La presse africaine est en deuil. Le journaliste mauritanien, Sidi Moctar Cheiguer grand combattant de l’Écologie dans les salles de presse à travers le monde n’est plus. Son évacuation sur Nouakchott (capitale mauritanienne) devrait intervenir cet après-midi à Niamey où il officiait comme Consultant en Communication au bureau de la BAD-Niger. Confidentiel Afrique lui rend un hommage.
Le journaliste mauritanien Sidi Moctar Cheiguer, en poste en qualité de Consultant-Communicant au bureau de la Représentation de la Banque africaine de développement au Niger, est décédé ce mercredi matin 29 mars tôt à l’hôpital de référence de Niamey, où il avait été interné il ya quelques jours. L’homme des médias, fondateur du mensuel économique L’Essor au début des années 2000, était le président fondateur du Réseau africain des journalistes de l’environnement plus connu sous son acronyme anglais ANEJ. Diplômé du Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) de Dakar, Cheiguer a longtemps officié dans le pôle Radio et Télévision de Mauritanie avant de créer son journal, creuset d’une réflexion plurielle sur l’économie de la Mauritanie et de l’Afrique en général. Au CESTI, cet incubateur académique pointu qui a formé les grands journalistes du continent africain, sa silhouette se faisait bien remarquer par les potaches de l’institut. Ses camarades de promotion, entre autres, Bocar Niang (ex-Sud Quotidien de Dakar Papa Atoumane DIAW, RTS ) gardent encore de lui l’image d’un étudiant assidu et passionné du journalisme, qui venait d’un pays austère où manquait presque du tout. Après deux décennies d’engagement pour une presse plurielle et respectée en Mauritanie, le journaliste Sidi Moctar Cheiguer fascinait et forçait l’estime et admiration aux yeux de ses collègues africains et ceux du monde.
Au four et au moulin, il s’est « liquéfié » pour emprunter le jargon des harponneurs, sous la chaudière d’une presse en déclin qu’il tentait à tout prix de remettre les choses à leurs justes places. Sidi Moctar a bataillé avec abnégation et courage et donné de son temps utile à son métier, sillonnant d’un continent à l’autre et arpentant les couloirs des pavillons des grands évènements internationaux sur des enjeux de l’heure tels que; les changements climatiques, la restauration de l’orthodoxie du journalisme en Afrique, mais surtout les questions touchant à la démocratie politique et à la bonne gouvernance des ressources naturelles du continent. Icône pure et dure du journalisme d’abord en Mauritanie et au delà des frontières du désert chaud et des tentes qui dégagent les odeurs du thé à la menthe et du « banava », cette soupe aux morceaux de viande dégraissés et pommes de terre à vapeur, Sidi Moctar était d’un avenant débordant. Nous étions amis et si proches. Il prenait du plaisir à me contacter régulièrement au téléphone et me laissait des messages vocaux en cas d’injoignabilité. Consultant à la Banque Africaine de Développement (BAD) avec comme résidence Niamey, Sidi Cheiguer, a brillé au dernier sommet de l’Union africaine sur la ZLECAF tenu dans la capitale nigérienne le 26 novembre 2022. Il était en charge de la communication institutionnelle de la Représentation du bureau BAD-Niger. Dans un passé récent, il avait conduit plusieurs études stratégiques et séminaires de renforcement de capacités à l’intention des journalistes. En 2011, il a élaboré une stratégie de Communication pour les Ministères Africains de l’Environnement avec la collaboration de UNEP.
Pendant cinq jours durant le sommet sur l’industrialisation économique Zlecaf à Niamey, nous nous quittions qu’aux alentours de 22 heures, après des tables rondes époustouflantes. Sidi Moctar Cheiguer épiait tout. La bonne info surtout, disons livrer de « l’information de qualité » était son dada. Il écumait aussi la gastronomie sénégalaise. En bon épicurien. Peu importe où il devait manger son « thiep dieune », riz au poisson, une spécialité sénégalaise. Il ya deux semaines dans un quartier populaire de Niamey, de bric et de broc, on nous le servit, préparé sans les bouillons qu’il détestait. Il se confiait beaucoup à moi. Dans les moindres détails des vicissitudes de son métier qu’il a servi avec grandeur et dignité. Son fils, le benjamin, Sidi Mohamed Cheigueur, comme par miracle a quitté Tunis où il étudie la finance pour passer quelques jours de vacances avec le pater Sidi Moctar.
Coup du destin, le journaliste, pris d’un malaise sur sa natte de prière, est évacué illico presto aux urgences de l’hôpital de référence de Niamey. Je me suis rendu à son chevet à deux reprises. D’un mental d’acier, remettant son sort entre les mains de son Créateur. Sur son lit d’hôpital, il n’a cessé de faire des » Istifars » aux côtés de son fils Sidi Mohamed et de son frère Mohamed Salem Ould Louly, venu l’assister. Ses collègues de la Banque africaine de développement passaient aux heures de visite prendre de ses nouvelles. Son évacuation vers l’Espagne était dans les starting-blocks. L’appareil devant le transporter de Niamey en Espagne était programmé ce mercredi 29 mars. Hélas, le destin dicta sa loi. Notre cher Sidi Moctar Cheiguer rendit l’âme tôt ce matin à l’hôpital de référence de Niamey. L’ambassadeur de Mauritanie au Niger Son Excellence Sidati Ould Cheikh Ould Ahmed Aicha a pris les choses en main aux côtés des autres membres de la famille pour son évacuation sur Nouakchott cet après-midi ou dans la soirée. À ses camarades de promotion du Cesti, Bocar Niang, El Malick Cissé, Papa Atoumane DIAW, ses amis chers à lui, Adama Wade Directeur de Financial Afrik, Mohamed Lemine Salem de Apanews, Youssouf Diakite de l’ORTM ( Radio Télévision du Mali), Abba Seidik, Abdoulaye Thiam, qui sont dévastés par cette disparition, je leur dis que Sidi n’est point parti. Lui, l’orfèvre du journalisme est toujours là.. Comme un Ange qui veille sur son environnement verdoyant et en Bon Combattant de l’Écologie. Adieu l’artiste !
Par Ismael AÏDARA, Directeur Éditorial de Confidentiel Afrique