité, affirment encore les évêques, elle devrait au contraire nous lier au Créateur et les uns aux autres dans l’amour et la solidarité humaine ». Notant que de nombreux dirigeants musulmans ont condamné la violence, ils poursuivent : « Il ne suffit pas de condamner par des paroles les activités terroristes ».
« Il faut une action concrète et dynamique pour rappeler à l’ordre ceux qui sont responsables et les amener à cesser de causer des ravages dans notre nation au nom de la religion », disent les évêques. Ils déplorent le fait que les médias aient dépeint la crise comme un conflit entre musulmans et chrétiens, « au lieu d’y voir les crimes de quelques éléments parmi nous qui prétendent agir pour et au nom de la religion … ».
Tout en reconnaissant que l’État a «fait beaucoup» pour résoudre le conflit, la déclaration demande au gouvernement d’intensifier ses efforts : «Les actions de sécurité doivent être intensifiées et affinées. Il reste encore beaucoup à faire en matière de collecte, d’analyse et d’interprétation des renseignements et d’acquisition d’équipements de sécurité. Les terroristes doivent être identifiés, arrêtés et désarmés».
Les évêques ont appelé tous les fidèles à se tourner vers la prière en cette période : «Nous redisons l’importance de la prière quotidienne du chapelet en famille, en particulier ‘pour les épreuves du Nigeria’ ; c’est une réponse spirituelle puissante au grave enjeu de l’insécurité qui a englouti notre nation.»
Ils y joignent leurs propres prières pour les personnes de toutes croyances qui ont été tuées dans les violences. «Les personnes mortes dans les attentats à la bombe et les attaques de représailles étaient toutes des enfants innocents de Dieu, hommes, femmes et enfants, musulmans et chrétiens, de différentes tribus, tous des Nigérians, tous également créés et aimés par Dieu : Puissent-ils reposer en paix et puisse Dieu accorder consolation et force aux êtres chers qu’ils ont laissés derrière eux».
Hélène Ginabat ZENIT.org