Dimanche 8 octobre 2017, une quinzaine d’associations de la société civile ainsi que des activistes africains se sont rencontrés à Bamako. Ils ont constitué un front, le Front international de la société civile panafricaine (Fiscpa). Ils suivent notamment la situation du Togo.
Les activistes du continent africain, membres du Fiscpa créé à Bamako dimanche 8 octobre, ont des contacts avec leurs camarades togolais qui font partie de la contestation locale.
Simon Kouka, artiste rappeur et membre du mouvement sénégalais « Y’en a marre », raconte : « La semaine dernière, on a reçu certains collègues togolais au QG “Y’en a marre” à Dakar et c’est le message qu’on est en train de leur dire : il faut qu’ils tiennent bon. Ce n’est pas nous qui allons mener votre combat. Battez-vous, imposez-vous. Et je crois que là, ils tiennent le bon fil. »
D’autres activistes africains sont inquiets du rôle de la médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans la crise togolaise. « La Cédéao a toujours été comme ça ! La Cédéao prend toujours partie ! La Cédéao doit plutôt aller dans le sens de dire à Faure Gnassingbé que le peuple a décidé qu’il parte », juge Elie Kamano, artiste auteur guinéen.
Parrain des membres du Fiscpa, l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly s’adresse directement au président togolais Faure Gnassingbé : « Je lui dirais simplement de quitter le pouvoir pendant qu’il est temps. Ça fait cinquante ans que la famille Eyadema règne sur le Togo. Ce n’est pas normal. » Il ajoute : « Attention aux violations des droits de l’homme. »
Plainte à la CPI contre Nicolas Sarkozy
La première action déclenchée par le Fiscpa est une plainte à la Cour pénale internationale (CPI) contre l’ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir provoqué l’intervention en Libye qui a débouché sur la mort du colonel Kadhafi.
« Les ONG n’ont pas un recours direct à la CPI, pas plus que des particuliers. Elles ne sont pas susceptibles d’enclencher une action judiciaire devant la CPI. Alors, quelles sont les possibilités ? C’est éventuellement de saisir le bureau du procureur, le prévenir qu’il y a une situation grave qui relève de la compétence de la Cour. Et le procureur, lui, peut ouvrir une information, s’autosaisir sur la base d’informations qui ont été portées à sa connaissance, lorsqu’il s’agit d’Etats qui ont ratifié le statut de la CPI », explique l’avocat Maître Patrick Baudoin, ancien président d’honneur et conseiller juridique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
« Deuxièmement, la CPI n’est pas compétente pour tous les assassinats de la planète. Il faut donc, quand on dépose une plainte, justifier que c’est un crime de guerre, ou un crime contre l’humanité, ou un crime de génocide. Je dois dire que de saisir la CPI en faisant reproche à Monsieur Sarkozy d’avoir été complice de l’assassinat de Monsieur Khadafi ne me paraît pas sérieux, ne me paraît pas relever de la possibilité de saisir les compétences de la Cour », avise-t-il.
Les organisations « Jeunesse s’organise maintenant pour son avenir » de la Guinée, ou encore « le Balai citoyen » du Burkina Faso, étaient aussi présentes à Bamako dimanche.