Médias: les journalistes locaux constituent la plupart des victimes

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Médias : les journalistes locaux constituent des victimes
La majorité des journalistes sont attaqués dans des pays où la presse est muselée par l’appareil d’Etat.
RSF

Ce samedi 3 mai est la Journée mondiale de la liberté de la presse. Selon le classement annuel de Reporters sans frontières, 4 milliards d’humains n’ont pas un accès libre à l’information et les zones de conflit deviennent de plus en plus dangereuses à couvrir.

 

 

Ernest Sagaga, responsable du département des droits de l’homme et de la sécurité au sein la Fédération internationale des journalistes, décrypte la situation.

 

 

RFI : Dans l’actualité la plus immédiate, le conflit dans l’est de l’Ukraine mobilise les rédactions. A votre connaissance, les journalistes ukrainiens ont-ils la liberté de faire leur métier correctement aujourd’hui ?

Ernest Sagaga : En Ukraine, il y a à la fois des journalistes aussi bien Ukrainiens que des correspondants étrangers, qui ont essayé du mieux qu’ils pouvaient de couvrir les protestations qui ont commencé l’année passée. On a constaté plusieurs cas d’harcèlements, d’attaques ciblées, autant par les partisans du régime déchu du président Ianoukovitch, mais aussi à l’est actuellement par les miliciens ou les gens qui sont opposés au régime du pays. Nous voyons donc que cela fait cinq mois que les journalistes sont attaqués, aussi bien à Kiev pendant la crise, qu’actuellement à l’est du pays.

 

 

Ils sont soumis à d’intenses pressions ?

Tout à fait. Il y a des actes d’intimidation, il y a des attaques, il y a des arrestations. Des journalistes américains, britanniques, mais aussi ukrainiens, qui sont actuellement à l’est, sont victimes de ces agressions pratiquement quotidiennes.

 

 

Globalement, la tendance montre que les zones de guerre, de conflits sont de plus en plus dangereuses à couvrir pour les journalistes. On a des exemples récurrents, notamment en Syrie, où les reporters sont pris en otage. A l’information se substitue le fait que les reporters sont également devenus de véritables cibles sur ces terrains de guerre.

Il faut bien comprendre que dans tous les conflits armés il se passe des choses qu’on ne veut pas exposer au public. Et pour plusieurs de ces groupes armés, les journalistes sont des témoins gênants, ils font tout pour justement les écarter, en essayant de manipuler l’accès à l’information. Et quand ce n’est pas possible, à s’attaquer directement aux journalistes pour les empêcher de faire le travail en toute indépendance. Donc, c’est vraiment une guerre contre toute transparence et les journalistes sont malheureusement sur la ligne de front.

 

 

Vous diriez qu’il y a une disparité entre journalistes du Nord et du Sud ? Qu’il y a ceux, finalement, qui sont monnayables en cas de prise d’otages et les autres ?

Tout à fait. On a remarqué, et nous avons des cas précis, où des journalistes étrangers ont été retenus en otages, justement dans l’espoir de pouvoir négocier. Car les preneurs d’otages savent bien que le gouvernent, dans la plupart des cas des puissances occidentales, peut éventuellement, soit payer, soit mener certaines actions auprès des gouvernements pour faire libérer les partisans des groupes armés ou d’autres groupes.

 

 

Mais il faut aussi dire que dans la plupart des cas, je pense qu’en temps de paix comme en temps de guerre, les journalistes locaux forment la plupart des victimes. Mais simplement quand il s’agit d’otages, ceux qui viennent des pays puissants, forts, sont plus ciblés parce qu’ils savent bien qu’ils peuvent rapporter plus.

 

 

Votre fédération s’est engagée depuis plusieurs années pour assurer la sécurité des journalistes qui sont déployés dans les zones de conflits. Concrètement, comment vous menez ce combat ?

C’est un combat que nous menons sur plusieurs fronts. Dans un premier lieu, nous essayons d’intercéder auprès des autorités concernées, pour leur faire comprendre qu’il va de leur obligation de respecter, de faire respecter les droits des journalistes.

 

 

Mais il y a aussi un autre front que nous avons ouvert depuis un certain temps dans plusieurs pays, c’est de travailler avec des organisations intergouvernementales, régionales, comme l’Union européenne – qui est un bailleur de fonds dans plusieurs pays du pays monde, donc qui jouit d’une influence économique, politique et diplomatique, et qui peut nous aider à faire ramener à la raison certains gouvernements – mais aussi les Nations unies au niveau global, où, comme vous l’avez entendu l’année passée, l’Assemblée générale a voté une résolution établissant une journée mondiale contre l’impunité.

 

 

Nous pensons que c’est quand même un succès, non seulement de ce que nous nous avons fait en tant que fédération internationale, mais aussi d’autres partenaires qui militent, justement, pour la liberté de la presse et la protection des journalistes dans le monde.

 

 

Vous plaidez pour que soient traduits en justice ceux qui agressent les journalistes. C’est le cas notamment pour nos deux confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon qui ont été assassinés en novembre 2013 au Mali.

 

 

Nous pensons et nous avons des preuves qui montrent à suffisance que l’impunité c’est la cause principale de la violence dont sont justement victimes les journalistes à travers le monde. Alors nous disons que chaque fois qu’il y a une attaque contre des journalistes, il faut qu’il y ait des enquêtes approfondies, sérieuses, indépendantes, qui puissent faire traduire les auteurs devant la justice. C’est la seule raison qui pourra éventuellement prévenir d’autres attaques à l’avenir.

 

 

Et malheureusement, c’est un combat qui est loin d’être gagné, parce que le gouvernement, mais aussi les groupes non armés comme les miliciens somaliens ou ceux que l’on trouve au Mali et au Nigeria, qui franchement ne respectent aucune loi. Mais nous pensons qu’il faut absolument une action globale, pour faire comprendre à tout le monde qu’une attaque contre des journalistes ne doit pas rester impunie.

 

 

La majorité des journalistes sont attaqués dans des pays où la presse est muselée par l’appareil d’Etat, où il y a de fortes tensions politiques, comme la Chine ou le Mexique.

Mais aussi l’Egypte comme vous l’avez mentionné il y a quelques minutes. Il est vrai – et c’est paradoxal – qu’il y a plus d’attaques contre les journalistes en temps soi-disant de paix, que ce soit aux Philippines, au Mexique. Il faut bien dire qu’au Mexique il y a une situation particulière. Il y a des hommes qui échappent au contrôle du gouvernement central où les cartels de la drogue font régner leur loi, évidemment qui est la loi de la violence, et les autorités, bien qu’elles soient disposées à faire ce qu’elles peuvent, elles ont besoin d’aide.

 

 

Mais en Chine comme en Corée du Nord, il n’y a aucune formation. On ne sait pas ce qui se passe. Nous savons pourtant très bien que les journalistes ne sont pas à même de vaquer à leurs occupations en toute indépendance. Et c’est pour ça que nous menons l’action au niveau global, parce qu’éventuellement on ne peut pas agir d’une façon bilatérale entre nous-mêmes et le gouvernement. Nous avons besoin de l’aide de la communauté internationale. Et c’est pour ça que nous travaillons étroitement avec les agences des Nations unies, comme l’Unesco et le Haut commissariat aux droits de l’homme.

 

par Alexandra Cagnard / rfi.fr

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1 commentaire

  1. Il tombe de l’avion sans papier, plic, ploc, plac;

    Il tombe du Boeing selon Mara, plein mon Mali.

    Il tombe du ciel, c’est de l’avion et ATT prend.

    Et même pas d’entretien!
    Quel temps de crétin!

    Pour la nouvelle grenouille de la primature!
    Il tombe de l’avion, plic, ploc,plac;
    Il tombe du Boeing sans propriétaire, plein notre Mali.
    Après la pluie d’avion
    Viendra le vent des voyages inutiles.
    En arrivant
    Il vous essuie de vos mensonges d’état.
    Il tombe de l’avion, plic, ploc,plac;
    Il tombe du Boeing sans aucun papier, plein mon Mali.

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