Mond’actu : Quand les USA rejettent systématiquement les accords internationaux

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Donald Trump lors d'une allocution à la Maison Blanche, le 1er mars 2018 / © AFP/Archives / MANDEL NGAN

Depuis la période des campagnes présidentielles américaines, le candidat Trump n’a de cesse dénoncé l’accord que son pays, les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne ont  laborieusement  signé en 2015, sous l’égide des Nations-Unies, avec l’Iran sur  l’arrêt de son programme  nucléaire.  Au motif que l’accord n’est pas favorable aux intérêts américains et que l’Iran ne le respecte pas, le président Donald Trump persiste  dans  sa démarche et déclare  lors  de la visite du président  français sur le sol  américain que si un nouvel accord n’est pas trouvé d’ici le 12 mai, les USA vont officiellement se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien.

Pourtant, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui est chargée de l’inspection  des installations nucléaires iraniennes,  réfute les doutes  américains. Elle  certifie  régulièrement que l’Iran respecte  bien ses engagements vis-à-vis des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Allemagne, signataires du  texte d’accord.  Ce que confirmait quasiment encore ce mardi, Emmanuel Macron.

Le président français rappelait  à la tribune des Nations-Unies, à New York, que « dénoncer l’accord serait une lourde erreur, ne pas le respecter serait irresponsable, parce que c’est un accord utile, essentiel à la paix. ». Son argumentaire  se base sur le fait  que  l’engagement sur la non-prolifération a permis d’obtenir un accord solide, robuste, qui permet de vérifier que l’Iran ne se dotera pas d’arme nucléaire.

A cet effet, la remise en cause du compromis  sur le nucléaire iranien ouvrirait forcément la voie à une crise internationale. Car, il revient  à rétablir de facto les sanctions économiques et commerciales qui étaient en vigueur contre l’Iran. Une case de départ qui compromettrait de nombreux intérêts économiques occidentaux et empêcherait l’Iran de combler son retard économique dû aux sanctions occidentales.

Ce durcissement de Washington à l’égard de Téhéran aura pour conséquence de remettre en cause les projets d’investissements lancés en Iran après l’accord sur le nucléaire de 2015. Ainsi, l’Iran n’aurait en face de lui qu’une alternative : poursuivre  son programme nucléaire en continuant d’enrichir  par  ses propres soins l’uranium pour ses besoins énergétiques (civils ou militaires)  et attendre les représailles occidentales qui n’excluraient pas une confrontation militaire.

Il est prévu  cet été une rencontre au sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue  nord-coréen Kim Jung Un, pour permettre la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Au regard du non-respect des américains de leurs propres engagements sur le nucléaire iranien, quelles négociations seraient possibles avec la Corée du Nord ?

En rompant unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien, Washington se trouverait, de toute façon, bien isolé. Sa crédibilité en serait entièrement affectée notamment face à la Corée du Nord,  cet autre pays  qui  constituerait  « une menace majeure pour la sécurité américaine ». Or, ce pays dispose déjà de l’arme nucléaire, contrairement à l’Iran, et s’est doté de missiles balistiques nécessaires de  longue portée. Ainsi, si les dirigeants nord-coréens ne s’opposent  pas au principe de négociation, ils  refusent tout de même  de renoncer à la force nucléaire dont ils disposent.

D’ailleurs,  si jamais  le pays de l’oncle Sam remettait en cause à partir  du 12 mai, l’accord sur le nucléaire iranien, indubitablement, la Corée du Nord serait encline à s’engager sur une éventuelle voie diplomatique. Ce qui serait  logique à partir du moment où les USA apparaîtraient comme le pays qui  rejette systématiquement les accords qu’il aura lui-même signés avec les autres.

Gaoussou Madani Traoré

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