Macron fait profil bas sur les droits humains en Egypte

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Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi aux Invalides à Paris le 24 octobre. CRÉDITS : CHARLES PLATIAU / AFP
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi aux Invalides à Paris le 24 octobre. CRÉDITS : CHARLES PLATIAU / AFP

Le président français a refusé mardi de « donner des leçons » sur les droits de l’homme à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en visite officielle à Paris.

S’il a rappelé « la nécessité impérative de mener la lutte contre le terrorisme dans le respect de l’Etat de droit », le président Emmanuel Macron est resté plus que mesuré dans ses propos à l’issue du déjeuner de travail, mardi 24 octobre à l’Elysée, avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, insistant surtout sur le « combat commun » contre le djihadisme. « De la même façon que je n’accepte qu’aucun autre dirigeant ne me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays (…), je crois à la souveraineté des Etats », a déclaré le président français, appelant à « ne pas donner des leçons hors de tout contexte ».

Les déclarations de M. Macron, dont c’était la première rencontre avec M. Sissi, étaient d’autant plus attendues que les ONG de défense des droits humains comme Human Rights Watch, Amnesty International, la Fédération internationale des droits de l’homme ou Reporters sans frontières dénoncent « la pire crise des droits humains depuis des décennies en Egypte ». On dénombre 60 000 prisonniers politiques et la répression vise aussi les libéraux, la gauche, les homosexuels.

« Partenaire stratégique »

Mais Emmanuel Macron, s’inscrivant dans la continuité de la politique menée par son prédécesseur, veut ménager un « partenaire stratégique » perçu comme un « élément central de la stabilité régionale », notamment pour trouver une solution politique à la crise libyenne. Le Caire est le principal soutien du maréchal Khalifa Haftar, qui s’oppose au gouvernement d’entente nationale de Tripoli reconnu par la communauté internationale. Paris rappelle aussi le rôle clé du Caire dans la réconciliation interpalestinienne.

La durée de la visite – trois jours – et l’importance de la délégation accompagnant le président égyptien témoignent de l’importance accordée à cette relation. Contrairement à Washington, qui a gelé une partie de son aide économique et militaire au Caire pour protester contre le manque de progrès en matière de droits de l’homme, Paris veut renforcer les liens commerciaux et sécuritaires avec le régime d’Abdel Fattah Al-Sissi. Ce dernier a fait le voyage dans la capitale française accompagné d’une demi-douzaine de ministres dont ceux des affaires étrangères, de l’industrie, des finances, de la planification et des transports.

Depuis 2015, l’Egypte a conclu pour plus de 6 milliards d’euros de contrats d’armement avec la France comprenant, notamment, la vente de deux porte-hélicoptères Mistral, d’une frégate, de missiles et de vingt-quatre avions Rafale. Le Caire a aussi pris une option pour douze autres de ces avions de combat, mais le contrat coince sur les conditions financières qui peuvent être octroyées à l’Egypte. Le président égyptien a vu, lors d’un déjeuner à l’Elysée puis à nouveau lors d’un dîner au Quai d’Orsay, son « ami » le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui, lorsqu’il occupait le portefeuille de la défense sous François Hollande, avait négocié ces contrats, se rendant huit fois en Egypte.

Geste discret

Paris se montre donc plus que compréhensif avec son partenaire égyptien. « Le président Sissi a un défi, la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, contre un fondamentalisme religieux violent. C’est le contexte dans lequel il doit gouverner, nous ne pouvons en faire abstraction », a ainsi justifié Emmanuel Macron. A ses côtés, le président égyptien, manifestement agacé, assurait que les forces de sécurité « ne pratiquent pas la torture ».

Selon l’Elysée, lors du tête-à-tête d’une cinquantaine de minutes entre les deux chefs d’Etat, « une quinzaine de cas individuels » de journalistes ou de militants associatifs auraient été évoqués. Ce geste discret, dont les effets restent à vérifier, ne suffit pas à calmer l’ire des organisations de défense des droits humains. « Ce président qui se veut l’infatigable avocat des libertés et des droits s’est fait celui d’Al-Sissi, malgré le désastreux bilan du président égyptien en matière de droit de l’homme », fustige Bénédicte Jeannerod de Human Rights Watch.

 

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1 commentaire

  1. Macron est le président d’un pays fort.Sissi aussi est puissant.
    Alors,il faut pas comparer.
    Malheur aux faibles africains.
    Surtout aux faibles cupides.
    les dirigeants politiques doivent avoir un sens de responsabilité pas toujours d’orgueil mais,être trop dépendant des autres est un acte de faiblesse vis à vis d’eux.
    Voyez HRW n’ose pas accuser la france alors que les ruandais disent que la france a joué un rôle dans le génocide Ruandais.

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