Manifestations à hauts risques entre pro et anti-Morsi au Caire

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Un manifestant devant le palais présidentiel, le 5 décembre 2012 au Caire
© AFP

Partisans et adversaires du président égyptien Mohamed Morsi ont appelé à manifester mercredi après-midi devant la présidence au Caire, laissant craindre des heurts au lendemain de manifestations d’une ampleur sans précédent à cet endroit depuis la révolte de 2011.

L’opposition principalement laïque et de gauche, qui a mobilisé mardi des dizaines de milliers de personnes devant le palais présidentiel dans le quartier cossu d’Héliopolis, a appelé à de nouvelles protestations au même endroit pour dénoncer les pouvoirs exceptionnels que M. Morsi s’est octroyés.

“Si les Frères musulmans ne nous attaquent pas, tout se passera bien”, a déclaré à l’AFP Mohamed Waked, porte-parole du Front national pour la justice et la démocratie, l’une des composantes de l’opposition. “Si ce n’est pas le cas, nous tiendrons M. Morsi pour responsable”.

Quelques instants auparavant, la confrérie des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, a également appelé à un rassemblement devant le palais présidentiel “pour défendre la légitimité” du président face aux opposants qui cherchent “à imposer leurs opinions par la force”.

Depuis Bruxelles, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton estimé que “les troubles auxquels nous assistons actuellement (…) démontrent la nécessité urgente d’un dialogue” entre les parties rivales égyptiennes.

La confrontation redoutée des deux camps, qui avaient jusque-là pris soin de manifester en des lieux ou des moments différents, intervient à dix jours d’un référendum controversé sur un projet de Constitution, qui a exacerbé les divisions en Egypte.

Mardi soir, des dizaines de milliers d’opposants avaient assiégé la présidence, ce qui ne s’était jamais produit même pendant la révolte qui avait entraîné la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011.

Contagion

Les manifestants, appelant au départ de M. Morsi, ont coupé les barbelés à quelques centaines de mètres du palais, et la police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, sans succès, avant de battre en retraite.

Des centaines d’entre eux, abrités sous des tentes, étaient toujours mercredi devant le palais d’Ittihadiya, dont les murs ont été couverts de graffitis anti-Morsi.

Le président est néanmoins revenu y travailler dans la matinée selon l’un de ses conseillers.

Les manifestations de mardi sont les plus importantes d’une série de mobilisations contre M. Morsi, le premier chef d’Etat civil et islamiste du pays élu en juin dernier.

Des heurts et des manifestations ont également eu lieu mardi dans d’autres villes du pays, à Alexandrie (nord), ainsi que dans les provinces de Minya et Sohag (centre).

Les adversaires de M. Morsi rejettent le décret du 22 novembre, qui a élargi ses pouvoirs et les a placés au dessus de tout recours judiciaire, provoquant la fronde d’une grande partie de la magistrature.

Le président a aussi décidé d’aller à marche forcée vers le référendum constitutionnel du 15 décembre, avec un projet bouclé en toute hâte dont les libéraux, partis de gauche et églises chrétiennes ont boycotté la rédaction.

Ce projet de Constitution est accusé par l’opposition de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d’expression, et d’ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique.

Des centaines d’autres opposants à M. Morsi ont passé la nuit sur la place Tahrir, sous des dizaines de tentes érigées le 23 novembre.

Face à cette crise, la pire depuis son arrivée au pouvoir, M. Morsi a affirmé que ces mesures sont destinées à accélérer une transition tumultueuse, et insisté sur le fait que ses pouvoirs exceptionnels, censés se terminer avec l’adoption de la Constitution, n’étaient que “temporaires”.

Le Front de salut national, dirigé par des figures de l’opposition dont l’ancien chef de l’AIEA Mohamed ElBaradei et l’ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa, a appelé M. Morsi à annuler le décret et le référendum. Il l’a invité à former une nouvelle commission constituante plus représentative de la société, la précédente étant dominée par les islamistes.

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