Nigéria : Boko Haram : Les non-dits sur un mouvement djihadiste !

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Nigeria : Un attentat à la bombe dans la capitalePendant les années 90, c’était le Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (MED), qui tenait tête au gouvernement central d’Abuja. Ce Mouvement qui était bien armé et bien entraîné aux tactiques commandos, s’en prenait aux intérêts étrangers en enlevant des ingénieurs contre rançons. Si le MED n’avait pas de visé politique, tel n’est pas le cas avec Boko Haram, qui signifie littéralement, la -civilisation occidental est un pêché. Sociologiquement, ce mouvement politico-religieux revendique une certaine authenticité africaine, fondée sur la religion musulmane, par l’application de la Charia comme valeur de référence dans la gouvernance politique au Nigéria à l’inverse des normes occidentales. Devinez l’intrus.

 

 

 

Pour une fois l’Afrique du Sud, qui était jusque-là considéré comme première puissance économique africaine, est chassée du podium par le grand Nigéria. Mais, les indicateurs économiques qui ont prévalu dans ce classement, selon les spécialistes reposent plus sur un langage purement démographique qu’économique. Selon Wikipédia, en 2012, le Nigéria comptait168, 8 millions d’habitants. En 2013, son produit intérieur brut était estimé à plus de 510 milliards de dollars contre 370 milliards de dollars US pour l’Afrique du Sud (2ème puissance) et 262 milliards de dollars US pour l’Egypte (3ème puissance). Ce grand pays pétrolier d’Afrique occidentale dispose de tous les arguments économiques pour se hisser au rang des pays émergents en Afrique. Mais, ce pays est miné par un climat d’extrême violence, qui lui est imposé par des mouvements armés hostiles au pouvoir central d’Abuja.

 

Depuis 2002, Boko Haram est entré en conflit armé ouvert contre le Pouvoir central. Au fil des ans, son influence et sa capacité de frappe s’étoffent au point qu’il devient finalement une menace pour toute la sous-région. Son influence va au-delà des seules frontières nigérianes. Des combattants de Boko Haram ont même séjourné pendant de longs mois dans le septentrion de notre pays sous occupation djihadiste. Ils font régulièrement des excursions au Niger, au Bénin et au Tchad, chaque fois qu’ils ont chaud à l’intérieur de leur sanctuaire. Mais, plus que de simples promenades de jardin, le Cameroun devient pour eux un arrière base et un lieu de rapts d’occidentaux, qu’ils échangent contre espèces sonnantes pour étoffer leur trésor de guerre.

 

Des prises d’otage comme mode opérandes !

 

La première en date a eu lieu, le 19 février 2013, la famille de Tanguy Moulin-Fournier, de nationalité française, un cadre de GDF Suez, son épouse Albane, leurs quatre fils âgés de 5 à 12 ans, et Cyril, le frère de Tanguy son enlevés à l’intérieur du parc national de Waza dans le nord du Cameroun par des combattants, qui les conduit au Nigéria. Depuis, c’est devenu fréquent. Et à chaque fois, ils en tirent bénéfices. Dans cette opération, les islamistes ont réussi à faire libérer leurs détenus des prisons nigériane et camerounaise. Ils se sont également  fait la poche. Tanguy Moulin-Fournier et sa famille ont été libérés et  échangés contre 10 ou 12 de prisonniers et une rançon de sept millions de dollars, environ 3,5 milliards de Fcfa.

Peu de temps après, Georges Vandenbeusch, un prêtre catholique français de 42 ans, est à son tour enlevé dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013, à Nguetchewé, au nord du Cameroun. Quelques jours plus tard, son enlèvement est revendiqué par Boko Haram. Il est libéré le 31 décembre de la même année. Mais, il est libéré plus tard sans contre partie, du moins officiellement. Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, située à l’extrême nord du Cameroun, deux autres prêtres, cette fois de nationalité italienne, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne, Gilberte Bussière, sont enlevés par des hommes armés. Encore Boko Haram est soupçonnée mais ne revendique pas l’enlèvement. Les trois religieux sont finalement relâchés dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2014. Dans la nuit du 16 au 17 mai 2014 encore, des islamistes transportés par cinq véhicules attaquent un camp de travailleurs du secteur routier, près de Waza, au nord du Cameroun. Un civil chinois est tué, et 10 autres sont enlevés par les assaillants.

 

L’occident comme cible !

 

La menace se fait de plus en plus pressante. De son vrai nom de Boko Haram qui tire son origine de l’arabe « Jamāʿat ʾahl al-sunnah li-l-Daʿwah wa-al-Jihād » qui signifie « Peuple engagé dans la propagation de l’enseignement du prophète Mahomet et du jihad ». Dans sa définition abrégée en haoussa, « Boko Haram » signifie « L’éducation occidentale est un péché ». Ce mouvement cible donc particulièrement les lycées et les écoles où est dispensé un enseignement jugé trop occidental. À plusieurs reprises, il attaque des établissements scolaires, massacrant professeurs et lycéens comme à Mamudo, Gujiba ou Buni Yadi. Si les lycéennes ne sont pas tuées, elles sont souvent enlevées pour être mariées de force à des djihadistes, une vingtaine est ainsi enlevée le 11 février 2014, lors du massacre de Konuga. Le rapt le plus important a lieu le 14 avril à Chibock, où 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans sont capturées par des islamistes qui effectuent un raid sur la ville (53 d’entre-elles parviennent à s’échapper dans les trois semaines qui suivent selon la police nigériane). Le 5 mai, le rapt des lycéennes de Chibok est revendiqué par Abubakar Shekau, qui déclare : « J’ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah. […] J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l’école) et vous marier ». Selon nos sources, parmi ces 276 filles, figurent une quarantaine de jeunes camerounaises attirées dans le filet par des copines enlevées. A la différence des autres enlèvements, celui-ci vise à former un commando de Kamikazes. C’est juste un changement de stratégie. C’est pourquoi dans la foulée, les combattants du Boko Haram ont attaqué une caserne militaire camerounaise en tuant les militaires et s’emparer de leur arsenal de guerre. Malgré la grande mobilisation de la communauté internationale au sujet de la libération des jeunes filles, rien n’eut fit dans ce sens. Le président français, François Hollande, a organisé une rencontre sous régionale à Paris, regroupant les Chefs d’Etat du Tchad, du Cameroun, du Bénin et du Niger. Boko Haram a choisi ce moment précis pour frapper au Cameroun, comme pour montrer qu’il faut désormais compter avec lui.

Mais, d’où vient la puissance de ce mouvement ? Quelles sont ses sources de financement ? Comment se procure t-il des armes ? Au tant de questions qui donnent à méditer.

 

 

Qui se cachent derrière Boko Haram !

 

Par ailleurs, Boko Haram n’a jamais été aussi agressif qu’en ce moment. Alors que le Nigéria a été déclaré première puissance économique africaine, à cause de son poids démographique. Il est prévu que le Nigéria aura 440 millions habitants en 2050 et plus de 914 millions en 2100. Malheureusement, l’organisation terroriste ne s’attaque qu’à cette richesse. Ce sont des milliers d’individus, des innocents, qui tombent sous les balles de Boko Haram, comme s’ils sont contre le peuplement du Nigéria. Au début de l’insurrection, c’était des chrétiens qui étaient massacrés dans des églises. Mais depuis un certain temps, il n’y a plus de distinction entre Chrétiens et Musulmans, plus de cibles précises. Désormais, les frappes pleuvent de partout et contre n’importe qui.

Ainsi, depuis avril 2011, le groupe a multiplié les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, des marchés, des débits de boisson et des bâtiments officiels. Des enquêtes minutieuses après recoupement auprès de certains services de renseignement sur ces attaques et leurs cibles, aboutissent à plusieurs hypothèses d’analyse. Aussi, certains services de renseignement sont en train d’établir des liens de cause à effet entre Boko Haram et le classement du Nigéria comme première puissance économique africaine de par sa population ?

Ces analystes estiment que l’organisation terroriste n’est qu’un groupuscule isolé, comme l’on tente de faire croire. Les événements et le mode opératoire de Boko Haramr envoient à des connexions très complexes, impliquant des services de renseignements américains, notamment la CIA. Quand bien même que le Département d’Etat a inscrit Boko Haram sur la liste des organisations terroristes et a mis la tête de Abubakar Shekau à prix le 21 janvier 2012. Ainsi, 7 millions de dollars US, environ 3,5 milliards de Fcfa seront offerts à toute personne qui aura contribué de par des informations précises, ayant permis soit sa capture ou à sa mort. Nos sources estiment que cette offre n’est que de la poudre aux yeux. D’ailleurs, le visage présenté dans les médias,  comme celui d’Abubakar Shekau, n’en est rien. Abubakar Shekau est un nom générique utilisé au besoin. Un spécialiste des renseignements américains sur les antennes de RFI a bien expliqué que l’homme qui a revendiqué l’enlèvement des français au Cameroun, n’est pas le même dans l’image de revendication de l’enlèvement des jeunes filles. Donc, la vraie identité d’Abubakar Shekau est à rechercher.

Au tant dire que, l’enjeu caché derrière tous ces événements est simplement économique. Il s’agit de freiner la montée en puissance du Nigéria comme puissance régionale en Afrique de l’Ouest et contrer la percée de certains pays émergents d’Asie et d’Amérique latine en Afrique, notamment la Chine et le Brésil. Durant les deux dernières décennies, ces deux pays se sont particulièrement intéressés à l’Afrique. Ils sont non seulement à la recherche des débouchés pour leur économie, mais aussi et surtout des sources d’approvisionnement de leur industrie en matière première, notamment les ressources énergétiques pour la Chine. Or le Nigéria a tout pour attirer les investisseurs étrangers, outre que les partenaires classiques. L’intérêt du Nigéria comme tous les pays africains, c’est que non seulement nos partenaires classiques valorisent nos produits (ils n’achètent aux prix permettant à nos pays de se tirer d’affaire), mais imposent des conditions parfois inhumaines pour nous arracher nos dus presque de la bouche.

L’exemple du Nigéria suffit pour comprendre l’enjeu économique derrière ces crimes odieux. Le Nigeria est un pays pétrolier d’Afrique. L’or noir y a été découvert en 1956 dans le delta du Niger. Le pétrole nigérian est produit à 40 % par la compagnie anglonerlandaise Shell. Le pétrole représente 95 % des recettes d’exportation et 80 % du revenu du pays. C’est le 5e producteur de l’Organisation des producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP), qu’il a rejoint en 1970, et 10e au niveau mondial. Cependant, si le Nigeria est le premier pays producteur de pétrole en Afrique, il ne possède pas encore une seule raffinerie. Aussi est-il obligé d’importer sa consommation en carburant soit d’Europe ou des États-Unis.

Selon nos sources, Boko Haram est une création américaine, financée par l’Arabie Saoudite et le Qatar à travers les réseaux islamistes. Boko Haram se revendique de l’islam wahabits ou groupe sunnite pour la prédication et le djihad. Il prône un islam radical et rigoriste, tel en Arabie Saoudite et dans plusieurs pays de la péninsule arabique. Ce rapprochement idéologique stimule un lien économique fort sous jacent.

Mohamed A. Diakité

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