par Guy Faulconbridge
MOSCOU (Reuters) – Boris Eltsine, fossoyeur de l”Union soviétique et premier président russe démocratiquement élu, est mort lundi à Moscou à l”âge de 76 ans.
"Boris Eltsine est décédé aujourd”hui à 15h45 à l”hôpital central, à la suite d”une aggravation de problèmes cardio-vasculaires", a déclaré une porte-parole du Kremlin.
Issu d”une famille de paysans pauvres de l”Oural, Eltsine a fait ses premiers pas en politique en 1976 en devenant secrétaire régional du parti communiste de Sverdlovsk. Cherchant après son accession au pouvoir en 1985 des dirigeants dynamiques pour donner un élan à ses réformes, Gorbatchev l”appela à Moscou où il fit de lui le chef du Parti communiste de la capitale.
Limogé par la suite en raison de ses positions trop indépendantes au goût du Kremlin, il se fit élire en 1989 au nouveau Congrès des députés du peuple et, en juin 1991, triompha à l”élection du président de la Fédération de Russie, avec 57% des suffrages. Six mois plus tard, il signait avec les dirigeants d”Ukraine et de Biélorussie un traité démantelant l”Union soviétique, laquelle disparaissait fin décembre 1991.
A partir de 1995, sa santé s”était détériorée et il avait dû subir plusieurs pontages coronariens. Ces gros problèmes de santé avaient pesé lourd dans sa décision de démissionner fin 1999.
De nombreux Russes avaient initialement considéré Eltsine comme un héros pour avoir mis fin à soixante-dix années de régime communiste. Chantre d”une accentuation des réformes sous la perestroïka, il connut son heure de gloire pendant les journées du putsch avorté d”août 1991, quand il grimpa sur un char pour haranguer la foule des manifestants refusant le coup de force des conservateurs qui venaient de déposer Gorbatchev.
DEMISSION BRUTALE
Par la suite, la "thérapie de choc" administrée sous sa présidence à l”économie russe jeta des millions de ses concitoyens dans la pauvreté. Dans le même temps, ses proches se partageaient les dépouilles de l”ancienne économie collectiviste du pays. La première guerre de Tchétchénie, en 1994-96, et l”humiliation de l”ex-armée rouge, de même que son penchant marqué pour la boisson, avaient également entaché son image.
Poutine a téléphoné à la veuve de l”ancien président et lui a fait part de ses "très vives condoléances", a fait savoir le Kremlin.
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, à Moscou pour des entretiens avec Poutine, a estimé qu”avec Eltsine disparaissait une personnalité marquante de l”histoire russe.
"Aucun Américain n”oubliera le moment où il s”était hissé sur un char devant la Maison blanche (siège du parlement de Russie) pour résister à une tentative de putsch", a dit le secrétaire.
A Washington, un porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Gordon Johndroe, a parlé d”une "figure historique issue d”une période de grandes bouleversements et de défi pour la Russie. Nous adressons nos condoléances à Mme Eltsine, à sa famille et au peuple russe."
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a également salué la mémoire du disparu et son "rôle-clé dans la transition post-communiste en Russie.
"On se souviendra de lui comme celui qui s”est levé pour s”opposer au coup d”Etat visant à restaurer un régime dictatorial en Russie. Avec un grand courage personnel, il a eu le mérite de défendre la liberté."
A Luxembourg, où elle participait à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, la ministre françaises aux Affaires européennes, Catherine Colonna, a elle aussi rendu hommage un personnage "charismatique".
De son côté, Mikhaïl Gorbatchev, dernier président de l”Union soviétique, a exprimé ses "très sincères condoléances à la famille du défunt, qui porte la responsabilité d”événements majeurs pour le bien du pays, ainsi que de graves erreurs". L”homme de la perestroïka a évoqué dans le même temps le "destin tragique" d”Eltsine.
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