Nigeria: Jonathan en tête d’une présidentielle plus transparente

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LAGOS (AFP) – 19:44 – 17/04/11 – Le président nigérian sortant Goodluck Jonathan prenait largement la tête dimanche de la course à la présidentielle, vainqueur dans au moins 20 des 36 Etats, et pourrait l’emporter dès le premier tour lors de ce scrutin dont le bon déroulement global a été salué par les observateurs.

Les résultats définitifs de l’élection de samedi, connus dans 30 Etats, donnaient M. Jonathan vainqueur dans 20 Etats, alors que son principal rival, l’ex-chef de la junte Muhammadu Buhari, remportait les suffrages dans 9 Etats, et Nuhu Ribadu, qui a dirigé l’agence anti-corruption du Nigeria, était en tête dans le dernier Etat.

Le scrutin s’est déroulé samedi dans un calme relatif, avec des incidents sporadiques qui n’ont pas fait de victime. Les observateurs ont globalement salué le bon déroulement de cette élection, qui marque une rupture positive après une série d’élections frauduleuses.

“Il y a consensus pour dire que c’est un nouveau départ, après les irrégularités de la présidentielle de 2007”, a affirmé Clement Nwankmo, coordinateur d’un groupe local d’observateurs.

“Le scrutin s’est tenu dans des conditions encore meilleures” que celles qu’aux législatives du 9 avril, estimait déjà samedi le Slovène Alojz Peterle, chef de la mission de l’Union européenne.

Les résultats connus regroupent ceux officiellement annoncés par Abuja, ceux communiqués par les Etats eux-mêmes et, enfin, ceux de médias locaux ou d’ONG.

Pour l’emporter, le candidat qui a le plus de voix doit également obtenir au moins un quart des voix dans au moins deux-tiers des 36 Etats, soit 24 Etats, selon les termes de la Constitution.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 155 millions d’habitants, compte 36 Etats, plus le Territoire de la capitale fédérale, qui inclut Abuja et ses environs.

Goodluck Jonathan, vice-président devenu chef de l’Etat en mai 2010 suite au décès de son prédécesseur Umaru Yar’Adua (2007-2010), un musulman, est un chrétien du Sud, candidat du parti démocratique du Peuple (PDP). Ce parti domine largement la scène politique et a remporté dès le premier tour toutes les présidentielles depuis 1999.

Elu vice-président en 2007, Jonathan est un docteur en zoologie âgé de 53 ans, connu pour porter constamment le chapeau.

Le pays s’était notamment doté d’un nouveau fichier électoral électronique comportant les empreintes digitales des plus de 73 millions d’inscrits. La précédente liste était truffée d’électeurs fantômes.

Une coalition d’observateurs locaux a néanmoins fait état d’irrégularités, portant sur le vote d’électeurs mineurs, des taux de participation anormalement élevés et des soupçons de bourrages d’urnes importants.

Des résultats partiels de l’élection faisaient par ailleurs émerger une division nette entre le Nord musulman, qui a voté pour l’ex-chef de la junte militaire (1984-1985) Muhammadu Buhari, et le Sud chrétien favorable à Goodluck Jonathan, agitant le spectre de divisions religieuses et ethniques.

Muhammadu Buhari avait fait état samedi d'”informations de fraude électorale, de bourrage d’urnes à certains endroits”.

Des tensions se sont manifestées dans le Nord où des électeurs ont craint des fraudes de la part du camp du parti au pouvoir, le Parti démocratique du Peuple (PDP) de Goodluck Jonathan.

“Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette élection présidentielle. La bonne, c’est que nous comptons des votes réels et que les gens s’y intéressent. La mauvaise, c’est que le pays est gravement divisé, le Nord contre le Sud”, a commenté Chidi Odinkalu, de l’ONG Open Society Justice Initiative.

De nombreux analystes avaient mis en garde contre ce scénario dans un pays aussi turbulent que le Nigeria, qui compte plus de 250 groupes ethniques.

Dans le nord musulman, beaucoup jugent que la réélection de Jonathan serait une entorse à une règle non-écrite au sein du Parti démocratique du peuple (PDP) au pouvoir, prévoyant une rotation du pouvoir entre le Nord et le Sud.

Les résultats définitifs des législatives du 9 avril n’ont pas encore été proclamés. Le 26 avril auront lieu les élections des gouverneurs des Etats et des assemblées régionales.

AFP

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