Mauritanie-Sénégal: Attention au réveil des vieux démons !

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Depuis quelques semaines, les relations entre la Mauritanie et le Sénégal traversent à nouveau une zone de turbulence. Entre les dissensions sur la situation en Libye, la question de la candidature de la Mauritanie comme membre non permanent du Conseil de Sécurité et les incompréhensions au niveau du transport terrestre et aérien, les deux voisins seraient une, nouvelle fois, en train de se crêper les chignons. Et comme en 1989, une certaine presse malintentionnée – des deux côtés de la frontière – est en train d’attiser des tensions au risque de réveiller de vieux démons qui somnolent depuis quelques années.

 

Selon donc plusieurs observateurs, l’origine de cette nouvelle montée d’adrénaline entre Nouakchott et Dakar aurait pour origine la crise libyenne au sujet de laquelle les deux Chefs d’Etat auraient eu des appréciations différentes, Abdoulaye Wade préférant faire cavalier seul.

 

Wade, l’étranger comme planche de salut ?

 

De fait le Chef de l’Etat sénégalais, malmené au plan intérieur depuis plusieurs mois, a toujours utilisé les dossiers internationaux pour se faire une nouvelle virginité. Et le hasard a fait que cette fois-ci, du fait de son mandat de président en exercice du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, c’est le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui est sous les feux de la rampe. Un président Aziz que Wade avait contribué à légitimer en faisant signer les fameux Accords de Dakar, qui avaient permis l’organisation de l’élection présidentielle du 18 juillet 2011 remportée dès le 1er tour par le candidat Aziz.

 

Aujourd’hui, cette époque semble lointaine et les tensions se succèdent depuis quelques mois. Ce fut d’abord la crise des transporteurs routiers qui avait conduit à un blocage de plusieurs jours des camions des deux côtés de la frontière entrainant des ruptures d’approvisionnement de plusieurs denrées.

 

Récemment, donc la crise libyenne a fait monter la tension d’un cran à cause de l’attitude du Président Wade qui, au mépris des démarches de médiation de l’Union Africaine, a reconnu le Conseil National de Transition (CNT) comme représentant du peuple libyen, avant de se rendre dans leur fief de Benghazi. Ce qui a été de nature à irriter le Président Aziz qui était justement à la tête du panel de Chefs d’Etat chargé de trouver une issue à cette crise. Et comme pour enfoncer le clou, le Sénégal aurait émis des réserves sur la candidature de la Mauritanie comme membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

 

Nervosité et tensions récurrentes

 

Pour encore ajouter à la tension, la Mauritanie vient d’interdire à Sénégal Airlines de survoler son territoire en réponse, dit-on, à la décision des autorités sénégalaises de refuser à Mauritania Airlines l’accès à son sol. Mais ce qu’on n’explique pas côté mauritanien, c’est que Mauritania Airlines, contrairement à Sénégal Airlines, ne dispose pas encore d’un Certificat de Transport Aérien (CTA) ; ce qui, du point de vue de la réglementation qui régit les transports aériens internationaux, interdit à tous les pays signataires de ces conventions, d’accepter ses avions sur leur territoire.

Quoi qu’il en soit, toutes sautes d’humeur ne concernent en rien les populations qui, en dernier ressort, seront les victimes d’une éventuelle escalade de la crise. Chacun devra donc raison garder et éviter de verser dans la surenchère afin d’éviter l’engrenage de 1989.

On se rappelle en effet que cette crise s’était soldée par la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays pendant plusieurs années, des dizaines de milliers de victimes dans les deux pays, des milliers de réfugiés de part et d’autre, sans parler des répercussions non négligeables sur la politique intérieure de chaque Etat. Elle a marqué durablement les relations entre les différentes communautés.

 

Sikhousso (Eveil Hebdo)

 

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