La “Vision 2030” vise à réduire la dépendance du Royaume vis-à-vis du pétrole et à accompagner les jeunes Saoudiens dans les domaines de la technologie, des arts, de la culture, du social ou de l’entrepreneuriat.
n 2011, lors du Printemps arabe, le Royaume saoudien injecte 130 milliards de dollars supplémentaires dans le budget de l’Etat afin d’assurer la paix sociale. La même année, Mohammed ben Salmane lance sur les fonts baptismaux la Fondation MiSK dont il devient le président du Comité exécutif.
La Fondation MiSK affiche l’objectif d’accompagner les jeunes du Royaume dans les domaines de la technologie, des arts, de la culture, du social ou de l’entrepreneuriat. Cette Fondation est l’une des premières associations à but non lucratif d’Arabie Saoudite. Elle soutient des initiatives internationales, comme le 9e Forum Unesco des jeunes en 2015. Mohammed ben Salmane utilise également la Fondation MiSK pour porter le projet “Vision 2030”, visant à moderniser le pays.
Le 29 avril 2015, à la suite de la mise à l’écart du prince héritier Moukrine ben Abdelaziz et à son remplacement par Mohammed ben Nayef, ministre de l’Intérieur, Mohammed ben Salmane est nommé vice-Prince héritier du Royaume et second vice-Premier ministre.
Le 21 juin 2017, à 31 ans, Mohammed ben Salmane est nommé Prince-héritier par le Roi Salmane et le Conseil d’allégeance de la famille royale saoudienne en lieu et place de son cousin Mohammed ben Nayef. D’après un diplomate, Mohammed ben Salmane est “partisan d’un Etat fort, (et) souhaite privilégier une gestion verticale du pouvoir, plus autoritaire, plus dure, sans concession et sans compromis” pour réformer le Royaume.
Il s’agit d’une transmission du pouvoir inédite en Arabie Saoudite, brisant le système dit adelphique (de frère en frère). En effet, Mohammed ben Salmane n’est ni le plus âgé de ses cousins, ni l’aîné de sa fratrie, mais le choix du Roi Salmane.
C’est quoi le Plan national “Vision 2030” ?
Touchée par la baisse du prix du pétrole, l’Arabie Saoudite doit réduire le budget de fonctionnement de l’Etat. Dans le cadre du Programme de transformation nationale lancé en janvier 2016, Mohammed ben Salmane dresse la feuille de route de plusieurs réformes économiques et sociales qui doivent aboutir à une évolution profonde de l’économie saoudienne vers une économie diversifiée, plus ouverte, industrialisée et modernisée. Développement durable, e-gouvernement, rôle des femmes dans l’économie saoudienne, l’ensemble des mesures du plan “Vision 2030” a été dévoilé le 25 avril 2016, accompagné de la première interview télévisée de Mohammed ben Salmane.
Réformes budgétaires
En raison de la baisse des cours du pétrole en 2015 et de recettes pétrolières revues à la baisse, Mohammed ben Salmane amorce des réformes budgétaires : les subventions sur l’essence, l’eau et l’électricité sont désormais conditionnées aux revenus des ménages saoudiens. Une taxe sur certains produits nocifs pour la santé comme les cigarettes ou les boissons sucrées a également été introduite. En avril 2017, Mohammed ben Salmane rétablit la plupart des bonus et aides aux fonctionnaires.
Libéralisation économique
Président du Conseil des affaires économiques et du développement depuis le 29 avril 2015 et président du Conseil suprême de la compagnie Saudi Aramco, il est responsable de la politique pétrolière et économique du Royaume.
L’objectif du plan “Vision 2030” est de diversifier l’économie du pays en réduisant sa dépendance vis-à-vis du pétrole. Mohammed ben Salmane décrit cette réforme comme “thatchérienne”. Elle repose notamment sur la libéralisation des prix du marché de l’énergie, le développement de secteurs sous-exploités (mines d’uranium, tourisme religieux), ainsi que la mise en œuvre d’une politique de privatisation (santé, éducation, secteurs militaires), l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée et la réduction des aides sociales.
Il impulse également une profonde réforme de l’administration du Royaume, en important la méthode de gouvernance anglo-saxonne des Key Performance Indicators (KPI) qui vise à assigner aux hauts fonctionnaires des objectifs précis.
Economie et société
En janvier 2016, Mohammed ben Salmane annonce qu’un projet de privatisation partielle de Saudi Aramco est à l’étude et qu’une décision sera prise dans les prochains mois. Cette privatisation de 5 % du capital de la compagnie pétrolière nationale pourrait donner naissance à la première capitalisation boursière mondiale, estimée à 2000 milliards de dollars.
Elle traduit une volonté nouvelle d’ouverture du capital aux investisseurs étrangers. Le Prince-héritier a annoncé que le produit de la vente des 5 % et des dividendes, qui serviront à alimenter le Fonds public d’investissement d’Arabie Saoudite, seront réinvestis dans d’autres secteurs dans le cadre de la diversification de l’économie.
Le 24 octobre 2017, lors d’une conférence intitulée Future Investment Initiative réunie à Riyad, Mohammed ben Salmane dévoile Neom, projet de zone de développement économique et “mégapole high-tech” sur les rives de la mer Rouge (Golfe d’Aqaba, essentiellement dans la province de Tabuk).
Relations avec les autorités religieuses
En marge de la conférence Future Investment Initiative du 24 octobre 2017, Mohammed ben Salmane affirme vouloir mettre fin à l’influence notable que les milieux religieux conservateurs exercent sur la société saoudienne depuis des décennies, en déclarant : “Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions”, tout en ajoutant : “Nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant”. Il veut notamment favoriser l’accès des femmes au marché de l’emploi.
Depuis février 2018, les femmes peuvent créer et gérer leur propre entreprise sans autorisation préalable d’un tuteur masculin. Depuis la même date, des postes militaires sont ouverts aux femmes dans plusieurs régions d’Arabie saoudite. Il estime que “les lois de la charia sont très claires. Comme les hommes, les femmes doivent s’habiller de manière décente”, mais précise au sujet de ces dernières que ça” ne signifie pas porter une abaya ou un foulard noir “.
Il déclare que l’Etat d’Israël, comme la Palestine, a droit de cité et présente l’Arabie saoudite comme “la première victime de l’extrémisme”.
Outre le tourisme religieux qui est un secteur capital de l’économie saoudienne, le Royaume tend à s’ouvrir au tourisme non religieux. Les cinémas ou les randonnées sur les sites naturels et archéologiques du pays se développent…
La Rédaction avec Wikipédia
La Rédaction avec Wikipédia