Nigeria : Goodluck Jonathan, un scientifique propulsé en politique

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Le président nigérian Goodluck Jonathan à Nice le 31 mai 2010 à l’occasion du 25e sommet France-Afrique © AFP

ABUJA (AFP) – mercredi 15 septembre 2010 – 16h13 –

Le chef de l’Etat du Nigéria, Goodluck Jonathan, qui a annoncé mercredi son intention de se présenter sa candidature à la présidentielle de janvier 2011 est un scientifique issu du sud pétrolifère entré en politique il y a seulement une dizaine d’années, et qui a largement bénéficié d’un concours de circonstances.Son accession à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique s’est faite à la faveur de la maladie qui a entraîné l’hospitalisation de son prédécesseur en novembre 2009 pour des problèmes cardiaques, mort depuis en mai 2010.
Vice-président de Yar’Adua, M. Jonathan avait déjà accepté en février, à la demande du parlement et pour mettre fin à de longs mois d’incertitude politique, de remplacer le chef de l’Etat.
Originaire du delta du Niger, région troublée, M. Jonathan, 52 ans, est titulaire d’un doctorat de zoologie. Une belle ascension sociale pour cet homme né dans une famille modeste qui fabriquait des pirogues, dans l’Etat de Bayelsa.

Après avoir enseigné puis travaillé pour la protection de l’environnement au sein d’une agence gouvernementale, il se lance en politique en 1998.

Mais son parcours semble avoir été façonné par des événements sur lesquels il a peu de prise, et les équilibres régionaux et religieux de la politique nigériane.

“Il a été propulsé, on ne sait pas s’il a des ambitions politiques”, notait récemment Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Nigeria.

Ainsi il s’est retrouvé contre toute attente sur le “ticket” présidentiel avec Umaru Yar’Adua pour les élections d’avril 2007, alors qu’un baron du parti au pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP), tenait la corde.

Huit ans avant, en 1999, année du retour de la démocratie, il avait élu comme candidat du PDP gouverneur adjoint de Bayelsa, un Etat clé de la fédération car producteur de pétrole.

Il est réélu en 2004 avec le gouverneur Diepreye Alamieyeseigha mais en décembre 2005, ce dernier est destitué après avoir été accusé de blanchiment d’argent.

Goodluck Jonathan devient de facto gouverneur et dirige les affaires de Bayelsa jusqu’en 2007.

Le PDP, qui domine la scène politique, désigne Umaru Yar’Adua, un gouverneur du nord majoritairement chrétien, pour la présidentielle d’avril.

Pour répondre à une exigence de répartition équilibrée du pouvoir entre le nord et le sud, essentiellement chrétien, le parti choisit Goodluck Jonathan, chrétien, pour la vice-présidence, estimant qu’il est “le plus propre” des gouverneurs des Etats du delta, réputés très corrompus.

Le tandem remporte sans surprise le scrutin, largement entaché d’irrégularités selon presque tous les observateurs électoraux.

En tant que vice-président, Goodluck Jonathan, toujours coiffé d’un Stetson et généralement vêtu d’ensembles traditionnels de sa région, a travaillé sans faire de vagues mais sans impressionner non plus.

Certains le critiquent pour son manque de charisme et de poigne, d’autres soulignent qu’il n’a pas, au moins, été publiquement éclaboussé par des scandales financiers.

Mais lors lors de son premier conseil des ministres en février en tant que président par interim, il avait remanié le cabinet et muté le ministre de la Justice qui s’était opposé au remplacement de M. Yar’Adua.

Le 1er mai, il avait déclaré que ses priorités pour le reste de son mandat étaient l’approvisionnement régulier du pays en électricité, la sécurité dans le delta du Niger et des élections libres et honnêtes.

 AFP

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