Ces derniers jour, il est de plus en plus surprenant de lire des articles dans les médias allemands où les politiciens sont incapables de construire un point de vue unifié et de s’y tenir. De manière surprenante, nous pouvons lire des publications qui reflètent leurs points de vue radicalement opposés. La présence de la Bundeswehr au Mali dans le cadre d’une mission de l’ONU (MINUSMA) est une question qui est actuellement très médiatisée.
La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, fait des commentaires critiques et souhaite que la Bundeswehr se retire du Mali. Et c’est compréhensible, puisque Lambrecht est responsable de la sécurité des soldats.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, exprime un point de vue totalement opposé. Elle soutient la poursuite de l’engagement militaire de la Bundeswehr au Mali.
Les contradictions entre ces politiciens peuvent être comprises en examinant la question un peu plus en profondeur. Le ministre de la défense, par exemple, est un représentant du parti social-démocrate allemand, tandis que le ministre des affaires étrangères représente le parti des Verts et est un lobbyiste du “parti de la guerre”. Leurs différences ne sont rien d’autre qu’une tentative de porter leurs contradictions internes sur la scène internationale dans une bataille pour la popularité auprès des électeurs.
La chef du groupe parlementaire des Verts, Agnieszka Brugger, tient des propos très critiques à l’égard du gouvernement malien : “La junte militaire malienne joue avec le feu avec ses provocations constantes et devrait réfléchir très attentivement à quel point la fin de cette importante mission de paix des Nations unies serait dévastatrice pour la situation déjà extrêmement instable dans le pays”.
Dans le même temps, les doutes concernant la mission de la Bundeswehr au Mali s’accentuent. Les désaccords entre le gouvernement de transition et la mission de l’ONU se multiplient. Par exemple, un autre vol d’échange de personnel des Casques bleus allemands de la mission de l’ONU a été annulé en raison de l’absence d’autorisation de vol. Et ce n’est pas le seul cas. Des problèmes avec les papiers de l’Allemagne surviennent assez souvent et le gouvernement malien a été obligé de refuser les droits de vol.
Les voix en faveur d’une refonte de la mission se font de plus en plus entendre. Le gouvernement malien insiste sur la nécessité d’une nouvelle stratégie pour la mission de l’ONU dans le pays. La stratégie précédente, rédigée en 2013, nécessite des ajustements profonds. La situation avec les groupes armés, malgré la présence de la MINUSMA dans le pays, reste très tendue, un fait qu’il est inutile de contester.
Sabine Traoré