L’armée nigériane a exécuté une quarantaine de jeunes hommes à Maiduguri, fief du groupe islamiste Boko Haram, dans le nord-est du pays, a-t-on appris vendredi auprès d’habitants et d’un employé de la morgue.
Selon les témoignages recueillis auprès des habitants de la ville, les soldats ont identifié jeudi soir des hommes âgés d’une vingtaine d’années, les ont mis à part et les ont abattus.
“Les soldats sont arrivés, nombreux, et nous on demandé de sortir”, a déclaré à l’AFP un habitant de Kalari, un quartier de Maiduguri. “Ils ont séparé les jeunes des vieux, ils ont demandé à nos enfants de s’allonger, le visage contre le sol, et ils nous on demandé de nous retourner. Puis on a entendu des coups de feu”.
“Il les ont abattus et ils les ont emmenés à la morgue, (…)ils ont fait pareil dans trois autres quartiers, nous sommes allés à la morgue pour collecter les corps, et nous en avons trouvé 48 en tout”, a ajouté ce témoin qui a souhaité rester anonyme.
Selon un de ses employés contacté par l’AFP, la morgue de l’hôpital général de Maiduguri “a reçu 39 corps hier (jeudi), amenés par des soldats. Ils portent tous des blessures récentes de balles”.
Selon un habitant du quartier de Gwange, qui a aussi demandé à rester anonyme, “c’était comme dans un film, (…) ils ont pris les jeunes hommes dans leurs maisons et ils les ont abattus devant tout le monde avant d’emmener les corps à l’hôpital. Je n’avais jamais rien vu de tel”.
L’opération militaire s’est poursuivie dans les quartiers de Sabon Lamba et de Gomboru selon des témoignages.
Une source militaire contactée par l’AFP n’a pas souhaité commenter ces accusations, mais a considéré que si de telles exactions ont vraiment été commises, elles sont “injustifiées”.
Amnesty International a dénoncé dans un rapport paru jeudi des violations des droits de l’homme, dont des exactions sommaires, commises par les forces de l’ordre nigérianes dans leur répression contre les terroristes de Boko Haram, notamment à Maiduguri.
L’armée nigériane a rejeté les accusations d’Amnesty et celles formulées dans de précédents rapports, mais les habitants l’ont accusée à plusieurs reprises de tirer sur des personnes non armées en représailles d’attentats menés contre ses soldats.
On estime que les attaques de Boko Haram et leur répression ont fait plus de 3.000 morts dans le Nord et le Centre du Nigeria depuis 2009.
La population du Nigeria, qui est de 160 millions d’habitants, est divisée entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, à dominante chrétienne.