Dans la vidéo de quatre minutes, les trois hommes affirment travailler pour l’Université de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, et appellent le gouvernement à accéder aux exigences des jihadistes afin qu’ils soient libérés.
“Il s’agit bien de nos employés”, a confirmé le porte-parole de l’Université de Maiduguri, Danjuma Gambo, tout en annonçant à l’AFP qu’une personne “manque encore à l’appel”.
Les circonstances de l’embuscade tendue mardi aux gardes et à l’équipe de la Nigerian National Petroleum Company (NNPC), accompagnés de géologues de l’Université de Maiduguri, de retour d’une mission d’exploration pétrolière, n’ont pas encore été éclaircies en raison du strict contrôle de l’armée sur les accès au Borno, épicentre des violences de Boko Haram.
Le bilan de l’attaque qui s’est produite près de Magumeri, à 50 km au nord-ouest de Maiduguri, a en tout cas été particulièrement lourd, venant contredire les affirmations du gouvernement donnant Boko Haram comme très affaibli.
“Je demande au président par intérim Yemi Osinbajo de nous venir en aide et d’accéder à leurs demandes”, a déclaré un des hommes sur la vidéo, précisant qu’elle avait été tournée vendredi.
Il a attribué l’attaque à la faction de Boko Haram dirigée par Abou Mosab Al Barnaoui, fils du fondateur du groupe, qui a promis d’attaquer l’armée et le gouvernement.
Le recteur de l’Université de Maiduguri, Ibrahim Njodi, a déclaré vendredi qu’au moins 5 membres de son université avaient été tués dans l’attaque de Boko Haram, contredisant les déclarations des militaires nigérians selon lesquelles ils avaient tous été sauvés. Ces membres de l’université faisaient partie de la mission de prospection pétrolière.
Un syndicaliste de l’université avait aussi déclaré qu’on était sans nouvelles d’autres personnels.
Aucun nouveau bilan n’a été fourni par l’armée, qui avait reconnu mercredi la mort de dix personnes, neuf militaires et un civil. Vendredi, des sources médicales et humanitaires avaient déclaré que l’embuscade avait fait au moins une cinquantaine de morts, essentiellement parmi les soldats et miliciens escortant le convoi.
La spectaculaire attaque “est une confirmation de l’audace et de l’assurance que Boko Haram a réussi à reprendre au cours des six dernières semaines”, a commenté Yan St-Pierre, du centre de recherches Modern Security Consulting Group à Berlin.
“Ils attaquent de plus en plus d’avant-postes et de convois militaires. Le fait qu’ils s’en prennent à du personnel de la NNPC montre qu’ils n’ont pas peur de représailles de l’armée”, a-t-il ajouté à l’AFP.
“Au fond, ils ont réussi à réunir assez de ressources, assez de matériel, pour planifier des embuscades visant des cibles de choix”, a-t-il estimé.
La production de pétrole du Nigeria est concentrée dans le delta du Niger (sud) depuis sa découverte en quantités commerciales en 1956. Mais les attaques et sabotages répétés de rebelles locaux revendiquant un meilleur partage des ressources ont poussé le gouvernement à prospecter ailleurs.
Des explorations ont été lancées sur un territoire allant de l’Etat de Benue (centre) au nord-est où sévit Boko Haram. Le groupe mène une insurrection sanglante depuis 2009, qui a fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de réfugiés et déplacés.
(©AFP / 29 juillet 2017 13h30)