L’Association malienne des expulsés (AME) et la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) ont produit un rapport d’observation à la frontière Mali-Côte d’Ivoire. Ce document de 39 pages a été présenté aux journalistes le mercredi 26 septembre au siège de l’AME sis à Djélibougou.
L’AME fait partie d’un vaste réseau dénommé «le collectif Loujna Tounkaraké», réunissant des organisations de la société civile de France, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, pour la protection des droits des migrants. Une mission conjointe de l’AME et de la CSCI s’est déroulée du 29 septembre au 5 octobre 2017. Il s’agissait de procéder à la collecte des données sur les violations des droits des migrants et entraves à la liberté de circulation sur cet axe routier Abidjan-Bamako long de 1175 km.
Sur les axes routiers Bamako-Zégoua et Abidjan-Pogo, selon le rapport d’observation produit par la mission, les autorités routières extorquent les migrants au détriment des accords et conventions signés entre les Etats membres de la Cédéao dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cédéao. Ce sont autant de situations qui impactent négativement la vie de certaines personnes vulnérables en situation de migration.
À l’issue de cette mission d’observation, il a été constaté une violation récurrente des droits des voyageurs et des migrants au cours de leur déplacement, même si certains ont affirmé qu’ils n’ont pas encore été victimes de refoulement ou de détention arbitraire. Le rapport conclut qu’ils ne sont guère protégés contre ces atteintes à leurs droits fondamentaux.
Il ressort, entre autres, l’abus et l’extorsion de fonds sur des personnes vulnérables ; le comportement de certains agents des forces de sécurité ayant pour habitude de récupérer toutes les pièces d’identité des voyageurs en les rackettant ; le durcissement des contrôles aux frontières ivoiriennes et maliennes.
Il s’avère que les rackets récurrents sur le trajet avec prélèvement de sommes d’argent dont le montant varie selon les postes de contrôle n’ont aucune base juridique et nuisent à la liberté de circulation dans la sous- région ouest-africaine, éloquemment exprimée et défendue dans les protocoles de la Cédéao.
Rappelons que le rapport produit par les deux organismes sera remis aux autorités compétentes ivoiriennes et maliennes pour le respect des engagements signés dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cédéao.
Gabriel TIENOU