Mucchogratias Commandante

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On s’y attendait depuis quelques temps. La mauvaise mais inévitable nouvelle est tombée : Fidel CASTRO est mort à l’âge de 90 ans, dans son pays Cuba. Contrairement à d’autres, il est resté fidèle (c’est son prénom) à ses principes jusqu’au dernier instant, faisant confiance au système de santé cubain et refusant d’aller se faire soigner et mourir hors de son pays. Après un cérémonial somptueux digne du personnage, il a été conduit à sa dernière demeure ce dimanche 04 décembre en présence de plusieurs leaders des pays amis de la Cuba.

Comme attendu, l’annonce de sa mort a soulevé des commentaires controversés à travers le monde, le présentant selon l’appréciation que chacun se fait de sa vie et du système de gouvernance qu’il a instauré dans son pays. Pour les observateurs occidentaux (européens et nord-américains), l’homme est un dictateur qui a privé son peuple de liberté et poussé de nombreux cubains à l’exil. Pour d’autres observateurs, africains ou ressortissants du tiers-tonde, Castro est un constructeur qui a résisté au voisin américain pour protéger son peuple contre le néo-colonialisme occidental. Des positions inconciliables qui traversent le peuple cubain lui-même : dès l’annonce de sa mort, des milliers de cubains consternés ont afflué vers la Place de la Révolution pour lui rendre un dernier hommage, pleurant leur leader et saluant son action de construction de la nation cubaine alors que les exilés cubains aux USA et en Europe organisaient des cérémonies de réjouissance, saluant la disparition de celui qu’ils considèrent comme un dictateur sanguinaire.

Né en 1926, fils d’un propriétaire terrien, Fidel CASTRO fréquenta l’école primaire chez les Jésuites avant d’entreprendre des études de droit à l’Université de la Havane. Il y obtient son diplôme et devint avocat. Au cours de sa brève carrière au barreau, il défendit essentiellement les paysans pauvres que le régime  bourgeois de l’époque exploitait ou privait de leurs terres.

Son combat politique le conduisit à organiser et à conduire, avec son ami Che GUEVARA, la révolution populaire contre le dictateur proaméricain Batista qu’il renversa en 1958, année charnière pour les peuples colonisés, particulièrement africains.

Après sa prise du pouvoir, CASTRO nationalisa les terres ainsi que les sociétés américaines et entreprit la construction d’une nation égalitaire en rendant l’enseignement obligatoire et la santé gratuite. Ces actions provoquèrent le départ des américains installés sur l’Ile et engendrèrent une tension entre Cuba et le voisin américain qui instaura un blocus économique contre les nouvelles autorités.

Etranglé par ces sanctions, Castro se tourna vers Moscou de Khroutchev qui devint le principal appui du nouveau régime et CASTRO et rapidement le défenseur des peuples opprimés aussi bien en Amérique Latine qu’en Afrique auxquels il offrit son soutien pour vaincre le colonialisme au nom de la solidarité prolétarienne. Plusieurs leaders des peuples colonisés d’Afrique et d’Amérique Latine feront le voyage initiatique à la Havane et les mouvements progressistes sud-américains et les indépendantistes africains (FLN en Algérie, Lumumbistes au Congo, FRELIMO au Mozambique, MPLA en Angola, SWAPO en Namibie, PAIGC en Guinée Bissau et Cap Vert, ANC en Afrique du Sud entre autres) recevront formation militaire et appui diplomatique.

Cet activisme provoqua la réaction immédiate des USA dont la hantise a toujours été d’avoir un pays communiste ami de Moscou à leur porte. En 1962, la CIA recruta des mercenaires, les forma et les envoya pour renverser le régime castriste. Ce fut le désastre de la Baie des Cochons : l’opération fut un fiasco total et les mercenaires furent arrêtés par les forces cubaines, jugés et exécutés sur la place de la Révolution.

En réaction à cette opération ratée, CASTRO demanda l’aide de son ami KHROUTCHEEV  qui déploya à Cuba des missiles capables d’atteindre les côtes américaines. Cet épisode, appelé  la crise des missiles, a failli mener le monde vers une guerre nucléaire. Après plusieurs mois de négociations, demeurées jusqu’ici sécrètes, Moscou retira ses missiles et la situation se calma mais depuis, Cuba est sous embargo américain et aucun citoyen américain ne peut ni commercer avec Cuba ni investir dans ce pays.

CASTRO établit une coopération active avec les pays africains qui venaient d’accéder à l’indépendance et des milliers de jeunes africains suivront leurs études à Cuba. Par son engagement aux côtés des peuples opprimés, son opposition ouverte au voisin capitaliste américain et ses discours enflammés qui duraient des heures, CASTRO devient l’idole de la jeunesse africaine des années 60-80 : il suffit de se souvenir que beaucoup de nos grands-frères ont adopté le surnom CASTRO pour marquer leur admiration du personnage et reconnaître son rôle dans l’émancipation des peuples africains.

Pour ce qui concerne notre pays, la coopération cubano-malienne ne s’arrêtait pas au seul domaine militaire. En plus de l’envoi de médecins, d’enseignants et d’assistants militaires, Cuba a aussi formé le premier grand orchestre du Mali dénommé “Las Maravillas del Mali” (les merveilles du Mali) dont les membres ont participé à la renaissance de la musique malienne et africaine.

Le début des années 80 marque un tournant dans les relations internationales en portant les premiers coups sérieux à la guerre froide : en Pologne, aux portes de l’URSS, les ouvriers des chantiers navals de Gdansk envahissent les rues et entament un mouvement de grève qui fait tomber le régime communiste du Général Jaruzelski. La Pologne se rapproche de l’Occident, créant un précédent dangereux pour le bloc de l’Est. En URSS même, les dirigeants vieillissants semblent dépassés par les évènements qui s’accélèreront avec l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir et sa politique de la Perestroïka. La chute du mur de Berlin en 1989 et l’éclatement de l’Union Soviétique marquent la naissance d’une nouvelle ère dans les relations internationales : le communisme n’est plus la référence pour les peuples du tiers-monde dont les nouvelles préoccupations sont la démocratie pluraliste, le respect des droits de l’homme et la bonne gouvernance.

Dans ce nouveau monde, CASTRO s’est retrouvé esseulé sur la scène diplomatique, tous ses amis ayant quitté la scène politique (Mao, Brejnev, Sékou Touré, Neto, Mengistu, ….). Malgré l’évidence de l’irréversibilité des changements enclenchés à travers le monde, CASTRO refuse d’adhérer au nouveau contexte international marqué par le libéralisme économique et la promotion de la démocratie pluraliste. Cette obstination à vouloir être le dernier des Mohicans a énormément contribué à affaiblir le régime castriste et à le rendre inaudible sur la scène internationale: au constat, le Leader Maximo est resté trop longtemps sur une scène abandonnée par les principaux acteurs tout en dansant sur une musique en contradiction avec le rythme du monde. On peut donc lui reprocher de s’être accroché et trop longtemps, à un pouvoir qui n’est plus fait pour lui.

Dans cette approche, l’œuvre de Castro ne peut pas être appréciée au seul miroir du contexte mondial actuel mais aussi et surtout sur la logique des rapports politico-diplomatiques des années 60, marquées par la guerre froide et la lutte des peuples pour leur indépendance. Et dans ce cadre, Castro restera une référence et une grande figure de la lutte des peuples opprimés.

Que restera-t-il du castrisme et quelle sera l’évolution politique de la Grande Ile au cours des prochaines années? C’est la question que tout le monde se pose. Et c’est la même question qui a toujours été posée à la disparition de chaque grand leader (de Mao à Brejnev en passant par Neto et Sékou TOURE) ayant marqué de façon particulière l’histoire de son pays.

S’il est trop tôt pour répondre à cette interrogation, on peut logiquement penser  que Cuba empruntera la même voie que les autres démocraties populaires après la disparition des icônes qui les dirigeaient et qui en étaient le symbole : la voie de la démocratie pluraliste et de la libre entreprise. A défaut, elle amplifiera son isolément économique et diplomatique devenu insupportable pour une partie importante de son peuple.

Cuba dispose de grands atouts : sa situation géographique et stratégique, son élite bien formée (probablement l’une des mieux formées d’Amérique latine), son image internationale et ses potentialités naturelles, notamment touristiques.

La récente visite du Président OBAMA à la Havane et la perspective de levée des sanctions contre Cuba augurent de bonnes perspectives pour l’établissement des relations normales entre Cuba et son puissant voisin.

Au plan interne, l’Ile doit canaliser son évolution politique vers une vraie démocratie en rejoignant la communauté internationale dans la mise en œuvre d’une gouvernance apaisée basée sur le respect des libertés individuelles et le pluralisme politique.

Pour y parvenir, l’un des principaux défis sera d’enclencher et de réussir un processus de réconciliation nationale en organisant le retour des exilés dont l’apport à la nouvelle Cuba sera primordial compte tenu de leurs savoirs et de leurs expériences.

Ce sera sur ce thème que l’Ile est le plus attendue par ses futurs partenaires.

Quant au Commandante, compte tenu de tout ce qu’il a fait pour la libération des peuples opprimés et particulièrement pour l’Afrique, il mérite notre respect et notre reconnaissance.

Mohamed Sidi

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2 COMMENTAIRES

  1. “Mucchogratias Commandante”

    PLUS DE DOUTE, LA PRESSE MALIENNE EST SANS CONTESTE INEGALABLE, INIMITABLE, ET INDETRONABLE A L’ECHELLE PLANETAIRE!

    En effet, pour notre plus grande fierté nationale 😆 , “Le Challenge” vient de pulvériser un TRIPLE RECORD qui restera sans doute UNIQUE dans l’histoire de la presse écrite, à savoir:

    – Faire 3 fautes dans…le TITRE d’un de ses articles! ❗
    mais pas seulement… 😎

    – Faire 3 fautes dans un titre uniquement composé… de DEUX MOTS! ❗ ❗
    mais pas seulement… 😎

    – Faire ses 3 fautes dans… UN SEUL ET MEME MOT! ❗ ❗ ❗ ❗ ❗

    En effet, tant qu’à vouloir se risquer dans un titre en langue espagnole, encore eût-il été préférable de prendre (au moins) la peine d’utiliser un dictionnaire Espagnol-Français ou Français-Espagnol! 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    Pour éclairer (trop tard hélas! :mrgreen: ) notre brillant bilingue Mohamed Sidi 😆 , qu’il sache que

    UN; En Espagnol, “Mucho” prend un seul C et non deux! 😎
    DEUX: En Espagnol, “Gracias” prend un “C” et non un “T” 😎
    TROIS: En Espagnol, on dit Muchas Gracias et non Mucho Gracias! 😎

    BRAVO A “LE CHALLENGE” POUR SA PROUESSE LINGUISTIQUE D’UNE PART, ET POUR LE PROFESSIONNALISME DE SON JOURNALISTE BILINGUE D’ELITE! 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    Hasta luego hombres! 😎

    • En plus de cela le mot “cammandante” qu’il a voulu ecrire en espagnol ne s’ecrit pas avec deux “m”, c’est plutot : “Comandante”.

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