Le 25 mars 2012, le peuple sénégalais a élu Macky Sall, le promoteur du Yoonu Yokkuté (la voie du progrès, en wolof) avec un espoir de rupture par rapport à l’ancien régime qui a brillé, entre autres, par sa gestion calamiteuse des deniers publics. Le candidat Macky Sall avait, durant la campagne électorale, promis monts et merveilles à ses concitoyens ; il les avait surtout promis de réduire le train de vie de l’Etat. C’est ce qui explique les premiers actes qu’il a posés dès sa prestation de serment : limitation à 25 du nombre de départements ministériels (passé depuis le dernier remaniement à 30 ministères) au lieu de 45 au paravent et la suppression de 45 directions et agences de l’Etat. Les économies réalisées devaient servir à satisfaire la demande sociale.
Depuis son installation en avril 2012, le régime actuel nous démontre quotidiennement son inefficacité face aux problèmes réels des sénégalais, avec des tâtonnements sur tous les sujets majeurs ; pire, son incompétence n’est plus à démontrer. Les récentes manifestations des Thiantacounes qui ont été à l’origine d’importants dégâts matériels et de plusieurs blessés à Dakar illustrent parfaitement l’amateurisme de ce pouvoir, incapable d’assurer un devoir étatique fondamental, à savoir celui de garantir la sécurité des citoyens, la sécurité pour leur vie et la sécurité pour leurs biens.
Les promesses de campagne de Macky Sall sont toujours restées en l’état, plus grave encore son exercice du pouvoir et ses pratiques ne sont pas sans rappeler ceux de son prédécesseur. Ceux qui disent qu’avec Macky Sall, c’est « faire du Wade sans Wade » n’ont certainement pas tort ; les faits leur donnent raison : l’argent du peuple continue d’être distribué à volonté à une clientèle politique, des proches du couple présidentiel sont casés dans des structures de l’Etat, le président et son parti continuent d’ouvrir et de fermer les JT de 20h de la RTS…
Toujours, suivant les pas de son ex mentor, Macky Sall s’est révélé un véritable globe-trotter qui, en moins de 7 mois de présidence a déjà effectué pas moins de 12 voyages à l’extérieur, soit une moyenne de presque 2 voyages par mois. Pour un pays dont les « caisses sont vides » et les populations qui ont du mal à s’en sortir, ces voyages sont budgétivores et loin de constituer un signe de bonne gouvernance tant chantée par les tenants du pouvoir actuel. Ces voyages coûtent extrêmement cher aux pauvres contribuables sénégalais que nous sommes. Un simple voyage coûte des centaines de millions de nos francs, en frais de kérosène, d’hôtel de luxe, de protocole, de frais de bouche, sans compte les sommes que le président distribuent à ses militants dans les pays qu’il visite.
Nous vous donnons ci-dessous une liste non exhaustive des voyages présidentiels que nous avons recensés. Vous vous rendrez compte qu’en matière de voyages, notre président n’a absolument rien à envier à Abdoulaye Wade. A ce rythme, il risque même, à la fin de son magistère, de battre tous les records. Depuis son élection, aucune conférence à l’étranger, aucun sommet n’a lieu sans que notre président ne se déplace. Mais, force est de constater qu’il tarde encore à se mettre en valeur sur la scène internationale. Les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ne passaient jamais inaperçus lors des rencontres internationales, ils étaient toujours au premier plan. Avec Macky Sall, parfois on demande s’il était vraiment de la partie. Il se cherche toujours, même sur les photos de famille, on a parfois du mal à voir notre président.
En écrivant cet article, nous nous attendons à des réactions du genre, « un président doit voyager, pour aller chercher de l’argent pour le développement de son pays ». Nous leur répondrons qu’un président n’a pas nécessairement besoin de voyager tout temps pour développer son pays. Il y a des pays, ici même en Afrique où les présidents ne voyagent qu’à de très rares occasions, et ça ne les empêche pas d’avoir des soutiens extérieurs pour se développer.
Le président est-il obligé d’être présent à toutes les réunions internationales ? Ne peut-il pas se faire représenter de temps en temps ? Si c’est le président en personne qui doit aller signer des partenariats, à quoi sert alors d’avoir des ministres ?
Et dire que pendant qu’il passe son temps à voyager, nous, nous sommes toujours chez nous…à attendre que ça bouge. Si ces voyages sont sensés nous apporter de l’argent pour faire bouger les choses, pourquoi après autant de voyages, la situation ne fait que s’empirer ?
Nous aurions bien aimé, pour une question de transparence, que l’Etat communique sur les coûts des voyages présidentiels et leurs apports pour le pays.
Liste des voyages présidentiels effectués depuis l’arrivée de Macky Sall :
1/ Le 15 avril 2012 à Banjul. A son retour de son périple en Gambie, le chef de l’Etat a fait savoir que « le président de la République, son Excellence Professeur Alhadji Sheikh Docteur Yahya JAMMEH a fortement affiché son engagement à contribuer à un retour rapide à la paix définitive en Casamance ; le président JAMMEH a en outre promis d’instruire son Gouvernement pour la réactivation du projet de réalisation d’un pont sur le fleuve Gambie, pont pour lequel un financement est déjà disponible ».
2/ Le 18 avril 2012 à Paris sur invitation du Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy qui sera battu 4 jours seulement après cette visite. Macky Sall revient de ce voyage avec une aide budgétaire de 85 Milliards de F CFA et un accord de partenariat et de coopération militaire, accord qui porte également sur les conditions de séjour des Eléments français au Sénégal (EFS), sur la formation d’officiers dans les grandes écoles militaires et sur la lutte contre le terrorisme.
3/ Le jeudi 26 avril 2012 à Abidjan pour participer au sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation au Mali et en Guinée Bissau.
4/ Le 28 mai 2012 au Royaume d’Arabie Saoudite, visite d’amitié et de travail sur invitation du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, Sa Majesté le Roi Abdallah Ben Abdel Aziz.
5/ Le 6 juin 2012 à Lomé pour la 16ème Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cette rencontre a traité d’importantes questions relatives notamment à la vision de l’UEMOA à l’horizon 2020, à l’initiative régionale sur l’énergie renouvelable, à la sécurité alimentaire et au développement durable ainsi qu’au financement des économies des états membres.
6/ Du 20 au 22 juin 2012 à Rio de Janeiro pour assister à la Conférence des Nations-unies sur le développement durable ( Rio+20) au cours de laquelle il a proposé le concept de « Gouvernance verte », concept qui se veut articulé autour de politiques économiques et sociales équilibrées et soutenues par des technologies et des modes de production écologiquement rationnels.
7/ Du 28 au 29 juin à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) à la 41ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO qui a examiné le rapport intérimaire du Président de la Commission sur l’état de l’Organisation et la situation politique, sécuritaire et économique dans la sous-région, le rapport du Président du Conseil des Ministres et les rapports relatifs à la situation au Mali et en Guinée Bissau.
8/ Du 5 au 10 juillet 2012 à Paris pour une visite officielle à l’invitation du Président François Hollande. Le décaissement de la première tranche de l’aide budgétaire de 130 millions d’euros a été décidé lors de cette visite.
9/ Du 14 au 16 juillet 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie) pour participer au 19ème Sommet de l’Union africaine, précédé, le 14 juillet 2012, du 27ème Sommet du Comité d’Orientation du NEPAD dont il a assuré la présidence des travaux en qualité de Vice-président du NEPAD. Ce Sommet lui a donné l’occasion d’une rencontre avec l’Émir du Koweït, son Altesse Sheikh Sabah Al Ahmed Al Jaber Al Sabah, rencontre au cours de laquelle les deux pays ont signé la Convention de financement, par le Fonds koweïtien, de la Section 3 de la Voie de Dégagement Nord (VDN) Golf-Keur Massar pour un montant de 8 milliards de FCFA.
10/ Le 17 septembre 2012 en République islamique de Mauritanie dans le cadre du raffermissement des liens d’amitié fraternelle qui existent entre les deux pays.
11/ Du lundi 24 septembre au samedi 29 septembre 2012 à New-York pour 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unie. La commémoration, le 26 sepembre, du 10ème anniversaire du naufrage du Joola s’est faite en son absence du territoire national.
12/ Du 12 au 19 octobre 2012 à Kinshasa et à Bruxelles au 14ème Sommet de la Francophonie, à la 7ème Edition des Journées, européennes de Développement, et puis à Abidjan en République sœur de Côte d’Ivoire où il a effectué une visite d’amitié et de travail.
Abdou WALLOU
abdouwallou@hotmail.com