Les attaques étaient le lot quasi quotidien des populations de l’Etat de Borno depuis plus d’un an. Désormais, les habitants doivent aussi compter sur les enlèvements de femmes. A la fin de l’année 2013, un rapport de l’organisation Human Rights Watch faisait déjà état de kidnappings et de viols de jeunes filles par le groupe islamiste Boko Haram. Depuis, la situation dans les villages s’est considérablement détériorée.
L’enlèvement des quelque deux cents lycéennes dans la localité de Chibok mi-avril n’a rien arrangé. L’émoi international suscité par leur disparition a renforcé la force de frappes des islamistes et suscité une grande crainte des populations désormais réticentes à parler de ces violences.
Le rapt, nouveau moyen de pressionde Boko Haram
Début juin, il aura ainsi fallu quelques jours pour que l’enlèvement de vingt jeunes filles dans une communauté peule à huit kilomètres de Chibok soit révélé. Même cas de figure avec ces kidnappings la semaine dernière, toujours dans la même zone.
En multipliant les enlèvements, Boko Haram entend clairement attirer l’attention de la communauté internationale sur le sort des jeunes filles et ainsi contraindre les autorités nigérianes à la négociation. Fin mai, le gouvernement avait, en effet, refusé un éventuel échange de militants islamistes détenus contre la libération des lycéennes.
Réaction de Bring Back Our Girls
Pour le mouvement Bring Back Our Girls, qui s’est mis en place après la capture de plus de deux cents lycéennes il y a deux mois, ces nouveaux enlèvements doivent servir d’électrochoc aux autorités et les pousser à agir. Car l’impunité actuelle met en péril l’autorité de l’Etat, et elle pousse de plus en plus d’habitants de l’Etat de Borno à fuir. C’est ce que déplore Djibrill Ibrahim, l’un des responsables de Bring Back Our Girls.
Il n’y a plus de protection, l’Etat est totalement absent (…) La population de l’Etat de Borno a peur. Elle quitte le pays pour trouver refuge ailleurs au Nigeria, au Cameroun, au Niger, ou au Tchad.
Double attaque dans l’extrême-nord du Cameroun
Une double attaque, attribuée à Boko Haram, a eu lieu dans l’extrême-nord du Cameroun. Les deux attaques de Boko Haram sont survenues de manière quasi simultanée à un jour d’intervalle près.
La première a eu lieu le 22 juin, dans dans l’extrême-nord frontalier avec le Nigeria. Bilan: deux membres de Boko Haram présumés tués, ainsi qu’un véhicule, cinq motos et un important stock d’armes et de munitions récupérés.
La deuxième attaque a eu lieu le 24 juin à Omaka dans le Mayo-Sava. Les assaillants, là aussi, ont enregistré des morts, soit six, pour un total pour les deux attaques de huit morts. Les forces de défense camerounaises quant à elles ne déplorent aucune perte.
Cette double attaque vient ainsi rappeler que le grand nord du Cameroun est toujours sous haute tension. Frontalière du Nigeria, la région a tendance à devenir malgré elle le deuxième terrain de chasse de la secte Boko Haram, après le nord-est du Nigeria. Elle y a déjà perpétré une série d’enlèvements et attaqué des positions de l’armée camerounaise.
Nouveau revers pour Boko Haram
En mai dernier, le président camerounais Paul Biya déclarait la guerre à la secte islamiste depuis Paris. Et de la parole aux actes, des renforts en hommes et en équipements militaires importants ont été déployés dans la région. Depuis lors, des éléments de Boko Haram ont bien plus de mal à mener leurs activités criminelles sur le terrain.
C’est un nouveau revers pour la secte islamiste dans cette partie du Cameroun après l’échec d’un assaut qui lui avait coûté quarante combattants dans la zone de Waza-Dabanga il y a près d’un mois.
par RFI