Le monde est-il en train de tomber dans un vaste piège qui se jouerait sur plusieurs fronts, dans le cadre de la guerre en Syrie ? La question mérite tout son pesant compte tenu de tout ce qui se trame actuellement au Proche et Moyen-Orient. Notamment dans les conflits en Irak, Yémen et en Syrie. Mais aussi et surtout dans l’affaire Skripal qui oppose la Grande Bretagne et ses inconditionnels alliés occidentaux à la Russie. Une affaire qui consacre, de par sa dimension, la repolarisation du monde en deux.
D’après une sérieuse analyse publiée dans le Figaro vox / tribune, l’objet de l’affaire Skripal et de l’actuelle montée au front en Syrie, serait né de la recherche par ses commanditaires, de la nécessité d’une solidarité sans faille des pays occidentaux dans le cadre de la domination du Levant contre un ennemi commun : la Russie. Tout serait donc mis en œuvre pour favoriser et amplifier cette polarisation. Afin d’isoler davantage le pays des tsars, les alliés occidentaux veulent profiter de cette affaire d’empoisonnement présumé d’ancien espion-double russe pour prendre en son encontre, des sanctions diplomatiques et économiques, voire jusqu’au boycott par les officiels de la prochaine coupe du monde de football devant se tenir en Russie.
L’Allemagne entre dans la danse et va jusqu’à renoncer à un projet économique, pourtant vital pour son économie, celui du Northstream-2. Ce qui pousse davantage Moscou à durcir ses positions notamment en Syrie et faire monter la tension. De même, le président Trump bluffe en déclarant que ses soldats plieraient bagages de Syrie, avant de faire volte-face et d’y rester sous le prétexte d’une attaque présumée d’armes chimiques de Damas sur ses propres populations.
Entre temps, l’Arabie Saoudite, dont le Roi était en tournée aux USA, en Grande Bretagne et en France, devra payer cher le coût de cette présence. Et fournir 400 milliards de dollars de contrats à l’économie américaine. Cela permettrait aux américains de consolider leur zone d’influence sur un vaste territoire au Proche et Moyen Orient. Le Royaume wahhabite bénéfierait ainsi du parapluie militaire américain.
Alors qu’en réalité, Washington, dans le vaste mouvement de repolarisation du monde, voudrait bien demeurer le pôle principal d’arrimage d’un occident qui doute beaucoup face à une Chine qui structure à son rythme, un véritable « contre-monde ». L’Amérique, ainsi fébrile, jouerait son va-tout pour inverser l’ordre international qu’elle ne contrôle plus. Elle joue à l’affrontement constant pour réinstaller sa préséance militaire face à Moscou, Téhéran et Pékin, qui seraient ses ennemis potentiels au Moyen Orient et en Mer de Chine.
C’est pourquoi ce weekend, Washington et ses alliés français et britaniques ont transformé leurs menaces en réalité et frappé « punitivement » quelques positions de l’armée syrienne. Les USA n’ont pas eu besoin, pour cela, du mandat onusien qu’ils n’auraient d’ailleurs pas, à cause du veto probable russe. Mais les alliés occidentaux iront-ils, à travers ce jeu subtile, jusqu’à attaquer l’Iran ou les positions russes en Syrie ? Certainement pas ! Mais que sait-on ?
Gaoussou Madani Traoré