Le 2e Forum mondial des droits de l’Homme a réuni un casting impressionnant, aussi engagé que divers dans ses origines et revendications. Un panorama unique allant des représentants et chefs d’Etats ou acteurs de terrain.
Réactions de quelques personnalités
Mustafa Ramid, ministre de la Justice et des Libertés
“Nous sommes face, à l’époque du numérique, à de nouvelles questions urgentes et au défi climatique. Les pays africains doivent être actifs en production de lois en faveur des droits de l’Homme. Le continent, qui n’a pas participé à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits humains, ne doit pas être un simple consommateur mais doit jouer pleinement son propre rôle et faire entendre sa voix. Notre premier défi est celui de l’équité et de l’égalité entre les hommes et les femmes, même si nous sommes encore loin des ambitions fixées. Le Maroc est fier d’annoncer, à l’occasion de ce forum, qu’une loi punissant la violence faite aux femmes est en préparation, mais aussi la création d’un comité pour le plaidoyer de la lutte contre toute forme de discrimination.”
Baudelaire Ndong Ella, président du Conseil des droits de l’Homme, Gabon
“Les travaux de notre conseil sont par nature ouverts à la société civile. Son mécanisme d’évaluation permet d’établir une carte mondiale claire sur la situation des droits humains. A ce titre, je tiens à féliciter le Maroc pour la ratification du protocole contre la torture. Une avancée majeure”.
José Luis Rodríguez Zapatero, ancien chef du gouvernement espagnol
“Aucun concept n’est plus important que celui des droits de l’Homme. Il nous faut penser, à l’occasion de ce forum, aux étudiants d’Iguala au Mexique, aux femmes séquestrées en Irak et au Nigeria, aux personnes discriminées en raison de leurs orientations sexuelles, aux journalistes assassinés par les fondamentalistes, et à toutes les femmes maltraitées dans le monde. Je tiens ici à applaudir toutes les ONG qui maintiennent la flamme des droits de l’Homme, et je soumets le premier objectif de l’agenda post 2015 : l’égalité entre les hommes et les femmes pour mettre fin à des siècles de machisme.”
Ibrahim Salama, directeur, Division des organes des traités, Haut commissariat aux droits de l’Homme
“Ce sont aux responsables de faire respecter les droits de l’Homme, et particulièrement dans les pays émergents, car le développement n’est possible que si les individus sont libres. Lutter contre le terrorisme et la pauvreté ne justifie pas les manquements aux droits humains. Alors que les politiques et leurs responsables changent et se succèdent, seuls les peuples restent les grands arbitres”.
Saber Hossein Chowdhury, président de l’union interparlementaire internationale, Bangladesh
“L’extremisme semble devenir la norme dans trop d’endroits dans le monde. Le dialogue politique est la seule réponse à ce fléau. Ce ne sont ni les guerres, ni les combats. Mais traduire la Déclaration universelle des droits de l’Homme en lois nationales est très difficile.”
Ideli Salvati, ministre chef du Secrétariat des droits de l’Homme de la Présidence du Brésil
“L’enjeu du 1er forum organisé au Brésil a été de prouver au monde entier que nous avions les capacités d’organiser un tel événement. C’est aujourd’hui au tour du Maroc de confirmer que c’est possible. Nous sommes tous réunis ici pour dire qu’aucune personne n’est en droit de s’arroger plus de droits au détriment d’autres personnes. La grande nouvelle pour le Brésil est que le pays a été exclu cette année de la carte mondiale de la faim par les Nations unies.”
Fatou Bensouda, Procureur général de la CPI
“La Cour pénale internationale est l’outil légal contre les crimes à l’encontre des droits de l’Homme et de l’enfant. J’invite ici tous les Etats à agir concrètement contre l’impunité des auteurs de crimes de masse, car les lacunes persistent encore dans de nombreux Etats.”
Naima Ammar, représentante des Femmes soulalyates
“Nous ne revendiquons rien d’étrange, juste nos droits sur les terres communales. Je suis la porte parole des femmes soulalyates au Maroc et vous remercie pour cette tribune unique qui s’offre à notre cause. Certaines d’entre nous se battent et nous défendent et ont été, à ce titre, emprisonnées et torturées. Nous sommes nous aussi en faveur du développement durable et ne sommes pas toutes illettrées. Certaines peuvent mener des projets sur nos terres, mais pour cela il nous faut un cadre légal, des lois.”
Florence Bellivier, présidente de la coalition mondiale contre la peine de mort
“Les Etats qui appliquent la peine de mort sont très différents. Des démocraties, des pays émergents, du Sud comme du Nord. A force de conviction, nous arriverons un jour à désarmer le bourreau, et j’espère que l’abolition de la peine de mort sera la grande avancée du 21e siècle. Nous sommes tous responsables des 778 personnes (sans compter la Chine) qui ont été exécutées en 2013.”
Jim Boumelha, Fédération internationale des journalistes
“Nous payons de plus en plus cher l’information par la mort de ces journalistes, victimes collatérales des conflits dans le monde. Cette situation nous concerne tous. Nous pouvons parler de bonne gouvernance seulement quand les politiques assurent aux journalistes la liberté d’enquêter et de critiquer.”
L’Economiste Stéphanie JACOB